Test de Gran Turismo Sport, prologue ou nouvelle orientation ?
20 ans de Gran Turismo, ce n’est pas rien ! Avec Need For Speed il s’agit de la licence de courses automobiles la plus populaire. Alors que la Playstation 4 va bientôt fêter ses 4 ans (déjà!) elle accueille enfin son tout premier Gran Turismo. C’est la troisième simulation automobile à sortir après Project Cars 2 et Forza Motorsport 7. Avec ce Gran Turismo Sport, Polyphony Digital veut relancer sa série et proposer une orientation différente. Mais, est-ce la bonne équation ? La réponse avec notre test !
Gran Turismo Sport, ô voitures mon amour.
S’il y a bien quelque chose qui transpire chez Kazunori Yamauchi c’est l’amour des voitures. Beaucoup de studios qui développement des jeux de courses automobiles sont composés de gens qui n’y connaissent pas grand chose dans le sport auto sur lequel il travaille ou qui aime « juste bien », les voitures. Bien sûr, dans chaque studio (Turn10, SMS, EA Ghost Games, Kylotonn…) on trouvera des amoureux de l’automobile. Mais, chez Polyphony Digital on a l’impression que chaque développeur écrit une lettre d’amour aux voitures. Avec, en tête, le créateur de la série Gran Turismo, Kazunori Yamauchi. Et, ce Gran Turismo Sport reflète cet amour de l’automobile. Si, il y a 6 fois moins de voitures que dans un Forza Motorsport 7, ou deux fois moins de voitures que dans un Forza Horizon 3, leur réalisation et leur mise en avant est ahurissante et plus poussée qu’ailleurs.
Ainsi, on va aborder, une fois n’est pas coutume, directement la partie graphique du jeu. Qu’il s’agisse de voitures existantes ou de voitures inventées pour Gran Turismo Sport, chaque auto est modélisée avec un grand soin et un sens du détail extrême. Phares, cockpit, plastiques, pneus, détails de carrosserie, reflets, … tout est modélisé avec un soin épatant. Pourtant, quand on regarde dans l’ensemble, un jeu comme Forza Motorsport 7 semble plus beau, plus chatoyant. Mais, en y regardant de plus près, on se rend compte de la précision dans la modélisation de chaque véhicule. Les effets de lumières, d’ombres, de textures, les distances d’affichage, … Tout est fait pour mettre en valeur les jouets à quatre roues qui seront à votre disposition dans Gran Turismo Sport.
De même, les terrains de jeu proposés dans le titre sont superbes ! Si, malheureusement, on notera seulement 6 circuits réels (Interlagos, Brands Hatch, Bathurst, Suzuka, Willow Springs et le Nüburgring), les circuits fictifs font très réalistes et proposent des spécificités en lien avec le pays, ou le type de courses qu’on peut y disputer. Un très bon point. Bon, les circuits terre… c’est autre chose, mais nous y reviendront dans la partie « rallye » de notre test. Les animations autour du circuit sont d’une grande qualité. Feux d’artifice, foule en délire, parade aérienne… c’est vivant et, parfois, éblouissant. Aussi, les arrêts au stand sont très bien réalisés. Certes, ils sont très scriptés mais sont d’une grande qualité.
Et puis… il y a ce mode photo «environnements ». Le concept ? Prendre une voiture virtuelle et la mettre dans un univers réel ! Le résultat est ahurissant, spectaculaire, magique. On peut y passer tellement de temps que cela aurait pu être un jeu à part entière. Que vous soyez novice de la photo ou adepte des techniques photographiques, il est vraiment simple d’obtenir des résultats juste splendides ! Idéal pour faire croire à des amis que vous venez d’acheter une Mitsubishi Lancer ou une Apha Rome 4C…
Seul point graphique négatif, la modélisation et la gestion des dégâts. Visuellement, ils sont quasiment inexistants. Certains « pocs » seront plutôt réalistes, mais ne correspondent absolument pas à un choc à 130 km/h ! La série n’évolue pas du tout à ce niveau-là, malgré les promesses de Kazunori Yamauchi. Est-ce un souhait des constructeurs automobiles, ou un choix de développement ? Mystère. Mais on pourra toujours attendre pour avoir quelque chose de potable sur ce point-là. De même, les chocs ne semblent pas trop affecter la conduite, à l’inverse d’un Forza Motorsport. Dommage.
Gran Turismo Sport… mais quels sports ?
