Le Mag Jeux High-Tech

Test de Secret Files Tunguska sur Switch : en Sibérie personne ne vous entend bugger

Note globale : 63/100
Editeur
Deep Silver
Developpeur
Animation Arts Creative GmbH
Nombre de joueurs
1
Date de sortie
30 novembre 2018

Secret Files : Tungunska est un point’n’click qui a fait les beaux jours du PC, de la Wii et même de la DS depuis 2006. Avec Syberia, Runaway et autres il s’agit d’une pierre angulaire de la renaissance du genre et propose une histoire basée sur un fait historique réel, une mystérieuse explosion ayant eu lieu en Sibérie en 1908. Mais le jeu a-t-il bien supporté le poids des années et les affres du portage ? Voyons voir ça.

Nina und Max

L’histoire s’ouvre sur un musée à Berlin où un professeur disparaît mystérieusement alors que d’inquiétantes silhouettes encapuchonnées sont repérées dans les environs. Sa fille, Nina, héroïne de notre histoire, va donc essayer de retrouver sa trace et son enquête la mènera sur la piste de l’incident de Tunguska, une explosion mystérieuse qui rasa tout sur des dizaines de kilomètres aux alentours.

Lors de son périple elle fera la rencontre et équipe avec Max Gruber, l’assistant de son père au musée et qui l’assistera dans son enquête. Le titre se présente comme un point’n’click old school où, là où Syberia avait pris le parti de nous confier le déplacement de Kate Walker, ici il faudra déplacer la flèche sur l’écran. Vraiment à l’ancienne donc. Une fois sur l’objet en question, une pression sur ZR pour afficher les deux actions possibles : observer ou prendre/agir.

Nous reviendrons sur les commandes plus tard, concentrons-nous pour l’instant sur le jeu en lui-même. Nous l’avons dit il date de 2006 donc il faut le remettre dans le contexte de l’époque. Malgré un doublage français intégral et de qualité plutôt bonne, on ne peut s’empêcher de remarquer que Nina parle un peu (souvent) comme une cruche et passe pour l’idiote de service. Ce qui ne va pas avec le personnage qu’elle est puisqu’elle part risquer sa vie derrière les lignes ennemies pour sauver son père. Dichotomie totale qui se rapproche plus du cliché éculé de la blonde un peu stupide.

Mis à part ça le scénario est plutôt solide et dévoile petit à petit ses ramifications pour dévoiler un complot plus sombre qu’il n’y paraît. Le titre nous emmène à Berlin, en Sibérie, en Chine, en Antarctique et j’en passe, l’occasion pour le joueur de résoudre des énigmes logiques à base d’association d’objets. Sur ce point aucun problème, tout fait sens et il suffit d’un peu de jugeote pour avancer facilement. Et si vous bloquez un guide est inclus et accessible d’une pression sur un bouton.

Un portage pas banal

Le jeu en son essence pure est donc bon et on prend plaisir à le parcourir. Maintenant attaquons-nous à la qualité du portage où il y a pas mal de choses à dire. Tout d’abord l’interface visuelle. L’écran de jeu prend 2/3 de l’écran et est entouré de barres noires en bas, à gauche et à droite. Le bas est réservé à l’inventaire, le gauche aux interactions avec les objets et personnes, et le gauche aux raccourcis vers les options ou le guide du jeu. Je vous l’ai dit, on déplace le curseur avec le joystick et on valide sa sélection avec ZR. Le choix est peu naturel au début où on est tenté d’appuyer sur A, mais finalement on s’y fait, ce petit clic faisant penser à celui de la souris quand on joue sur PC.

Par contre l’omniprésence de ces trois barres noires et de toutes les icônes nous sort un peu de l’histoire. Surtout au début où on cherche ses repères et où on clique partout pour essayer de s’y retrouver. Autre chose gênante, le pointeur émet une sorte de rayonnement permanent lorsque vous passez sur un objet interactif. Et même si dans un point’n’click de cet acabit où la chasse au pixel est de mise la chose peut s’avérer très pratique, à force ça devient désagréable de voir cette flèche rayonner sur ¼ de l’écran, déjà réduit, du jeu.

