Test de 11-11 Memories Retold, une fresque captivante de la Première Guerre Mondiale !
- Editeur:Namco Bandai
- Developpeur:DigixArt
- Supports:PS4, Xbox One
- Genres:action/aventure
- Nombre de joueurs:1
- Date de sortie:9 novembre 2018
Depuis 2014, on commémore le centenaire de la Première Guerre Mondiale. D’ailleurs, il y a 4 ans, Ubisoft nous gratifiait d’une fable touchante et mémorable avec Soldats Inconnus : Mémoire de la Grande Guerre. Un jeu qui vient de ressortir sur Nintendo Switch et qui n’a rien perdu de sa superbe. Mais, en dehors d’un Battlefield 1 en 2016, l’industrie du jeu vidéo n’a pas souhaité surfer sur la vague « Mission Centenaire ». En dehors de quelques jeux PC (souvent orientés online), il n’y a rien à se mettre sous la dent. Yoan Fanise, concepteur de Soldats Inconnus, revient pour notre grand plaisir avec 11-11 Memories Retold. Ce jeu était donc attendu au tournant. Mais, marquera-t-il le Centenaire de l’Armistice de son emprunte ? La réponse avec notre test.
11-11 Memories Retold, destins croisés dans les tranchés.</h2
Une fois d plus Yoan Fanise, concepteur de Soldats Inconnus, nous emmène pour un voyage vidéoludique durant la Première Guerre Mondiale. Désormais, le français travaille de manière indépendante avec son propre studio (DigixArt). Son nouveau jeu est développé en collaboration avec le studio Aardman Animations (Wallace et Gromit, Souris City, Shaun le Mouton…). Le tout, édité par Namco Bandai grâce à qui l’on a des versions boîte du jeu. Preuve que le titre a de l’ambition. Comme pour Soldats Inconnus, l’ambition de nous raconter une histoire. Celle de deux personnes qui vont débarquer en plein conflit, en pleine « der des ders ».
Ici, on incarne Harry (doublé par Elijah Wood), un photographe canadien qui va se retrouver à suivre un Major sur le front. Et, Kurt, un ouvrier allemand qui décide de rejoindre le front pour retrouver son fils, soldat. Un « allié » et un « ennemi » donc, mais deux hommes avant tout. Ainsi, comme dans le jeu développé chez Ubisoft, on retrouve une certaine dualité mais une mise en avant de l’humain. Amusant, car à une lettre près, le héros allemand des deux jeux avait le même prénom (Karl en 2014, Kurt en 2018). Ici, l’opposition entre les personnages est plus frontale. Les liens entre eux se développent au cours de l’aventure et, surtout, nos choix ont un impact direct sur la fin de ce 11-11 Memories Retold. Difficile d’en dire plus sans spoiler, mais avec 6 fins à déverrouiller, cela vous laisse imaginer que nos choix auront vraiment des conséquences. Même en voulant bien faire, on peut aboutir à une catastrophe. Des choix dans nos correspondances. Les lettres envoyées par Kurt vous demanderont de réfléchir à l’orientation de vos écrits pour votre fille de 8 ans. De même, Harry devra bien choisir ses photos s’il veut marquer l’esprit de sa douce.
En tout cas, DigixArt a su nous offrir une aventure vraiment captivante, vraiment prenante. Un jeu où l’on veut connaitre la suite et où l’on arrive vite à s’attacher aux personnages. Pourtant, avec 4h de jeu au compteur, c’est souvent l’inverse. Preuve de la qualité du scénario et de l’écriture. Avec la chasse aux collectibles, et l’envie de voir toutes les fins, il y a de quoi offrir une certaine rejouabilité au titre. Un bon point afin de rester un peu plus en compagnie de Kurt et de Harry. Ou même d’un chat et d’un pigeon (après le chien de Soldats Inconnus). Un premier DLC caritatif a été proposé, espérons un autre qui pourrait être centré sur Max, le fils de Kurt par exemple.
A l’inverse du jeu développé pour Ubisoft, Yoan Fanise et son équipe ont voulu faire quelque chose de plus « mature » et encore plus réaliste. Ainsi, on voit bien plus que la Première Guerre Mondiale était une guerre de position où les combats pouvaient être rares mais si sanglants. De même, on découvrira la vie des soldats au front, à l’arrière ou même quand ils retrouvent leurs familles. Des thèmes intéressants et assez bien abordés dans le jeu. Une façon de se démarquer et de faire, encore un peu plus, de 11-11 Memories Retold une œuvre marquante.
Une œuvre d’art vidéoludique.
