Twin Mirror : dis-moi pourquoi la vie est étrange sur PS4 (test)
- Editeur:Dontnod Entertainment
- Developpeur:Dontnod Entertainment
- Supports:PC, Playstation 4, Xbox One
- Genres:enquête
- Nombre de joueurs:1 joueur
- Date de sortie:1er décembre 2020
DONTNOD s’est spécialisé dans le jeu d’aventure narratif, preuve en est avec ce Twin Mirror. Après Life is Strange 1 et 2 et le récent Tell Me Why, Twin Mirror arrive en cette fin d’année 2020 noyé parmi les tripes A. Autre particularité du titre : il s’agit d’un jeu complet, et non épisodique, comme le furent Remember Me et Vampyr, d’autres jeux du studio. Le Mag Jeux High Tech a fini Twin Mirror et vous en propose son compte rendu ici.
Twin Mirror et le retour aux sources
Twin Mirror raconte l’histoire de Samuel Higgs, originaire de la ville de Basswood. Ville qu’il a quitté à la suite d’un scandale journalistique. Notre héros a en effet rédigé un article qui a fait fermer la mine, principal employeur de la ville. Ce qui a entraîné une grosse vague de licenciements et beaucoup de gens en colère. Sam a donc quitté Basswood en faisant profil bas, laissant là ses amis sans leur donner trop de nouvelles.
Deux ans plus tard, Samuel se voit obligé de revenir à Basswood. Son meilleur ami, dont sa fille est aussi sa filleule, Nick Waldron, est mort. Samuel revient donc vers les fantômes de son passé et retrouve les choses plus ou moins comme il les a laissées. Une population hostile, son ex petite amie qui s’était mise en couple avec Nick, son ancien patron… Et Joan, la fille de Nick, surnommée Bestiole (Bug en anglais), qui vous alpague dès votre retour. Celle-ci est persuadée que la mort de son père n’a rien d’accidentelle et vous demande de vous renseigner discrètement dessus.
Le petit twist de Twin Mirror c’est que Samuel Higgs n’est pas tout seul dans sa tête. Il est accompagné d’un autre homme, un peu comme une conscience, qui l’encourage à faire parler son côté humain lors de ses interactions sociales. Si Sam se laisse aller à sa “vraie” personnalité, il est assez pragmatique et froid, se focalisant plus sur les faits et les indices plutôt que les gens et le bien commun. Et c’est là-dessus que repose les mécaniques du jeu.
Un point’n’click 2.0
Twin Mirror abandonne l’aspect un peu pastel/dessins qui faisait la spécificité des Life is Strange et propose un graphisme plus réaliste et adulte. La petite ville de Basswood n’a pas le charme romancé d’Arcadia Bay. Toutefois, on a tout de même l’impression de se retrouver en terrain connu. Une ville isolée, perdue dans les montagnes, qui vit plus ou moins en autarcie et où tout le monde se connaît.
On y dirige notre personnage, Samuel Higgs, qui marche la plupart du temps et que l’on peut faire trottiner en restant appuyé sur la touche R2. Vous pouvez interagir avec les PNJ, les observer, leur parler… Retrouver des souvenirs liés à des personnages, des mementos à collectionner, collecter des indices, et bien entendu : faire des choix. DONTNOD ne délaisse pas sa formule des choix qui auront un impact plus tard, même si ce n’est pas aussi percutant que dans les précédentes productions.
Ici vous devrez principalement choisir entre votre “moi” pragmatique et votre “moi” un peu plus avenant. Cela vous emmènera vers des embranchements un peu différents en termes de dialogues. Vers la fin du jeu, vous devrez faire un choix crucial qui vous amènera vers l’une des cinq fins possibles. Et si elles se ressemblent un petit peu, il est intéressant d’essayer de les avoir toutes afin de comprendre comment vos choix et votre comportement a pu influer sur l’histoire.
Le palais mental
Samuel Higgs, en plus d’avoir un alter ego qui ne cesse de la ramener, aime se réfugier dans son palais mental. Il s’agit d’un lieu dans sa tête où il laisse libre cours à sa réflexion avant d’agir. Le temps s’arrête dans la réalité et vous laisse le temps de prendre en compte tous les paramètres d’une situation, d’une discussion, et d’en envisager les différents dénouements. Impossible de ne pas penser à Sherlock Holmes qui use du même stratagème, notamment dans la série télé Sherlock avec Benedict Cumberbatch dans le rôle-titre.
Vous y ferez de fréquentes incursions avec quelques variations de gameplay afin d’apporter de la diversité au jeu. Nous n’en dirons pas plus afin de vous garder au chaud les quelques surprises que cache le jeu. Cependant, là où le bât blesse, c’est qu’au moment où on pense que l’enquête va décoller et nous emmener loin… Celle-ci se termine. Si vous faites le jeu une première fois pour profiter de l’histoire, vous en verrez le bout après 5/6h de jeu grand maximum. Et là nous ne pouvons pas cacher notre déception.
