Le Mag Jeux High-Tech

Test de The Council The Mad Ones sur PS4: un premier épisode prometteur

Note globale : 76/100
Editeur
Focus Home Interactive
Developpeur
Big Bad Wolf
Supports
Nombre de joueurs
1
Date de sortie
13 février 2018

Dans l’univers des aventures narratives Telltale domine largement, sa série The Walking Dead en tête. Il y a trois ans DONTNOD faisait fort avec un Life is Strange tout en poésie et en émotions. Et dans un genre plus cinématographique, les jeux de Quantic Dream sont de sacrées références. Aujourd’hui se dresse un studio français, Big Bad Wolf, avec un titre pour le moins intriguant : The Council, et son premier épisode sous-titré The Mad Ones.

Dix petits nègres après la Révolution

Avant de rentrer dans le vif du sujet sur ce titre, arrêtons-nous quelques minutes sur son scénario. Nous n’en parlerons que peu afin de préserver le suspens et ne pas vous le spoiler, même si ce premier épisode sert surtout à mettre en place l’intrigue. L’histoire se déroule en 1793. Vous incarnez Louis de Richet, jeune aristocrate français convié sur une petite île au sommet de laquelle trône un imposant manoir. Vous êtes là parce que votre mère, qui est à la tête d’une société secrète, y a disparu.

En arrivant sur l’île vous allez faire la rencontre des autres personnages qui eux aussi ont été invité afin d’y passer un moment. Parmi eux vous reconnaîtrez George Washington ou encore Napoléon Bonaparte. Vous vous rendrez compte très vite que tout le monde cache de bien sombres secrets, surtout le mystérieux Lord Mortimer, le maître des lieux. Qui plus est, vous découvrirez bien vite des indices laissés par votre mère afin que vous compreniez ce qui lui est arrivé.

Un mélange des genres original

Là où des titres comme The Walking Dead ou Beyond Two Souls privilégient les actions contextuelles à réaliser en temps limité, The Council prend le parti de diversifier la chose en incluant un système de classe comme dans les RPG. En effet, peu de temps après votre arrivée sur l’île, vous allez vous présenter et annoncer votre métier. Le joueur pourra donc choisir parmi trois “classes” : diplomate, occultiste et détective.

Chacune de ces classes possède ses capacités propres qui vous permettront de progresser de diverses façons dans l’aventure. Le détective, par exemple, aura des capacités de déduction plus élevées, l’occultiste pourra facilement crocheter des portes et le diplomate aura des connaissances en politique et en étiquette plus développées. L’intérêt de ce système est excellent car il va vous permettre d’aborder des situations de façon différentes et d’accéder à des scènes auxquelles les autres n’auront pas droit (et à fortiori d’en rater d’autres).

Même si l’histoire suit des rails prédéfinis, les chemins pour arriver à la fin de l’épisode peuvent donc varier. Mais en plus de ça, les compétences octroyées par votre choix de classe peuvent être utilisées contre des points d’actions matérialisés par des losanges en bas à droite de l’écran. Plus l’action à effectuer est déterminante, plus elle vous en coûtera. Heureusement, le résultat d’une action réussie est à la hauteur de l’effort qu’on y a mis. Révélations, secrets… Il va falloir être curieux et parfois téméraire pour tirer son épingle du jeu.

Le système de classes et de compétences n’est pas le seul élément de RPG dans The Council. En effet, il est possible de ramasser des consommables à utiliser dans la partie pour vous aider un peu. Alors attention, ce n’est pas du niveau de The Witcher 3 hein, ça reste assez facile. Il y a d’ailleurs 4 consommables direct : un pour recharger quelques points d’action, un autre pour supprimer les effets négatifs qui pèsent sur vous, un troisième pour voir les failles chez vos adversaires et un quatrième qui permet d’utiliser ses compétences sans perdre de point d’action. En plus de cela vous pouvez ramasser des pièces anciennes afin d’établir une collection (qui n’a pas d’autre utilité que de combler votre côté collectionneur pour l’instant) ainsi que des fragments d’ambre qui, une fois qu’ils sont quatre, se transforment en emplacement pour point de compétence supplémentaire.

Ce n’est pas tout, puisque qui dit RPG dit points d’expérience ! Vous cumulerez des points d’expérience à la fin de chaque chapitre dans l’épisode, généralement au moment de vous coucher. Toutes vos actions seront comptabilisées et deviendront de l’expérience. Chaque niveau gagné débloque des points à attribuer dans votre arbre de compétence afin de renforcer celles que vous possédez déjà ou en acquérir de nouvelles. Car oui, même si au début du titre vous choisissez une classe, rien ne vous empêche de débloquer par la suite les compétences d’une autre classe, ce sera juste un peu plus long. Mais pour vous aider, sachez qu’en plus de l’XP vous pourrez lire un livre (si vous en avez trouver un) qui vous octroiera un point de compétence spécifique supplémentaire. A vous de bien choisir lequel !

Un gameplay unique

Restons encore un peu sur le côté RPG du jeu avec les traits, qui sont différents des compétences. En effet, selon vos actions vous allez débloquer des traits de personnalités qui vous accorderont bonus ou malus. Au nombre de 45, ils se déverrouillent au fur et à mesure et peuvent s’avérer d’une grande aide. Mis à part ça, le jeu se joue comme un jeu narratif qu’il est, pas d’action effrénée ni de fusillades, ici tout est posé et réfléchi. D’ailleurs il faudra bien réfléchir lors des phases de confrontation avec certains personnages si vous voulez les amener à se confier.

