TEST, Keeper, l’ovni vidéoludique de l’année auquel il faut absolument jouer !
Double Fine est un studio vraiment pas comme les autres et qui aime surprendre avec des titres totalement inattendus. Et pourtant, avec Keeper, le studio américain parvient encore à nous déconcerter ! Un jeu où l’on incarne un phare ? Et oui ! Mais est-ce que cette idée originale parvient à tenir sur la durée ? La réponse avec notre titre !
Keeper, le phare vidéoludique qui nous guide dans la nuit.
Ces dernières années, il y a de plus en plus de sorties de jeux vidéo mais ils finissent tous par se ressembler plus ou moins. Des dizaines et dizaines de jeux d’horreur où le gore dégueule sur l’écran. Des dizaines de jeux post-apo ou héroic-fantasy qui abordent tous les mêmes sujets. Des milliers de jeux indés qui finissent par tous se ressembler. Bref, la quantité est là mais la variété fait cruellement défaut. On est bien loin des années « vingt glorieuses du jeu vidéo » (1995-2015). Et puis, il y a Keeper, annoncé en juin dernier lors du Summer Games Fest !
Pourtant, avec Double Fine Productions on a l’habitude d’être surpris mais ici cela dépasse tout ce que l’on avait pu imaginer. Tout a commencé en 2005 avec Pyschonauts, puis Brütal Legend en 2009, The Cave en 2013 puis des remastered des premières créations de Tim Schafer chez LucasArts (Grim Fandango, Day of the Tentacle et Full Throttle). Et puis, cette année, Double Fine dégaine de nulle part un jeu nommé « Keeper ».
Créé par Lee Petty, ce titre prend sa source dans les sorties à la mer de son créateur durant la période de la pandémie de COVID-19. Ici encore, on est dans un monde irréaliste, semi-futuriste, mais en fait le joueur n’a pas vraiment d’idée de là où il se trouve. On a parfois l’impression d’être dans différents tableaux d’un même peintre, une sorte de collection dédiée à la nature et à la mer. Et cela tombe bien car les développeurs revendiquent une inspiration puisée dans les œuvres de Max Ernst et Salvator Dali. En fait, Keeper nous laisse le joueur seul, perdu en mer, sans aucune indication : ni de temps, ni de lieu, ni d’objectifs, ni de narration. C’est la force de ce titre : nous faire vivre une histoire sans la raconter. Un véritable OVNI-vidéoludique comme on en voit rarement.
Ici, pas de dialogues, d’objectifs ou d’informations concernant l’histoire. On débute en incarnant un phare qui semble trembler, puis se désarticule et finit par voir des pattes sortir de terre. Un phare araignée qui se met à marcher, à tituber. Les premiers pas d’un enfant version vidéoludique ou un réveil très difficile d’un adulte, c’est selon votre vision. On marche, on détruit quelques maisons, et on rencontre un oiseau très coloré. Le jeu daigne enfin nous donner une indication : il se nomme Brindille. Et c’est presque tout ce que le joueur aura le droit de savoir durant son aventure. Pendant les 5 heures de jeu, on avance, on découvre, on s’émerveille, on évolue, mais sans jamais savoir où l’on va et qui l’on est. Et pourtant, la sauce prend immédiatement ! L’univers de Keeper parvient à nous envoûter, nous captiver et nous donner envie d’avancer. Là où certains AAA de grande qualité mettent 3-4h à décoller et à immerger le joueur, Keeper le fait en quelques secondes. Là où certains hits adulés par les joueurs et les réseaux sociaux peinent à créer une vraie atmosphère captivante, Keeper le fait en un clignement de phare. Ce jeu est magique !
« Nage droit devant toi ».
Là où la majorité des jeux actuels veulent nous faire croire qu’un monde ouvert très grand est indispensable, Keeper nous prouve que la linéarité est parfois le meilleur chemin à suivre pour tomber amoureux. On avance et on découvre. Voici la simple quête qui nous attend dans le jeu. Quelques énigmes viennent retarder notre avancer et nous rappeler qu’il faut réfléchir dans un jeu vidéo, n’en déplaise à Carine Galli. Le gameplay du nouveau titre de Double Fine repose sur l’avancée du phare mais aussi la direction et l’intensité du rayon lumineux. Celui-ci sert à débloquer certaines routes, enclencher des mécanismes, résoudre des énigmes et débloquer quelques animations cachées qui composent d’ailleurs les ¾ des succès à débloquer. Simple mais efficace. D’ailleurs, ces succès permettent d’en apprendre plus sur l’histoire du jeu et le déclin de la lumière que l’on doit combattre. On peut également charger une attaque pour accélérer et détruire quelques éléments qui nous bloquent.