Ce nouvel opus de la série Gran Turismo devait s’orienter sur les sports mécaniques. On s’attendait à quelque chose de nouveau et de proche d’un Toc Race Driver, mais ce n’est pas vraiment le cas. Si l’accent est mis sur les autos dédiées aux sports mécaniques, on est loin d’un Project Cars par exemple. Ici pas de Clio Cup, de Rallycross, de Formule 1, d’Indycar, de Nascar, ou autre. On a des circuits et des voitures et on roule avec, point barre. Néanmoins, la vidéo d’introduction est une déclaration aux sports mécaniques : rallye, F1, Dakar, circuit… tout y passe ! Cette intro est juste parfaite et pourrait même vous décrocher une petite larme ou deux. En plus de l’intro, vous retrouverez un tas d’informations historiques sur l’automobile, les sports mécaniques et les grandes avancées du 20e siècle en général.
Le tout en fond d’écran dans le menu. Une excellente idée, qui nous apprend plein de choses !
Mais côté sports à disputer, ce n’est pas ça. Pire, Polyphony Digital a encore voulu mettre du « rallye terre » dans son jeu. Mais pourquoi ? Déjà, ça n’a rien à voir avec du rallye, il faut juste compléter un tour (ou plus) sur un circuit terre fermé. Et puis, la conduite c’est un peu du n’importe quoi. On a plus l’impression de rouler sur de la neige, voire de la glace que sur de la terre. Alors, bien sûr, ce sera l’occasion de faire glisser l’auto, comme les pilotes nordiques aiment le faire. Mais, ce n’est pas du rallye. Dans GT5, au moins, on avait quelques notes… même si c’était pour aller tout droit.
Et si, en fait, Gran Turismo Sport, c’était pour Gran Turismo e-Sport ? En effet, le nouveau titre de Polyphony Digital est très orienté jeu « en ligne ». Terminé les permis, ici on a le droit à une école de pilotage avec quelques leçons et tests. Terminé le vrai mode carrière, ici il s’agit de « missions » à réaliser pour obtenir le bronze, l’argent ou l’or. Enfin, le jeu vous proposera un mode arcade pour disputer des courses face à l’IA. Cela fait un peu léger, surtout quand on compare à la concurrence, mais il y a de quoi vous faire passer pas mal d’heures sur la partie « off-line » de GT Sport. Attention, sans connexion internet il est possible de perdre sa progression. On vous conseille, d’ailleurs, de faire une sauvegarde manuelle dès que vous êtes connectés.
Si, pour le moment, il n’y a que des épreuves hebdomadaires à disputer en ligne, la composante eSport devrait arriver bientôt. En effet, Sony et Polyphony Digital ont passé un joli contrat de partenariat avec la FIA (Fédération Internationale Automobile). Dans les mois à venir, les compétitions en ligne devraient pleuvoir. Intéressant à suivre, si vous aimez le jeu en ligne.
Les développeurs proposent un système de points de fair-play pour « trier » les courses en ligne. Dans l’introduction de ce système, on vous expliquera, qu’en gros, c’est pour mettre les novices entre eux et les pros entre eux. Sauf que certains joueurs de longue date sont de gros bourrins, donc bon… le système est déjà un poil faussé. En plus, il est amusant de voir un tel système qui n’est pas respecté par l’IA du jeu ! Paradoxal.
Car oui, si l’IA s’est améliorée, elle est assez égoïste. Elle est la reine pour vous couper vos trajectoires, vous bousculer, vous faire partir en tête à queue etc… Si dans Forza Motorsport on peut avoir l’impression d’être face à des blocs de béton, ici on est face à des blocs de bêtise. On a déjà vu une voiture finir dans le mur car elle s’obstinait à nous doubler dans un virage où il fallait freiner fort. Ok, c’est cool de voir l’IA faire des erreurs, mais ça le fait un peu moins pour « The Real Driving Simulator ».
Un petit mot sur la partie technique de Gran Turismo Sport. Celle-ci est de bonne qualité. Pas de gros bugs, de crashs, l’aliasing est peu présent. Bref, c’est une partition quasi sans fautes. Néanmoins, les chargements un peu longuets et les quelques soucis liés à la sauvegarde automatique stockée en ligne peuvent être décevants.
