Motorsport Manager débarque enfin sur PC après une première version déjà disponible depuis un moment sur Smartphones et Tablettes. A défaut de licence officielle, SEGA nous offre donc un jeu de gestion de sport automobile proposant 3 catégories inspirées de véritables championnats. Bien sûr, comme vous l’aurez compris, les fans de Formule 1 y trouveront un championnat très proche de celui proposé par la Fédération Internationale de l’ Automobile (FIA). Pour autant, le soft dispose-t-il des éléments nécessaires pour convaincre les aficionados du genre ? Réponse dans notre test de Motorsport Manager sur PC.
Motorsport Manager : La Formule 1 non-officielle
Pour introduire correctement ce test, sachez que son auteur a participé à une cinquantaine de courses automobiles dans le réel (monoplace et berline) et à un certain nombre de séances d’essais (F3, Formule Renault, Euro Nascar, etc.). Nous apporterons donc, aussi, un avis relatif à une certaine expérience des circuits et de leurs “coulisses”.
Commençons donc par le bas de l’échelle. Dans les options, il est possible de choisir un mode “tuto”, qui vous permet de bénéficier de nombreux conseils. Et franchement, vu le nombre important de postes à choisir, mieux vaut suivre les conseils avisés, à moins d’avoir déjà touché au jeu sur Smartphones ou tablettes. Pour commencer, il vous faut choisir un profil de Manager. Ancien pilote, politicien, financier, ingénieur ou outsider, la sélection aura une influence directe sur la gestion de l’équipe. Par exemple, un ancien pilote sera plus à l’aise avec les pilotes officiels, ce qui jouera sur leur moral. Un financier saura attirer d’avantage de sponsors intéressants alors que l’ingénieur fera gagner du temps à son équipe sur le développement de la monoplace, etc.
Côté pilotes, deux titulaires ainsi qu’un pilote de réserve vous sont attribués automatiquement, sachant que vous pourrez très bien les licencier en vue d’accueillir d’autres profils. Un système de notation sur 5 étoiles vous donne une idée des compétences de chacun puis, dans le détail, vous pourrez avoir accès à leur différentes -et nombreuses- qualités et défauts. Point positif, la présence de femmes en grand nombre. Certains regretteront cet aspect-là, finalement peu réaliste compte-tenu de la situation dans le réel. De notre côté, nous préférons applaudir ce parti pris de la part des développeurs, qui va dans le sens de la démocratisation de l’engagement de féminines en sport automobile. Par contre, l’âge de certains pilotes (38 ans et plus) laisse dubitatif alors que nous sommes supposés gérer une écurie engagée dans une formule de promotion. Peu réaliste, pour le coup. Reste la possibilité d’engager des “gamins” dans votre team afin de coller d’avantage au réel.
Bien sûr, le développement de la monoplace est également un point clé du jeu. Vous pouvez, ainsi, commander des nouvelles pièces (ailerons, boite, transmission, moteur, etc.), qui demanderont plus ou moins de jours/semaines avant de pouvoir être mises en fonction.Une fois la pièce installée, vous pourrez en améliorer la performance d’une part et la fiabilité, d’autre part, en choisissant le pilote à privilégier. Vous pourrez ainsi très bien tout miser sur un seul pilote en lui offrant les dernières évolutions et le matériel le plus fiable. Car, vous vous en doutez, tout cela a un prix…
L’argent devra d’ailleurs être géré avec intelligence, car de nombreux postes seront à gérer par ailleurs, comme les infrastructures (tunnel/soufflerie, bureau d’étude, usine, etc.), à améliorer petit à petit, selon l’état des finances, toujours. Mais il est également possible de créer de nouveaux bâtiments, ce qui vous coûtera néanmoins très cher et qui ne sera réalisable qu’après avoir enregistré de bons résultats et récolté les bonus financiers allant avec. Outre la somme allouée au départ, il est possible -et fortement conseillé- de choisir plusieurs sponsors, pour une saison complète ou juste le temps de deux ou trois courses. Là-encore, vous aurez le loisir d’opter pour un versement fixe donné, avant la saison ou la course, ou pour un paiement au résultat. Dès lors, à vous d’atteindre l’objectif fixé par le sponsor sélectionné, afin d’être rémunéré. Mais attention, car en cas d’échecs successifs, vos finances pourront très rapidement virer dans le rouge…
On en arrive à l’aspect politique des choses puisque, comme dans le réel (et nous parlons par expérience de celui-ci, dans l’environnement des circuits F1 ou autres…), vous aurez la possibilité de jouer avec les règles voire, carrément de tricher. Pièces illicites, acceptation de dessous de tables pour voter et faire valider un nouveau règlement, nous sommes bien dans l’empire de l’argent et du business du sport automobile. Réaliste, donc, sur ce point. Attention toutefois car si un contrôle d’après-course révélait votre triche, une pénalité de places pourrait être appliquée. Ce qui arrive de temps en temps, environ 1 fois sur 5 selon notre expérience de jeu.
