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Test de Silent Hill 2 sur PS5 : gore Hill dans la brume

James Sunderland caché dans un placard dans Silent Hill 2
Note globale : 85/100
Editeur
Konami
Developpeur
Bloober Team
Supports
Nombre de joueurs
1 joueur
Date de sortie
8 octobre 2024

Silent Hill 2 est le remake PS5 par la Bloober Team de ce grand classique de la PlayStation 2 qui date de 2001. Un jeu trop souvent comparé à Resident Evil, à tort, car il ne mise pas du tout sur le même type d’horreur. Donc 23 ans après, Konami nous permet de retourner à Silent Hill et se ressentir le malaise s’insinuer sous la peau.

Petit disclaimer avant de rentrer dans le vif du sujet : je n’ai jamais fait de Silent Hill. Ni à l’époque, ni maintenant, car la peur n’est pas un sentiment que j’aime ressentir lorsque je joue à un jeu vidéo. Pourtant, ce titre m’a attiré, parce que je savais que je n’allais pas faire face à une horreur traditionnelle, comme dans Resident Evil où un virus s’échappe, ça crée des zombies et il faut survivre coûte que coûte. Et avec le recul, je me demande si ce n’est pas pire.

Deuxième disclaimer : même si le jeu a plus de 20 ans, il ne sera pas question de spoiler le jeu ici. Le twist final est suffisamment choquant pour vous en laisser la surprise, à tel point qu’il est même recommandé de faire une seconde run du jeu quand vous savez de quoi il en retourne pour lire le jeu sous un autre angle. Sur ce : bonne lecture !

Silent Hill 2 : bienvenue au purgatoire

Silent Hill 2 a une scène d’introduction que tout le monde connaît, même s’il n’a pas fait le jeu. Deux mains, au-dessus d’un lavabo, qui s’imprègnent d’eau pour qu’un homme se les passe sur le visage avant de contempler son visage dans le reflet. Il fait sombre, on ne voit pas ses yeux et cet homme, James Sunderland, n’a pas l’air au mieux de sa forme.

Pour cause : il a reçu une lettre de sa femme qui lui demande de le rejoindre à Silent Hill, une petite station balnéaire. Pas de problème, vous direz-vous, mais sa femme, Mary, est censée être morte depuis 3 ans. James se retrouve donc dans ces toilettes publiques aux abords de Silent Hill. L’accès routier est fermé, il va donc faire un détour par la forêt pour rejoindre la ville. Et là, on fait la rencontrer d’un des premiers éléments clés du jeu : le brouillard. Il est là, dehors, partout, tout le temps. Il a beau faire jour, le fait de ne pas pouvoir voir à plus de 3 mètres met déjà une petite pression.

Après votre détour par un cimetière où vous rencontrez une mystérieuse femme, Angela Orosco, vous arrivez enfin à Silent Hill. Une ville fantôme où tout semble fermée, noyée dans le brouillard, avec une atmosphère et des bruits super dérangeants. Très vite vous allez commencer à explorer pour découvrir des indices qui vont vous mener à divers lieux de Silent Hill pour tenter de retrouver votre femme, ou tout du moins la personne qui se fait passer pour elle.

Une horreur psychologique qui s’insinue dans l’esprit

Rapidement, vous comprenez que James Sunderland n’est pas un surhomme. Ce n’est pas un Léon Kennedy surentrainé qui va tataner du zombie à coup de rangers et de lance-roquette. Non, James Sunderland va commencer l’aventure avec une planche cloûtée, trouver plus tard un pistolet classique et éventuellement un fusil à pompe plus tard. Parce qu’il va falloir lutter contre des créatures dérangeantes, organiques, comme ces cocons sans bras qui crachent de la bile et rampent à toute vitesse au sol. Ou ses paires de jambes féminines greffées l’une sur l’autre, cette infirmière sans visage terrifiante. Un seul point commun : toutes les silhouettes des monstres semblent être féminines.

En plus de tout ce bestiaire, vous retrouvez aussi la créature que l’on nomme Pyramid Head, un homme musculeux dont la tête est recouverte d’une énorme boîte triangulaire, d’où son nom. Vous allez le croiser à quelques reprises, toujours de façon ultra-inquiétante : parfois, il sera en train de v*oler des monstres, parfois en train de les démembrer… Il y a d’ailleurs beaucoup de trigger warning dans ce jeu, car il aborde de façon frontale de nombreux thèmes sensibles, qui peuvent déstabiliser, voire dégoûter. C’est pour ça qu’il faut avoir le cœur et les nerfs bien accrochés pour faire Silent Hill 2, puisque derrière un jeu d’horreur en apparence classique se cache en fait une analyse sur la psyché humaine et ses déviances.

D’ailleurs, au bout d’un moment, les montres croisées ne vous feront plus vraiment peur. Vous allez les éliminer mécaniquement parce que la terreur viendra d’autres éléments du jeu : la vérité autour de votre personnage et votre présence à Silent Hill. Ah, et à toutes fins utiles : si vous ne voulez pas faire Silent Hill 2 parce que vous n’avez pas fait le 1 : aucun souci. À part le nom de la ville, il n’y a aucun rapport, vous pouvez tout à fait l’aborder comme un one shot.