C’est dans les vieux pots…
…qu’on fait les meilleures soupes. Enfin ça, c’est l’adage. Car l’un des plus gros défauts de Gran Turismo Sport, c’est de rester un vieux pot de Gran Turismo. Si Forza a su enfin évoluer pour s’adapter, un peu plus, à ce qui se fait maintenant, GT restera GT. On a les mêmes sons dans les menus depuis des lustres, le menu évolue pas tant que ça (et n’est pas toujours très clair). La touche O (oui en japonais) sert encore à valider/passer certaines choses. Les habitués de la série ne seront absolument pas dépaysés ! C’est dingue de voir à quel point Gran Turismo n’évolue pas au final. Imaginez un FIFA 18 avec les mêmes menus et bruitages qu’un FIFA 98 par exemple, ou qu’un FIFA 2000 (bon, au moins on aurait une super chanson en thème principal). Inconcevable. Mais concevable pour Sony et Polyphony Digital. Le pari est d’autant plus risqué, que la concurrence est très présente désormais (Forza chez l’adversaire, Project Car et Assetto Corsa sur PS4).
De même, les crissements de pneus sont toujours aussi omniprésents. D’accord, c’est moindre que par le passé, mais c’est toujours très important, et, à la fin, parfois énervant. Les bruitages moteurs ont évolué mais ne rendent pas justice aux voitures. S’il pouvait y avoir le même soin apporté aux sons qu’à la modélisation des autos, ce serait le rêve. Enfin, les développeurs ont pu, un peu, contourner le problème du réalisme en proposant un très grand nombre de voitures fictives. A noter, la présence d’une sacré bande-son. Pas mal de musiques pour accompagner vos séances photos et vos courses. Un bon point, appréciable. Des musiques sous licence en plus !
Du côté du gameplay, là non plus pas de changements. Même après de longues années sans avoir touché un Gran Turismo, on retrouve tout de suite ses marques. La prise en mains est agréable pour une simulation. C’est là, aussi, la force de la série. Proposée une simulation agréable et jouable par tous ! Un peu comme dans Project Cars 2, l’inscription dans les virages aura une importance capitale. Mais, de nombreuses leçons sont là pour vous apprendre tout ça, et c’est une très bonne chose ! Les différences de comportements d’un véhicule à l’autre sont flagrants. Les propulsions sont moins stables que dans un Forza Motorsport, cela peut-être déconcertant/décevant quand on passe d’un jeu à l’autre. Mais, dans l’ensemble, toutes les autos ont un comportement crédible et offrent de bonnes sensations. Et ce, que ce soit au volant ou à la manette. Là aussi, Polyphony Digital est très bon pour offrir un jeu de qualité et plaisant à jouer, peu importe ce que l’on a entre les mains ! Un très bon point.
- Modélisation des voitures très soignée et de grande qualité
- Le mode photo « environnements »
- La vidéo d'introduction
- Les infos historiques dans le menu
- Conduite plaisante
- Sensations aussi bonnes au volant qu'au pad !
- Jouable à deux en écran splitté !
- Contenu limité
- Peu de circuits (6 réels)
- Trop axé online
- Où sont les sports mécaniques ?
- L'IA
- Les crissements des pneus omniprésents
- La partie rallye ! Du grand n'importe quoi !
- Une série qui n'évolue pas vraiment
- Gestion et modélisation des dégâts
Au final, que penser de ce Gran Turismo Sport ? Son orientation online et eSport pourra décevoir et fera jaser pendant de longs mois encore. La question de savoir si cet opus est un prologue du 7 devrait rester sur de nombreuses lèvres pendant encore très longtemps. Le mode « offline » est très plaisant, surtout au début, mais tourne assez vite en rond. De ce fait, la durée de vie est bien moins importante que dans les précédents opus. De plus, le nombre de voitures et de circuits est aussi à la baisse. Le plus décevant, au final, c’est que derrière le titre « Sport », il ne s’agit pas d’un Toca Race Driver version Polyphony Digital. Et c’est là que se cache la vraie déception, voire le « mensonge » des développeurs. Mais, ils ont su compenser par une réalisation au top, que ce soit sur PS4 « classique » ou PS4 Pro. Le soin apporté à la modélisation des autos est impressionnant. De même le mode photo « environnements » est époustouflant. Pour le reste, on est sur un Gran Turismo pur et dur. Rien de bien neuf au final. Ah si, les nombreuses voitures fictives. A croire que, surtout pour les voitures de rallye, Polyphony Digital s’est inspiré d’Evolution Studios et de son WRC II : Extreme ! A réserver aux fans de la série et/ou aux amoureux de l’automobile et des courses en ligne. En tout cas, il est clair que cet opus ne fera pas l’unanimité.