Gran Turismo 7 : Kazunori Yamauchi Reportage

Interview de Kazunori Yamauchi (Gran Turismo) : « Je n’aurais jamais pensé en arriver là »


Il est l’homme derrière la création de la série Gran Turismo. Peu avant la finale mondiale de la Nations Cup, nous avons eu la chance d’interviewer celui sans qui la simulation automobile sur consoles ne serait pas la même, Kazunori Yamauchi.
Une interview réalisée simultanément avec nos confrères, Yeelen Möller d’Autowereld, Michael Krosta de 4Players et Gregor Wildermann.

Quand vous avez sorti le premier jeu Gran Turismo, en 1997, rêviez-vous d’une telle chose, c’est à dire des championnats FIA Gran Turismo ?

Kazunori Yamauchi : Je n’aurais jamais pensé en arriver là (rires). Je ne suis pas le genre de personne qui pense à créer ce genre d’évènement. Je me concentre véritablement sur les problèmes et erreurs apparaissant, et n’aurais véritablement jamais pensé en arriver là un jour.

Habituellement, une marque est très protectrice envers son image. Pourriez-vous nous expliquer comment cela fonctionne entre Polyphony et les marques engagées dans Gran Turismo ?

K.Y : Notre relation avec les constructeurs a toujours été très bonne. Depuis que l’on travaille sur Gran Turismo, nous nous sommes faits de nombreux amis. Même si les marques n’ont pas toujours compris les jeux vidéo, elles sont maintenant sensibles au fait que ces derniers peuvent générer des passions. Il est donc devenu de plus en plus facile de créer des choses avec les constructeurs grâce à cela.

Le Mag Sport Auto : Nous avons eu 90 pilotes qualifiés en Asie, Amérique et en Europe, seulement des hommes. Que voudriez-vous faire pour d’avantage impliquer les femmes dans l’esport ?

K.Y : Nous avons eu plusieurs idées et essayons toujours d’impliquer le plus de monde possible dans l’esport. Mais le problème avec cela est que 99 % des joueurs de Gran Turismo Sport sont des hommes… (rires).

Etes-vous content de la manière dont se déroule l’évènement et quels sont vos plans pour l’année prochaine, afin de le rendre encore meilleur ?

K.Y : Après avoir commencé à parler avec la FIA, il nous a fallu cinq ans pour développer le jeu. Cela fait maintenant un an qu’il est sorti et tous ces évènements en ligne nous amenant à cette grande finale me rendent très heureux. Cependant, je ne suis pas totalement satisfait. Nous voyons beaucoup de choses que nous pouvons améliorer. Mais globalement, je pense que nous sommes en très bonne position. Nous connaissons les points à améliorer et l’an prochain, nous ferons encore mieux.

Récemment, la fédération allemande des sports mécaniques a reconnu le simracing comme un véritable sport. Que pensez-vous de cela ? Le simracing peut-il être partie intégrante des authentiques sports mécaniques ?

K.Y : Je pense que le simracing ne remplacera pas les vrais sports. Nous pouvons coexister et nous aider. Bien sûr, conduire une véritable voiture peut représenter beaucoup d’argent donc ce sport est plus accessible avec le simracing. Mais disons que le virtuel peut représenter une porte d’entrée vers les sports mécaniques.

Comme l’a mentionné Lewis Hamilton [qui était présent sur cette finale de Gran Turismo], conduire sous la pluie est un véritable challenge. Or, on ne peut courir dans ces conditions dans GT Sport, pour quelle raison ?

K.Y : Nous avons travaillé avec des changements météorologiques dans GT5 et 6. Cependant, c’est quelque chose que l’on trouve très difficile à reproduire, surtout compte tenu de l’échelle de temps sur laquelle nous travaillons. Cela prend un certain temps lorsqu’il commence à pleuvoir pour que la piste se mouille réellement. L’échelle de temps sur laquelle on travaille actuellement n’est pas adaptée à des changements climatiques et cela ne rendrait pas le jeu spécialement plus intéressant. C’est quelque chose de trop difficile à ajuster.

Le Mag Sport Auto : Que va-t-il arriver au futur champion ? Allez-vous le suivre, va-t-il devenir ambassadeur Gran Turismo, se plonger dans le vrai sport,… ?

K.Y : Il y a 10 ans, grâce à Gran Turismo, un joueur est devenu pilote professionnel, ce qui était un rêve. Aujourd’hui, je ne sais pas si ce scénario va toujours marcher et si cela pourrait arriver au vainqueur. Mais je pense que ce qui est intéressant, ce sont les pilotes comme Igor Fraga. Il est pilote de kart et aujourd’hui, il prend part et est très concentré sur gagner en virtuel. Il est extrêmement bon en course réelle, et son attitude face au virtuel, son envie de gagner est très intéressante.

Y aura-t-il des prize-money pour les vainqueurs l’an prochain ?

K.Y : Je ne suis pas totalement sûr de ça. La F1 n’offre pas de prize-money, à l’instar des Jeux Olympiques. Avoir des prize-money n’est pas un standard de l’industrie. Mais c’est une chose dont on ne peut pas dire qu’il est mieux de ne pas l’avoir.

Les constructeurs pourraient-ils payer leurs pilotes ?

K.Y : Je ne sais pas quel genre de philosophie les constructeurs pourraient adopter avec cela.

Les sports mécaniques sont un sport d’équipe entre des ingénieurs et des pilote. Or, dans Gran Turismo, un pilote doit gérer ses arrêts, son essence,… Cela peut-il être amené à évoluer ?

K.Y : Je pense qu’amener une sorte d’ingénieur serait fun. Actuellement, les pilotes ont accès à tout un tas d’informations qui leurs permettent de rouler seuls. Ils peuvent savoir qui a quels pneus, quelle quantité d’essence ont les autres pilotes,… Tous ces pilotes conduisent en regardant les autres et en comparaison avec les vrais pilotes, ils peuvent manager toutes ces infos. Mais amener une radio, un ingénieur, est quelque chose que nous avons en tête.

Gran Turismo a déjà l’air parfait. Que souhaiteriez-vous amener de plus sur les prochaines consoles ?

K.Y : Aujourd’hui, nous avons des éléments graphiques qui sont 100 fois plus puissants qu’avant. Si cette progression continue, nous voulons rendre le jeu encore plus proche du réel, encore plus naturel.

Le Mag Sport Auto : Vous vendez une simulation qui se veut au plus proche de la réalité, mais les pilotes peuvent utiliser des caméras sur le pare-choc, le toit ou derrière la voiture. Pourquoi ne pas seulement utiliser une vue intérieure, comme dans une véritable voiture ?

K.Y : Simplement parce que suivant la voiture, vous ne pourrez pas forcément avoir accès aux rétroviseurs. C’est le problème majeur avec l’utilisation des vues intérieures. Et modifier les caméras mènerait le jeu à être moins performant. Les graphismes perdraient en réalité. Les différentes vues actuelles sont le meilleur compromis pour la performance.

Propos recueillis par Sylvain Gauthier, depuis Monaco

Retrouvez toute l’actu et les résultats de la compétition Gran Turismo Sport, à Monaco.

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