Dans ce système déjà aperçu dans le récent Life is Strange : Before the Storm, vous allez devoir convaincre votre interlocuteur de dire/faire quelque chose qu’il ne voulait pas de prime abord. Pour cela vous allez devoir gagner des joutes verbales en choisissant le bon argument au bon moment. Vous pouvez aussi utiliser vos compétences afin d’utiliser vos talents pour forcer un peu les choses SAUF QUE. Oui, sauf que chaque personnage du jeu a ses faiblesses et ses immunités. Ainsi certains seront vulnérables à la psychologie tandis que d’autres y seront totalement imperméables.

Il est donc très important de consulter régulièrement les fiches des personnages afin de vous souvenir à quoi ils sont vulnérables/immunisés. Mais ce n’est pas si facile ! Pour découvrir leurs forces et leurs faiblesses, il faudra leur parler un peu avant et, en fonction de la tournure de votre discussion, vous découvrirez (peut-être) ces fameux traits… Sinon, c’est au petit bonheur la chance, au risque de braquer complètement un personnage avec une réplique malencontreuse ! Et pas de retour en arrière possible !

Une ambiance bien posée

Graphiquement le jeu fait un travail plutôt bon notamment sur le faciès des personnages. Je pense que la vieille tête ridée et surmaquillée de Sir Gregory Holm en fera cauchemarder plus d’un(e). Tout comme le décolleté de Miss Hillsborrow en fera rêver plus d’un(e) ! Les personnages présents avec vous sur l’île ont vraiment la tête de l’emploi et du coup le joueur prend vite ses marques et repère qui est qui avec aisance. Qui dit manoir dit personnel pour l’entretenir : pour éviter des parasites visuels et que le joueur confonde laquais et personnage, les serviteurs portent tous des masques en mode Eyes Wide Shut. Comme ça, les seules têtes que voit le joueur sont celles des personnages principaux.

Le manoir en lui-même (pour l’instant, avec les quais du début, c’est le seul lieu du jeu) est également bien fichu : il regorge de véritables tableaux, des classiques que l’on a pu voir dans d’autres œuvres, notamment cinématographique. Il est gigantesque, chaque invité a sa propre chambre, Lord Mortimer a même un étage complet. On s’y déplace facilement surtout que la plupart des pièces sont fermées afin que vous ne puissiez pas vous disperser. D’ailleurs votre personnage vous rappellera à l’ordre si vous allez là où il ne faut pas.

Là où on peut émettre un petit bémol c’est sur notre personnage d’ailleurs. Louis de Richet est, à mon goût, le personnage le moins charismatique de la bande. Que ce soit dans son attitude ou son phrasé, il ne dégage grand-chose et on a un peu de mal à s’y attacher. C’est dommage quand on sait qu’on va théoriquement le suivre pendant 5 épisodes… Pareil pour les doublages, et là c’est pour tout le monde : ils sont en anglais. Bon ce n’est pas un problème du tout hein, surtout avec les sous-titres en français mais bon… Un jeu issu d’un studio français, avec un doublage où l’accent français est si prononcé, aurait mérité une petite VF des familles. Bon après c’est un premier jeu, on peut se dire que le budget n’y était pas, mais du coup c’est à mettre au rang des regrets.

Mis à part ça ce premier épisode se parcourt avec une curiosité grandissante : d’une part pour le scénario qui sait poser des bases plutôt solides pour la suite et d’autre part pour ce jeu au concept hybride. Et le moins qu’on puisse dire c’est que la sauce prend. On se surprend à faire le tour complet des lieux qui nous sont accessibles afin de faire le plein de consommables. On lit avec attention les profils des personnages afin de savoir comment leur faire cracher leurs plus sombres secrets. On essaye de prendre les meilleures décisions sur le moment, même si on sait qu’on se ferme des possibilités. Du coup, le jeu propose trois slots de sauvegarde et trois classes différentes et c’est très tentant de commencer une partie avec une classe par slot. Et de faire des choix différents de l’une à l’autre. Et faire ses trois parties à chaque fois qu’un nouvel épisode sort. Bref, on peut dire que The Mad Ones a posé des bases solides pour une aventure qui s’annonce palpitante et dont on attend déjà la suite avec impatience !

Les plus

  • Un mélange narration/RPG bien pensé
  • Une ambiance baroque unique
  • Des personnages marqués
  • On veut la suite !

Les moins

  • Un héros qui manque de charisme
  • Pas de statistiques sur les choix des autres joueurs
  • Pas de VF

Les notes

Graphismes
78/100
Bande-son
68/100
Prise en main
76/100
Plaisir de jeu
86/100
Durée de vie
74/100

Conclusion

The Council épisode 1 The Mad Ones réussi à surprendre sur bien des niveaux. Que ce soit sa direction artistique, son mélange des genres ou son scénario, il suscite une grande curiosité. Curiosité avec laquelle on parcourt l’aventure à la découvertes des secrets de ce manoir et de ce gameplay unique. Le fait de se voir fermer des possibilités juste à cause du choix de la classe au départ donne envie de relancer une partie en prenant une autre voie, et ça c’est un signe qui ne trompe pas. On espère que Big Bad Wolf livrera les quatre épisodes suivants avec autant de brio afin que nous n’ayons pas l’impression de s’être fourvoyé.

Essai transformé
76/100
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