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Interview exclusive de Julien Fébreau, doubleur de luxe dans Transformers !

Doublage Transformers Julien Fébeau interview

Le 23 octobre prochain sort au cinéma Transformers : le commencement. Ce film d’animation raconte comment Optimus Prime et Megatron sont passés d’amis et à ennemis. Pour la VF, le casting vocal contient une petite surprise : Julien Fébreau ! Le célèbre commentateur de la F1 sur Canal+ a prêté sa voix… à un commentateur de course de Transformers. Nous avons eu la chance de pouvoir interview la voix la plus célèbre de Canal+ au sujet de cette expérience inédite. Découvrez cet échange exclusif sans plus attendre :

Julien Fébreau “j’ai une affection particulière pour Transformers”.

Le Mag Jeux High Tech : Quel est votre avis sur cette première expérience de doublage au cinéma ?
Julien Fébreau : Franchement génial ! J’étais tellement touché et excité à l’idée de participer à ce projet. C’est un souvenir incroyable et une opportunité géniale de pouvoir à la fois comme expérience de doublage cinématographique et de pouvoir vivre l’aventure Transformers. C’est une franchise hors-normes et, même si ce n’est qu’une petite participation, de pouvoir faire partie de cette aventure. Je suis extrêmement heureux et touché d’avoir pu vivre cette expérience.

Le Mag Jeux High Tech : Quel était votre lien avec la licence Transformers ?
Julien Fébreau : J’avais un lien comme des millions de gens, à savoir celui d’un fan de la saga. D’abord, avant même d’aimer la série de films, un enfant qui a joué avec des Transformers. J’ai manipulé bon nombre de Transformers et fait des courses il y a une quarantaine d’années de cela, dans ma chambre sous mon lit, où avant même le Tunnel de Monaco il y avait un tunnel dans lequel je faisais mes courses de Transformers. J’ai forcément une affection particulière pour les jouets mais aussi pour les films au cinéma. Donc j’étais d’autant plus surpris de cette expérience. Je trouve ça dingue que cela puisse m’arriver à moi.

Le Mag Jeux High Tech : Est-ce qu’il y a des différences notables entre le fait de doubler dans un jeu vidéo et dans un film d’animation ?
Julien Fébreau : La différence principale c’est la rythmique et le timing. C’est-à-dire que dans le jeu vidéo on a une case à respecter mais on est plus libre dedans. Dans le film, même sans synchronisation labiale, on a une barre rouge (bande rythmique, ndlr) à respecter dans laquelle passent les mots à prononcer. Il faut réussir à respecter scrupuleusement cette rythmique. Malgré cela il faut réussir à proposer un commentaire spontané. Une fois que l’on parvient à se détacher de l’obligation de respecter la bande rythmique, il faut être le plus naturel possible, tel que le ferait un commentateur puisque c’est le rôle que j’ai dans ce film Transformers.

Le Mag Jeux High Tech : Qu’est-ce qui a été le plus difficile pour vous dans cette expérience ? Vous caler sur la bande rythmique ou autre chose ?
Julien Fébreau : Oui c’était d’abord de ce caler sur cette bande rythmique. Après, j’avais aussi l’appréhension car c’était une première dans l’univers du cinéma. C’est un univers qui fait rêver mais c’est aussi un univers qui implique beaucoup de corps de métiers. Quand on voit le générique d’un film comme Transformers on réalise le nombre de personnes impliquées dans un tel projet. Alors, on se dit « j’ai envie d’être à la hauteur des gens qui me font confiance sur cette expérience. » C’est une appréhension qui s’est vite envolée car j’ai été accueilli formidablement bien. J’ai pu m’exercer et sur la fin des enregistrements, j’ai pu refaire des prises car j’étais beaucoup plus à l’aise pour refaire certaines phrases. De moi-même j’ai demandé à refaire les premières phrases. Quand je les ai réécoutées elles sonnaient beaucoup mieux. C’est comme tout, il faut s’échauffer et s’entraîner et après faire confiance au texte et aux images. Honnêtement, les images elles nous portent beaucoup aussi. La seule contrainte technique, c’était cette bande rythmique à respecter.

« Mais accélère, accélère !! »

Le Mag Jeux High Tech : Quel est l’exercice le plus délicat : commentaire un GP de F1 ou doubler un personnage dans un film d’animation ?
Julien Fébreau : (rires). Je ne dirais pas délicat. Evidemment, là où j’ai le plus d’habitudes c’est la Formule 1 vu que j’en suis à pas loin de 400 Grands Prix. Donc, forcément, je n’ai pas le même niveau d’expérience dans le commentaire et le doublage. J’y suis allé avec beaucoup de prudence et surtout le besoin et l’envie d’écouter ce qu’on me disait et de m’appuyer sur les personnes présentes dont c’est le métier. Ces personnes ont su super bien guidé en me disant « là vas-y lâche toi tu peux y aller » ou bien « ta phrase peut plus tomber ou plus monter. » J’ai été très bien conseillé donc cela m’ai aidé à me lâcher. C’est vrai que finalement j’ai passé un super bon moment. Il n’y a rien eu de délicat mais c’est évident que l’approche n’est pas la même et elle était humble.