Vous êtes bloqué ? Pas de problème, une pression sur R vous affiche brièvement toutes les zones interactives du coin et vous n’avez qu’à promener votre curseur partout pour avancer. Comme on l’a dit une pression sur une touche vous affiche un guide sommaire mais pratique qui décrit toutes les actions à effectuer dans le chapitre pour avancer. De ce fait vous ne serez jamais bloqué par le scénario, mais cependant la technique, elle, risque de vous faire défaut.

En effet par deux fois lors du test j’ai fait face à bug bloquant qui a empêché ma progression, la seconde fois définitivement. Au moment de déclencher le script de l’ouverture d’une porte, l’action tournait en boucle et impossible d’avancer. Si la première fois un simple chargement de sauvegarde a permis de passer le souci, la seconde fois impossible de passer outre. Alors ce n’est sûrement qu’un manque de chance de mon côté, mais je trouvais ça important à signaler.

En dehors de ça le jeu reste toujours agréable à l’œil, même si forcément les textures ont pris un coup dans l’aile avec l’âge. Certains personnages semblent découper à la serpette mais les décors restent plaisants. Les cinématiques qui ponctuent l’aventure ne sont plus de toute première jeunesse non plus mais impossible d’en vouloir au jeu, il s’agit d’un portage et non d’un remaster. Dernier petit bémol sur la traduction française qui laisse un peu à désirer notamment dans le menu de sauvegarde ou le “free” en anglais pour désigner un emplacement disponible pour enregistrer sa progression est devenu… “gratuit”. Manquerait plus qu’on doive payer pour sauvegarder maintenant !

En conclusion Secret Files : Tunguska est un très bon jeu d’aventure de type point’n’click mais ce portage Switch se veut un peu fainéant avec des choix contestables. Le déplacement direct du personnage ou une interface plus discrète au profit d’une surface de jeu qui fait tout l’écran aurait été préférable. Pareil, on n’en a pas parlé mais le jeu en mode nomade est comme décrit plus haut, mais en docké c’est… particulier. En effet, le jeu se joue avec les joy-cons comme des Wiiimotes, c’est-à-dire que vous baladez la souris sur l’écran en bougeant votre main. Ne comptez donc pas jouer avec les joy-cons dans la manette sous peine de rager en deux secondes ! Secret Files : Tunguska sur Switch : un très bon jeu plombé par un portage mal pensé. Dommage.

Les plus

  • Une aventure intriguante
  • Une VF de qualité
  • Une bonne durée de vie

Les moins

  • Une interface qui prend 1/3 de l'écran
  • Le mode docké injouable
  • L'héroïne cucul

Les notes

Graphismes
63/100
Bande-son
65/100
Prise en main
48/100
Plaisir de jeu
69/100
Durée de vie
71/100

Conclusion

Bon alors, comme d’habitude dur de faire la part des choses quand on test un portage. Tout d’abord il y a le matériau de base qui ici est très bon malgré son héroïne nunuche. Bien sûr le jeu supporte le poids des années mais franchement il n’a pas tant vieilli que ça et c’est un plaisir de le parcourir de nouveau aujourd’hui. Ceux qui ne l’ont pas fait à l’époque sont vivement encouragés à y jouer car c’est un des titres qui a contribué à redonner au genre ses lettres d’or.

Et de l’autre côté il y a la qualité du portage qui se rate totalement. Des touches peu intuitives même si on s’y fait, une interface envahissante, des erreurs de traduction, un mode docké injouable… C’est du gâchis car le jeu en lui-même est très bon ! Mais avec un peu d’efforts et d’abnégation (et surtout en jouant exclusivement en mode portable) il y a moyen de passer un très bon moment en compagnie de Nina et Max pendant une dizaine d’heures.

Et ce n’est pas tout puisqu’ils seront bientôt de retour, toujours sur Switch, avec Secret Files 2 : Purita Cordis et Secret Files 3 bientôt. Et on a hâte d’y jouer malgré tout !

Dommage
63/100
Quitter la version mobile