Silent Hill 2 souffre un peu de ses origines

Dans Silent Hill 2, il y a beaucoup d’exploration. Vous allez visiter la ville, au début, puis un hôtel, un hôpital ou encore une prison. Si, en jeu, la progression semble naturelle, quand on prend un peu de recul, on se rend compte que le jeu est construit de façon très traditionnelle. Vous allez en fait traverser des donjons thématiques, ceux cités juste avant, résoudre des énigmes (qui consistent à trouver des objets, des clés ou des codes) et avancer en tuant ou évitant les monstres. Vous avez d’ailleurs la possibilité, dans les options, de régler indépendamment la difficulté des combats et des énigmes.

Une construction classique donc, mais qui marche bien dans ce remake, même si on a parfois des moments de découragement. Dans l’hôtel, par exemple, le premier gros donjon : vous allez devoir tester chaque porte une par une pour voir laquelle est ouverte et dans lesquelles il y a des éléments pour vous aider. Ce qui implique donc des allers/retours un peu trop fréquents pour déverrouiller des portes, avancer et passer à la zone suivante et découvrir… de nouvelles portes. Dans ces moments-là, on cherche un point de sauvegarde, on arrête de jouer et on attend que la motivation revienne pour reprendre la partie.

Le jeu est relativement court pour un jeu de cet acabit, comptez environ 12h pour le terminer. Bloober Team a inséré quelques petites mécaniques pour prolonger l’aventure, comme la collection de photo. Ce qui pousse le joueur à explorer des zones dans lesquelles il n’irait pas forcément parce qu’il faut faire attention à ses munitions, mais aussi ses objets de soin.

Silent Hill 2 sur PS5 : un remake maitrisé

Comme je l’ai dit au début, je n’ai jamais fait de Silent Hill et je n’aime pas les jeux d’horreur. Pourtant, j’ai beaucoup aimé ce Silent Hill 2 sur PS5. L’ambiance glauque et poisseuse à souhait fait qu’on a envie de savoir ce qu’il se passe. Toutefois, le postulat de départ est vraiment simple, en tout cas, il ne réinvente rien : une lettre envoyée trois ans après le décès d’une personne. Une ville fantôme baignée dans un brouillard mystérieux et aussi : le fait que vous allez croiser des personnages qui, comme vous, n’ont pas l’air de trop comprendre ce qu’ils font là.

Nous n’en dirons pas plus pour ne pas spoiler l’histoire, mais voilà : sachez que la narration est bien distillée et donne envie de savoir la suite, malgré le malaise, malgré la peur. Et le jeu ne joue pas que sur les jump scares, comme le fait un Until Dawn. Là, c’est vraiment une horreur pesante, atmosphérique, d’ambiance, où même les humains que vous croisez semblent plus inquiétants que les monstres.

Notez que le Silent Hill 2 est doublé en anglais ou en japonais, avec des sous-titres français. Il n’y a pas tant de dialogues que ça. Les bruitages sont dingues, surtout qu’ils sortent aussi bien de la TV que de la manette. Si vous jouez au casque, c’est d’autant plus flagrant et notamment beaucoup plus flippant. Bref, la Bloober Team a réussi son pari et va permettre à toute une génération de découvrir un monument du jeu vidéo, et sûrement en traumatiser une partie aussi. Parce que maintenant, moi aussi je fais partie de ceux qui savent pourquoi Silent Hill 2 est un tel classique. Et l’hommage rendu est à la hauteur des attentes.

Silent Hill 2 est disponible depuis le 8 octobre 2024 sur PC et PlayStation 5 en exclusivité sûrement temporaire.

Les plus

  • L'ambiance poisseuse à souhait
  • Une horreur psychologique à son paroxysme
  • Une ville étouffante
  • Une fin qui retourne l'estomac

Les moins

  • Le bestiaire manque de diversité
  • Trop de portes à checker/ouvrir
  • Le personnage est un tank à manipuler

Les notes

Graphismes
87/100
Bande-son
98/100
Prise en main
79/100
Plaisir de jeu
90/100
Durée de vie
69/100

Conclusion

Silent Hill 2 est terrifiant, mais de façon pernicieuse. Ce n’est pas Resident Evil. Ce n’est pas Outlast. Alors oui, il y a des monstres difformes qui sortent du brouillard ou jaillissent d’un placard pour vous assaillir. Mais la vraie terreur qui se dégage de ce jeu, c’est son ambiance poisseuse et le fait que notre personnage semble cacher un secret plus lourd encore que celui de la ville. Un secret qui va se dévoiler en filigrane au fil de l’aventure jusqu’à la révélation finale qui va apporter un nouvel éclairage sur tout le jeu et les rencontres qu’on y fait. Le gameplay moderne est facile à prendre en main, on sent que le héros est un personnage lambda qui se déplace lourdement, s’essouffle quand il tape sur ses ennemis et le silence qui suit un affrontement est parfois plus assourdissant que les coups de feu eux-mêmes. Bref, un jeu qui va vous hanter même quand vous n’y jouerez pas, et pour le coup, Bloober Team a brillamment réussi à remettre au goût du jour un monument de l’horreur psychologique, dérangeant à souhait.

Flippant
85/100
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