Vendu 29,99€, soit l’équivalent d’une saison complète de Life is Strange, on se retrouve avec une durée de vie qui n’égale pas les cinq épisodes mis bout à bout. Alors certes, il y a la possibilité de refaire le jeu afin de débloquer les cinq fins, trouver tous les mementos, les souvenirs et débloquer tous les trophées. Mais il n’y a pas assez de diversité dans le titre pour justifier d’enchaîner les parties sans s’ennuyer. D’autant qu’il n’est pas possible de passer les dialogues, sauf si vous jouez en mode “collecte de souvenirs” pour trouver les collectibles et où vos choix ne sont pas enregistrés.
Twin Mirror, Alan Wake et Stephen King
Côté technique maintenant, Twin Mirror est vraiment joli. Basswood est une ville que l’on pourrait trouver dans un roman de Stephen King ou Maxime Chattam. Par quelques aspects elle nous a fait penser à celle que l’on voit dans Alan Wake, l’horreur en moins. La musique pose bien l’ambiance, et on plonge dans Twin Mirror comme on plonge dans un bon thriller. En cette saison, la nuit tombée avec une petite flambée à côté, l’ambiance est idéale.
Le jeu est en anglais sous-titré français, et le jeu des acteurs est convaincant. Les personnages ont leur caractère bien forgé et on apprend tout de suite à en aimer/détester certains. Malheureusement, et nous l’avons dit, l’expérience est trop courte et les liens que nous tissons avec les personnages n’ont pas le temps de vraiment s’ancrer en nous. Et c’est bien dommage car, même si elle n’est pas originale, l’ambiance posée par le jeu est vraiment plaisant. Le decorum est bien planté, l’intrigue est prenante et réserve un twist final (pas dans toutes les fins, donc attention) intéressant… Mais on en veut plus !
Côté bug on a quelques textures qui se chevauchent, avec une chemise qui passe au travers d’un manteau. Ou encore une main qui traverse un smartphone. Lors de scènes de dialogue en champ/contre-champ on a parfois l’impression que le personnage arrive en courant d’en dehors de l’écran pour se positionner à sa place. Quelques petits détails qui nous font tiquer, sans pour autant nous sortir du jeu. Enfin, mention spéciale au retour des stats qui permettent de comparer vos choix avec ceux de vos amis et des autres joueurs.
Fin sans suite
Pour conclure sur Twin Mirror, c’est une semi-déception de notre part car nous aurions aimé une aventure plus longue. Plus de ramifications, de lieux à visiter, d’intrigues… Il y a quelque chose de pourri à Basswood, mais on aurait aimé un complot encore plus grand, plus de choses à découvrir, ainsi qu’une vraie sensation de danger. Aussi plaisante que soit cette aventure, on a l’impression de n’en effleurer que la surface.
Mis à part ça la recette DONTOD fonctionne de nouveau à merveille et le jeu parvient à nous embarquer avec lui. Les mécaniques du Palais Mental mériteraient d’être plus et mieux exploitées, avec de vraies réflexions à la Sherlock Holmes. Certains plans sont à couper le souffle, graphiquement, notamment aux abords de Basswood. Bref, le vent de l’aventure est là dans Twin Mirror, avec cet aspect thriller psychologique bien amené. Il s’agit d’un excellent polar vidéoludique à consommer au coin du feu, bien qu’un peu trop court.
- Une ambiance comme seul Dontnod sait faire
- L'enquête est prenante
- L'idée du palais mental est bonne
- Cinq fins à trouver
- Trop courts
- Trop de temps de chargement
- Le palais mental n'est pas assez exploité
Twin Mirror est un Life is Strange ++. Moins long qu’une saison complète mais plus long qu’un seul épisode, il se savoure tel un épisode XXL de Twin Peaks. On retrouve l’ambiance et l’inspiration Alan Wake, Stephen King, avec la patte graphique et le style Life is Strange/ Tell Me Why de Dontnod. Samuel Higgs est un personnage bien travaillé, avec son passé et ses erreurs. La ville de Basswood est des plus plaisantes à explorer, même si on aurait aimé plus de libertés pour se promener. Au final on se retrouve à enchaîner les tableaux et les résoudre en discutant avec tous les PNJ et en examinant tous les objets. On fait ensuite les déductions qui s’imposent et on passe à la scène suivante. Tout ça nous amène à la fin du jeu après seulement 5/6h d’enquête. Et même si le titre propose cinq fins différentes, avec notamment deux grosses variations, cela a du mal à nous y faire revenir après l’avoir fini une fois. Dommage, car le jeu a de l’ambition, son intrigue mériterait d’être plus amplement développée car, en tant qu’amateur de point’n’click, on a terriblement envie de rester plus longtemps que ça à Basswood.