Keeper est un voyage contemplatif au rythme inégal, certes, mais qui parvient à nous captiver de bout en bout. Pour éviter de nous endormir ou de partir du côté du jeu narratif/film interactif, le soft aime nous faire réfléchir de temps en temps. Comme on dit au Dakar, on va « jardiner » pour trouver le point de passage suivant. Et puisque le titre ne possède aucun HUD ni indications à l’écran, c’est à nous de chercher. Un bon point quand de plus en plus de jeux aiment nous rappeler sur quel bouton il faut appuyer même après des dizaines d’heures de jeu… L’ensemble reste assez simple et à la portée de tous, c’est un bon point. Seul petit bémol, la caméra est parfois un poil trop rigide dans certains passages. Une constante dans les jeux Double Fine. Rien de bien grave, mais parfois cela peut légèrement casser la mise en scène ou l’immersion.
Graphiquement, Keeper est une sorte de tableau vidéoludique. Imaginez qu’une peinture s’anime et vous propose de rentrer dans son univers. C’est ce que les talentueux développeurs de Double Fine sont parvenus à faire. On sent l’inspiration du monde de la peinture et le résultat est à la hauteur ! Une vraie direction artistique qui permet au joueurs de s’immerger un peu plus dans cette aventure atypique. Avec quelques palettes de couleurs, les développeurs nous font passer des émotions de joie et d’inquiétude en quelques secondes. On ne peut pas dire que le jeu va vous « brûler » la rétine mais il a tout ce qu’il faut pour séduire. Comme un tableau d’un grand maître, il offre un style, une réalisation, une personnalité, qui le différencie avec brio des autres tableaux. Une vraie réussite. Techniquement parlant, le jeu est également une réussite. Fluide, sans bug, il est tout ce que l’on attend d’un titre « fini » à sa sortie. Un exemple à suivre pour de nombreux studios.
D’un point de vue sonore, on doit l’avouer, on est un peu déçu par rapport au reste du jeu. Là où Brütal Legend était encore meilleur sur la musique que sur le reste, Keeper manque de panache à ce niveau-là. Avec l’aventure proposée, Double Fine Productions aurait pu nous gratifier d’une bande son plus présente et plus travaillée. Le voyage reste calme et naturel et nos oreilles sont en reste alors que nos yeux se régalent. La modélisation sonore du titre n’est pas mauvaise, au contraire, mais c’est vraiment l’ambiance musicale qui est bien trop calme et discrète. C’est peut-être une volonté des développeurs mais le joueur reste sur sa faim. Dommage.
Where do you think YOU’RE going?
(No, seriously. Where do you think you’re going? Is it a board game night? If so, can we come with you? We love board games!)
KEEPER – Available NOW on @Xbox and @Steampowered!https://t.co/0SqMXxYXd6 pic.twitter.com/gUahh3L3aw
— Double Fine (@DoubleFine) November 18, 2025
Keeper, notre bilan.
En résumé, Keeper est une expérience à part, un ovni-vidéoludique comme on en voit rarement. Double Fine Productions prouve une nouvelle fois leur capacité à créer des univers uniques et qui contrastent fortement avec ceux proposés par les autres studios. Ici, leur nouvelle création est un voyage calme, apaisant et captivant où l’on incarne un phare. Une idée déconcertante qui parvient cependant à nous charmer en quelques secondes. Alors oui, Keeper ne plaira pas à tout le monde mais c’est le genre de titre qui prouve que le jeu vidéo est bien un art à part entière ! Avec son inspiration picturale et son aventure où l’on se laisse glisser au fil de l’eau, le titre séduit et devient mémorable ! Un jeu vraiment pas comme les autres qui est marquant. La meilleure exclusivité Xbox de l’année 2025 est incontestablement ce Keeper ! Une sortie physique serait maintenant un beau cadeau afin de le faire encore plus entrer dans la postérité.
Les + :
Direction artistique
Originalité
Captivant
L’univers
Les – :
Manque de lisibilité
Ambiance sonore un peu trop calme
Caméra parfois trop rigide
Les notes :
Graphismes : 8,5/10
Bande Son : 7/10
Technique : 9/10
Prise en mains : 9/10
Plaisir de jeu : 9/10
Durée de vie : 6/10
Note globale : 8/10
Test publié le 25/11/2025 à 11h30












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