TEST : Abzû sort des abîmes (PS4)

Par Simon Delporte , le 22 février 2017 , mis à jour le 22 février 2017 - 5 minutes de lecture

Abzû est sorti en août dernier sur les plateformes de vente en ligne (PSN, XBLA, Steam…). Il a eu les honneurs d’une sortie boîte sur Playstation 4. Assez surprenant pour qu’on ait envie d’enfiler son scaphandre et de plonger découvrir ce qui se cache derrière ce jeu. Attention, plongée en eaux douces en vue !

90 minutes chrono

Abzû PS4Abzû est le premier jeu du studio Giant Squid, fondé par un certain Matt Nava. Cet homme fut le directeur artistique de jeux comme Journey ou Flower. Des jeux poétiques et uniques qui ont su marquer le paysage vidéoludique lors de leurs sorties sur Playstation 3. Ils avaient eu le droit à une sortie boîte également, par la suite, mais dans la compilation des jeux thatgamecompany. On y retrouvait Flower, Journey et Flow. Ici, 505 Games a fait le pari de sortir une version boîte pour Abzû seulement. Vendu à 19,99€ en prix minimum, cette plongée semble tout simplement grandiose. Mais attention ! Qui dit jeu atypique dit risque élevé de ne pas accrocher.

Et comment dire qu’il faudra vraiment adhérer au concept et au style du titre pour espérer l’apprécier un minimum. On est loin de ces jeux que l’on peut trouver sympathiques, ou « mauvais mais avec un petit quelque chose qui accroche ». Ici, on est face à un réel « OVNI » (Objet Vidéoludique Non Identifié). En effet, dans Abzû vous incarnez une nageuse et vous devez avancer dans les niveaux du jeu. A la fin vous découvrirez le secret d’Abzû et cela vous amènera à une certaine réflexion sur la liberté… ou pas. Une aventure on ne peut plus contemplative et linéaire. Avancer, son réel but, en suivant un petit robot lumineux. Voilà ce qui vous attend dans cette aventure vidéoludique. Vous arriverez vite au bout de cette ballade sous-marine. En effet, le jeu se termine en 90 minutes (1 heure 30) environ. Moins pour certains, plus pour d’autres poussés par la volonté de trouver tous les objets cachés du jeu. C’est tout. Il n’y a rien à faire si ce n’est avancer, regarder, apprécier l’univers sous-marin, et terminer cette très courte promenade.

L’aventure est très très épurée donc, à tous les niveaux. Les développeurs voulaient offrir un jeu « plein de vie » et une « expérience magique exceptionnelle ». S’il est vrai que cette plongée est assez unique et prenante (même si l’on se demande toujours quand démarre vraiment le jeu et ce qu’il faut faire), la vie sous-marine est plus active et vivante dans un magasin Animalis… On peut apprécier contempler quelques minutes le monde sous-marin créé par les développeurs, mais difficile de s’y attarder ou d’avoir l’impression d’y être. Le jeu manque cruellement d’une atmosphère plus poussée, plus détaillée, plus énigmatique et avec plus d’objectifs. Une telle aventure aurait pu nous amener à découvrir certains mystères, à explorer des tas de lieux sous-marins, à nous faire rêver, … c’est même la promesse implicite de la jaquette du jeu : « rejoindre le monde sous-marin et y faire des découvertes », mais que nenni ! Une déception en somme. Au final, l’aventure proposée est courte, monotone et sans réelle surprise.

Le petit bleu

Graphiquement, Abzû s’en tire mieux. En tant qu’OVNI, le jeu n’ira pas chercher le réalisme et à en mettre plein la vue. Mais il faut bien avouer que le style visuel est artistiquement magnifique. Des tas de nuances de bleu, et un monde coloré par les différentes espèces de poissons et de coraux. Les différents tableaux sont de qualité, fournis et parfois envoûtants de beauté. D’où certains points de « méditation » pour se délecter du « paysage ». Pas de doute que la pâte du jeu se reconnaît tout de suite et que l’héritage de Journey est bel et bien là. Notons l’absence de HUD (Head-up Display, affichage tête haute) qui renforce l’aspect « atypique » du jeu et qui est là pour tenter de renforcer l’immersion du joueur.

Techniquement on nage en plein dans le gros point noir du jeu. Malgré des niveaux courts et pas si grands, les chargements sont longs… parfois très longs. Et ce n’est pas aidé par le fait qu’ils arrivent de manière parfois très brutale. On nage paisiblement avec  Mr Requin et là, paf ! Chargement ! Le temps d’une bonne partie de Disney Emoji Blitz avec Nemo et c’est reparti. C’est un gros point noir qui casse un peu l’aventure et son charme. On revient sur terre et on se coupe d’une plongée qui aurait pu, peut-être, se faire d’une traite (ou en 2/3 parties entrecoupées de chargements). Dommage.

La bande son est signée Austin Wintory. Le même compositeur que pour Journey, Flow ou encore Assassin’s Creed Syndicate. Son travail va encore faire parler de lui, même si contrairement à Journey il n’a pas reçu de prix (pour le moment) pour la bande-son d’Abzû. Il faut dire que si les accords sont justes vis-à-vis de l’aventure, ils peinent à transporter le joueur d’émotions. Par quelques rares moments on se rapproche même d’une musique d’ascenseur, haut de gamme et de grande qualité certes, mais une musique pour « patienter ». Néanmoins, le ton reste juste et l’utilisation des chœurs ou des harpes est parfois très judicieux. Enfin, les bruitages du jeu collent bien à l’aventure paisible qu’est celle proposée par Abzû.

 

 

Simon Delporte

Passionné de jeux vidéo, de sports mécaniques et rédacteur web depuis 10 ans.

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