Test de Mordheim City of the Damned : lancinant, prenant et exigent
- Editeur:Focus Home Interactive
- Developpeur:Rogue Factor
- Supports:PC, PS4, Xbox One
- Genres:Tactical RPG
- Nombre de joueurs:1
- Date de sortie:19 novembre 2016
Depuis 2015, pour les puristes sur PC, Mordheim tente aujourd’hui une timide incursion sur One et PS4. Rogue Factor, adoubé par Games Workshop avait bien pensé tenter le coup sur Nintendo, mais les nunchucks de la Wii et l’écran 3D de la DS montraient bien trop vite leurs limites…Tu m’excuseras, Lecteur, pour cet esprit taquin. Sans doute Le Culte des Possédés, propre à ma bande de scélérats construite in-game, qui me parcourt encore l’échine…
J’ai donc répondu à l’appel du Seigneur des Ombres. J’ai rejeté les chaînes de la moralité et de la pitié, arraché à mon esprit la faiblesse du doute. En somme, je respire la joie de vivre. Je me lance dans l’aventure, la gloire et l’horreur m’attendent. Les merveilles du chaos me sont grandes ouvertes.
Voilà pour l’introduction.
Mordheim City of the Damned : un monde en décadence…
Tiré du jeu de plateau éponyme (ça veut dire du même nom, sombre nain) issu des 90’s, Mordheim City of the Damned sera donc un jeu de stratégie au tour par tour. Il ne faut alors pas s’attendre à de l’action non stop, mais plutôt à un aspect tactique largement mis en avant. En gros, si tu cherches un bon gros défouloir, passe ton chemin et ne reviens jamais. Les autres, les amateurs de défis ont toutes les raisons de s’intéresser à ce soft. Le ton est donné bien rapidement: “c’est une expérience volontairement ardue qui vous attend”. Et effectivement, c’est sacrément complexe.
Le monde est en pleine décadence (je ne parle pas des élections américaines), les voleurs et les mercenaires (je ne parle pas des primaires à droite) sont tous à la recherche de la précieuse pierre sacrée: le Wyrdstone. Le temps de sélectionner une bande avec héros, chef et quelques hommes de main, et me voilà parti pour assouvir mes plus vils instincts dans le mode campagne.
Première remarque, l’atmosphère est délicieuse. C’est une façon de parler. La cité en ruines est sombre à souhait et c’est un plaisir de l’explorer lentement (nous y reviendrons). L’ambiance sonore aide à plonger dans cet univers malade. Balade dans la brume, c’est le nom de ma mission, commence par le choix important des combattants que je veux lancer sur le champ de bataille. Un seul but: engranger un maximum d’expérience et de ressources. Je déplace mes hommes comme des pions sur un plateau de jeu, mais cela reste tout de même beaucoup plus sympa, visuel et concernant qu’un Monopoly… Au tour par tour, les factions avancent. Une pression sur le joystick droit pour faire apparaître une carte et envisager une stratégie plus mordante: la recette fonctionne.
Mes personnages avancent surement, je choisis de les placer en posture d’embuscade, d’esquive ou d’alerte, espérant voir un malotru venir se faire trucider lors de la prochaine manche. Le rythme n’est pas le fort du jeu, l’IA met parfois de longues secondes avant de réagir. D’autant que les temps de chargement ne nous sont pas épargnés. Les moins patients pourront bien vite décrocher. Ils auraient tort, car “le chaos est à l’oeuvre” et il y a énormément à découvrir en parcourant Mordheim.
Des objectifs secondaires se mettent en place pour accroître les gains et c’est un plaisir de personnaliser sa bande en y intégrant toutes sortes de fous furieux que l’on customise à l’envie. On les bichonne, on les fait monter en grade, on leur accorde de coquettes sommes pour les voir grandir, et ces malandrins se font exploser comme de vulgaires bipasses au coin de la rue!
Les premières parties seront douloureuses: chaque soldat mort l’est définitivement et les pertes financières sont sévères. De quoi agacer et ne plus y revenir tant l’exigence demandée est importante.
Pourtant, vous y reviendrez, malades comme vous êtes, pour piller les cadavres de vos ennemis et vous refaire une petite santé financière. Et ce afin de régler le salaire de vos bras cassés postés bien en évidence en pleine lumière. “Mais sortez-moi cet ogre de dessous le lampadaire!” “Pardon, Monsieur est fatigué? Il n’a pas le moral? Il ne veut plus combattre?” Oui, certains ont de drôles d’états d’âme qu’il vous faudra gérer du mieux possible pour qu’ils acceptent de combattre de nouveau à vos côtés. Par contre, le gros bêtat qui ne sait pas sauter en contrebas ou qui s’écrase lamentablement contre le mur que vous lui sommez d’escalader, vous pouvez le livrer en pâture à l’ennemi… Mais avec le temps, vous apprendrez à vous positionner intelligemment…
La tension est permanente. La mort rôde à chaque coin de rue, le moral des troupes est en berne, les batailles sont lourdes de conséquence à tout point de vue. C’est précisément sur ce point que le jeu excelle: un rythme lancinant, certes, mais qui sert un suspens maladif et une angoisse prenante. Cette qualité pourra cependant vite devenir handicap pour les plus impatients qui s’ennuieront ferme.
- Tension permanente
- Ambiance poisseuse
- Fidèle au jeu de plateau
- Tactique
- Exigeant et compliqué
- Prise en main complexe
- Chargements...
- Manque de rythme pour certains
Voilà le type de jeu sur lequel il semble impossible d’arrêter un avis définitif. Il faudra sans doute être un adepte de la discipline pour en apprécier tous les secrets. Les néophytes se mettront bien vite en retrait face à l’ampleur du défi ou rendront les armes devant un rythme si particulier. Les passionnés de jeu de plateau pourront, eux, retrouver de bonnes sensations.