Le Mag Jeux High Tech : Auriez-vous envie de le refaire ?
Julien Fébreau : Ah oui oui ! Absolument ! Avec beaucoup de plaisir ! Parce que c’est passionnant. C’est impressionnant de voir toute la somme d’énergie et de compétences qu’il faut mettre au service d’un film. Aussi, le travail de la voix ça me passionne. J’ai eu ma carrière en radio où l’on doit faire passer toutes les émotions par la voix. Aujourd’hui je travaille en télévision donc évidemment la puissance de l’image est formidable. Et là, d’à nouveau pouvoir travailler sur ma voix et de trouver la manière de faire passer les émotions par la voix, c’était formidable. Tout ça en addition des images qui sont vraiment incroyables dans ce film Transformers. Donc oui, j’aimerais avoir une nouvelle expérience similaire, si cela peut se produire un jour, ce serait formidable.

Le Mag Jeux High Tech : Quel acteur aimeriez-vous doubler ? Ou dans quelle licence aimeriez-vous doubler ?
Julien Fébreau : J’adorerais continuer avec la franchise Transformers. Car, je pense que les courses, en tout cas celles qui seront à découvrir dans le film, le 23 octobre prochain, sont très spectaculaires ! Sinon, il faudrait un film qui mélange Transformers et les courses spécifiquement. J’aimerais beaucoup avoir un rôle à jouer dans cet univers là. Mais, je pense que c’est bien que cela se rattache à des éléments que je connais : courses, compétitions et confrontations. C’est quelque chose que j’adore donc si j’ai d’autres opportunités sur la franchise Transformers je serais ravi d’y trouver une petite place. L’appel est lancé !

Le Mag Jeux High Tech : S’il y a un nouveau Cars chez Disney, pourquoi pas alors ?
Julien Fébreau : Pourquoi pas oui, si ça touche aux voitures ce sera avec plaisir !

Le Mag Jeux High Tech : Désormais les voix françaises sont connues et reconnues. Donald Reignoux par exemple au cinéma, vous en tant que commentateur, pensez-vous que la place des doubleurs et leur appréciation par le public a changé ces dernières années ?
Julien Fébreau : Je ne suis sûrement pas assez cinéphile pour avoir un jugement d’une grande valeur. Ce que je mesure, c’est qu’aujourd’hui, quand je regarde un film en VF et bien les émotions passent ! J’ai autant de plaisir à regarder un film en VF qu’un film en VO s’il s’agit d’un film américain ou autre. Mais effectivement, on a des comédiens dont c’est le métier, moi ce n’est pas le cas je le précise, on a des comédiens exceptionnels ! Pour moi, les comédiens de doublages sont avant tout des comédiens points. Alors ils font du doublage mais ce sont d’excellents comédiens. Et nous avons des voix extraordinaires en France. Mais des voix sans le talent du comédien, je ne pense pas que cela suffirait. Aujourd’hui en France, les plus grandes voix de doublages que l’on a sont évidemment des « voix signatures » mais ça marche car ce sont de vrais comédiens. Je ne rentre pas du tout dans cette catégorie et je ne m’y place pas. Mais oui, on a des comédiens fantastiques en France ! Ça rend les films qualitatifs. Là où je ne suis pas capable de juger c’est s’il y a 20 ans ou 30 ans les comédiens étaient moins bons ou leurs voix étaient moins bonnes. Vous savez, je suis un spectateur lambda qui va au cinéma et se pose pour passer un bon moment. Mon seul jugement c’est « est-ce que je suis touché ou pas parce le film que je vois ? » Aujourd’hui, quand je vais voir un film doublé en français, l’émotion est au rendez-vous et donc c’est que ça passe très bien quoi !

Le Mag Jeux High Tech : Cela fait plusieurs fois que vous me parlez de l’émotion dans la voix. Chez vous, est-ce quelque chose d’inné ou que vous avez travaillé ?
Julien Fébreau : C’est inné ! Et je ne pense pas que ce soit quelque chose que l’on puisse travailler. En tout cas pour moi, une émotion c’est, par essence, quelque chose de spontané. C’est quelque chose que l’on subi, on a pas décidé d’être touché par ce que l’on est en train de vivre. Donc, c’est quelque chose que l’on ne maîtrise pas, que l’on reçoit sans le décider. Donc, effectivement, j’ai besoin d’être touché par ce que je vois sur la piste pour pouvoir, dans mon commentaire, être passionné, m’enflammer et faire passer des émotions. Et c’est exactement ce qui s’est passé avec le doublage de Transformers ! C’est que j’ai vraiment pris une claque en découvrant les images. Volontairement, on ne m’avait pas montré les images avant, on voulait garder cette fraîcheur de la découverte du film et j’ai pris une énorme claque ! Ce qui fait que quand j’étais derrière le micro, j’avais une énergie, une patate incroyable, parce que je venais de voir la séquence en V.O… et la scène de course elle est extraordinaire. Quand je me suis mis derrière le micro j’étais dans la même énergie que je peux avoir lors d’un grand prix, dans une action de dépassement, sur un départ. Donc, encore une fois, je me suis vraiment fait confiance là-dessus en me disant « de toute façon tu vas être marqué par ce que tu vois donc laisse toi porter par ce que tu vois à l’image ! ». C’est tellement puissant que je n’ai pas beaucoup de mérite entre guillemets, je me suis simplement laissé porter par la séquence et je me suis enflammé parce que cela méritait de s’enflammer.

Un grand merci à Julien Fébreau pour le temps accordé avant le Grand Prix de F1 de Singapour et à Sabine de Paramount pour avoir rendu cet échange possible.

Article publié le 27/09/2024 à 5h50

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