Pour en revenir aux relations publiques, une boite email vous informe régulièrement des commentaires des fans, des nouveaux règlements à voter, des pièces disponibles, des objectifs sportifs et autres interviews de journalistes. D’ailleurs, selon les réponses apportées aux journalistes, les patrons pourront se montrer plus ou moins satisfaits et, ainsi, accroître la confiance qu’ils vous portent ou, à l’inverse, devenir suspicieux.
Gentleman : start your engine !
Toutefois, nous regretterons l’absence totale de séance de qualifications dans les catégories de promotion. D’autant que la seule et unique séance d’essais libres proposée ne dure qu’une quinzaine de minutes (soit deux ou trois petits runs, grand max). Pour le coup, difficile de ne pas monter au créneau, ce manque de roulage privant le joueur adepte de technique et de réglages d’une bonne partie du plaisir du jeu. Pourquoi avoir fait un tel choix ? D’autant que cela entraîne un autre énorme désagrément, lié à la grille de départ. Sans qualifs, impossible de partir en pole position. Ou presque…En effet, la grille de départ sera constituée en fonction du classement général selon le principe de grille inversée. En gros, si vous êtes 1er du championnat, vous partirez dernier ! Très, très rageant ! Surtout si vous n’avez pas eu le temps d’optimiser vos réglages pour les deux voitures avant la course. Difficile à comprendre, une nouvelle fois. Heureusement, dans la catégorie reine, les choses rentrent dans l’ordre. Ce qui pourrait inciter les joueurs à snober la Formule de promotion, dommage, vraiment.
Néanmoins, en dépit de ces défauts, Motorsport Manager s’avère particulièrement addictif et bien conçu. La gestion du degré d’attaque des pilotes apporte un élément décisif dans le choix des stratégies et offre le loisir au joueur de gérer ses courses de multiples manières. Attaque à outrance, pilotage conservateur ou juste milieu, il est agréable de profiter d’une telle liberté d’action pour l’un ou l’autre des deux pilotes et d’en mesurer immédiatement les conséquences. D’autant que les développeurs nous ont également offert une sélection de pneumatiques totalement inspirée de la réalité avec des couleurs correspondant à chaque mélange de gomme, exactement comme en Formule 1. Et, bien sûr, chaque type de pneu apporte des performances et une endurance différentes, en tenant compte également du circuit parcouru. Ainsi, si une gomme extra-tendre vous donnera satisfaction en Allemagne, rien ne dit qu’elle fonctionnera de la même manière en Italie, à titre d’exemple. D’où l’importance des essais libres et d’effectuer des comparaisons directes entre vos deux pilotes. Vraiment très agréable.
Pendant un arrêt aux stands, la même liberté d’action est offerte au joueur. Prendre plus ou moins de risques au moment de l’arrêt pour gagner quelques secondes au risque d’écoper d’une pénalité, réparer ou non une pièce défectueuse, opter pour des pneus slicks alors que la piste est encore humide (et vice-versa), les résultats se joueront en grande partie aux stands ! Et puisque nous évoquons la gestion de la météo, là-aussi, les développeurs ont fait un beau travail. En effet, avant de choisir un pneu slick, intermédiaire ou “full wet”, vous aurez accès à plusieurs informations. La première vous permet de savoir quel temps il fera, par exemple, dans 6 tours (ce qui peut vous pousser à anticiper une accalmie ou, au contraire, de nouvelles précipitations) tandis que la seconde vous donne la quantité d’eau présente sur la piste. Deux paramètres qui, s’ils sont bien analysés, pourront vous permettre de réaliser de gros “coups” pour, par exemple, signer un doublé (à moins que vous ne choisissiez de ne pas mettre tous vos œufs dans le même panier…) avec une écurie modeste. Jouissif !