Tout comme pour Soldats Inconnus, le style visuel de ce 11-11 Memories Retold va marquer les esprits. Outre un petit coté impressionniste, le style visuel lorgne surtout sur la gouache ou l’aquarelle. Un style qui contraste clairement avec ce qui se fait dans le monde du jeu vidéo. De quoi donner une approche « floue » des personnages. Un peu comme si on ne pouvait pas distinguer les visages des PNJ, comme dans un rêve au final. Ou une sorte de cauchemar où tout le monde pourrait être à la place des personnages que l’on croise dans le jeu. Une réalité en somme. La Guerre tue, blesse, détruit, change les hommes, les paysages et les sociétés. Et, à ces moments-là, tout le monde peut se retrouver à la place du mort ou du chanceux. 11-11 Memories Retold est une sorte d’allégorie de la Première Guerre Mondiale avec son style visuel propre. Une réussite en somme. A propos de Somme, on voyagera dans le jeu de DigixArt ! Somme, Verdun, village allemand, cote française, camp de prisonniers… Il y a une large palette de lieux et d’actions à découvrir. Le tout, subjugué par le style visuel. Même si, parfois, le style visuel peut être gênant pour la lisibilité, notamment lors de la recherche des collectibles.
Du coté des ambiances sonores, là-aussi 11-11 Memories Retold fait un très bon boulot. Chaque niveau, chaque séquence, a sa propre identité sonore. Ainsi, l’aspect dramatique se met encore plus facilement en place. De plus, les musiques d’Olivier Derivière font aussi beaucoup. Peut-être un peu trop répétitives, ou en fait trop prononcées du style de leur compositeur. Mais, elles sont de qualité. Une fois de plus, Olivier Derivière (Obscure, Alone in the Dark, Get Even, Vampyr,…) met en avant son talent pour l’aspect dramatique dans les musiques, ainsi que pour la mélancolie. Idéal pour le jeu de DigixArt. Enfin, les doubleurs (Elijah Wood et Sebastian Koch) font un excellent travail. On sent très bien dans la voix de Kurt, l’évolution de ses émotions et sa détermination. Pour Harry, l’évolution du personnage est claire et limpide dans la voix d’Elijah Wood. Un travail remarquable. Bon, on aurait apprécié avoir des doublages français mais, on aurait sûrement perdu en intensité et en émotion. Soit, le gros point fort de cette V.O.
Pour le gameplay, rien de bien novateur par contre. Un jeu à la 3e personne facile à prendre en mains et assez classique. Nos deux héros possèdent leurs propres compétences. Ainsi, Kurt peut réparer les objets électriques quand Harry peut prendre tout et rien en photo. Des photos qui seront automatiquement sauvegardées sur votre console ! Une bonne idée. Mais, comme à l’époque, ces photos sont en nombre limité (16 par niveau). Il faudra donc, là aussi, faire des choix. Car, dans 11-11 Memories Retold, il y a beaucoup de choses de la vie quotidienne d’un soldat à prendre en photo. Une expérience très intéressante mise en avant par un gameplay agréable et facile à appréhender. Juste, dommage de ne pouvoir faire bouger Harry quand on veut prendre une photo. De plus, l’aventure compte plus que l’activité de jeu. Comme dans de nombreux jeux dits « narratifs », le jeu est facile. Même les mini-jeux sont très simples.
Enfin, techniquement parlant, 11-11 Memories Retold est un bon jeu également. Certes, quelques petits accrocs peuvent pointer le bout de leur nez, mais rien de catastrophique. En dehors d’un collectible qui disparait, nous n’avons rien rencontré de bien négatif. Pas de gros bugs ou de crash. Non, franchement, tout semble bien huilé dans ce jeu.
- L’histoire…
- … et ses 6 fins
- Prenant et captivant
- Un style visuel unique
- La BO d’ Olivier Derivière
- Les doublages de Kurt et Harry
- La variété des lieux
- Quelques passages moins lisibles à cause du style visuel
- On en voudrait encore plus !
- Assez facile
Au final, la deuxième création de Yoan Fanise sur la Première Guerre Mondiale, est une nouvelle réussite. Si, des points communs avec Soldats Inconnus sont bien visibles, les deux jeux possèdent vraiment deux identités propres. 11-11 Memories Retold est plus soutenu, plus mature et plus influencé par nos actions. De même, la guerre y fait plus noire, plus intransigeante que dans le jeu d’Ubisoft. Et puis, le style visuel est clairement atypique. Une vraie marque de fabrique. Un point qui freinera peut-être quelques joueurs. Mais, la qualité de l’aventure est telle qu’on arrive facilement à passer outre cet aspect original et, peut-être, dérangeant pour certains joueurs. DigixArt et Aardman nous offrent une vraie pépite qui tombe au meilleur moment, la célébration du Centenaire de l’Armistice de 1918. Dès lors que l’on aime les jeux atypiques, les aventures narratives et les jeux basés sur les émotions, ce 11-11 Memories Retold devient un incontournable !