Techniquement, ça dit quoi ?
Toutefois, une fois le Grand-Prix terminé, les puristes -la base des clients potentiels d’un soft aussi pointu- remarqueront le barème de points, différent de celui de la F.I.A. Ainsi, dans la catégorie la plus basse, le premier inscrira 20 points, le second, le troisième 18, le quatrième 17, etc. Voilà qui peut s’avérer utile lorsque l’on subit une contre-performance (tous les pilotes classés marquant des points) mais qui gâche un peu la bataille pour le classement général en raison du caractère irréaliste de la chose. Même critique lors du passage aux Asian Series, qui s’indexe, cette-fois, sur le barème utilisé en F1 il y a plusieurs années, avec des points attribués uniquement aux six premiers. Dommage. Bien heureusement, tout rentre dans l’ordre à ce niveau lorsque l’on s’attaque à la catégorie reine.
Et puisque nous évoquons la comparaison avec le véritable championnat du monde de Formule 1, nous pouvons, bien sûr, parler des écuries, dont les noms évoquent assez clairement (du moins dans certains cas, comme Mercedes, Toro Rosso, Ferrari ou Williams) ceux des écuries du réel tout en s’en éloignant visuellement, plus ou moins selon les cas. On regrettera quand même que les développeurs n’aient pas pensé à permettre aux joueurs de changer les noms des pilotes et des équipes, ce qui nous aurait permis de revivre la saison 2016 de F1, par exemple…
Un dernier mot sur les circuits, qui s’éloignent de la réalité tant au niveau de leurs noms (Spa Francorchamps devient le GP des Ardennes, Monza se transforme en GP de Milan…) que de leurs tracés. Du moins, légèrement concernant les circuits, qui restent proches des modèles originaux, avec quelques sections ajoutées ou supprimées, histoire de ne pas s’attirer les foudres de la FIA…Mais rassurez-vous, cela ne gâche en rien le plaisir du jeu.
Les plus
- Interface fonctionnelle et intuitive
- Les courses, qui se vivent avec beaucoup d'intensité
- Les multiples possibilités (développement des monoplaces, améliorations des infrastructures, choix politiques, transferts, etc.)
- Pas de la F1 officielle mais c'est (presque) tout comme
- Vraiment addictif...
Les moins
- ...vraiment addictif !
- Pas de qualifications et peu de roulage en Série de promotion, du moins au début
- Impossible de changer les noms des pilotes et écuries
- Le barème de points en Formules de promotion
- Aucune véritable notion de progression ou d'évolution de carrière
Les notes
Conclusion
S’il ne peut en porter le nom officiel, faute de licence FIA, Motorsport Manager est bel et bien ce qu’il paraît être, une simulation de gestion d’une équipe de Formule 1 (et de GP2/GP3). La partie course en elle-même ne souffre que de quelques défauts mineurs, d’où cet immense plaisir de jeu qui en ressort. Les Grand-Prix fourmillent de détails en matière de gestion, de stratégie et d’anticipation, un pur bonheur pour les aficionados.
En revanche, plusieurs défauts cumulés viennent ternir ce beau tableau. Absence de qualifications et d’essais libres (une seule séance, bien trop courte qui plus est) dans le championnat European Series, impossibilité de modifier les noms des pilotes et écuries pour coller au réel, ou de suivre une réelle évolution de carrière réaliste (on peu débuter dans n’importe quelle équipe de n’importe quelle écurie d’entrée…). Dommage également, le barème de points “de base” (il est possible de rectifier le tir en faisant évoluer le règlement), qui ne s’inspire pas de celui en vigueur dans le réel (European et Asian Series) et l’âge très élevé de certains pilotes engagés dans l’équivalent des GPS Series, championnat réservé aux plus jeunes. Des détails pour puristes, certes, mais ces derniers constituant la base même des joueurs potentiels sur Motorsport Manager, nous nous devions de le signaler.
Pour le reste, doté de graphismes agréables, de musiques inspirées (qui contribue à la tension des courses), d’une interface de jeu fonctionnelle et intuitive et d’un véritable capital ludique, Motorsport Manager est une réussite. Attention cependant car une fois que l’on y a goûté, on se prend à y ouer des heures et des heures, sans voir le temps passer. Addictif, oui, mais aussi très fun, en dépit de ses défauts.