Test d’Outcast : Second Contact sur PS4 : coincé entre deux époques
- Editeur:BigBen Interactive
- Developpeur:Appeal / Daoka
- Supports:PC, PS4, Xbox One
- Genres:action/aventure
- Nombre de joueurs:1
- Date de sortie:14 novembre 2017
Test d’Outcast : Second Contact sur PS4 : coincé entre deux époques
Faire un remake d’un jeu de 1999 est un pari risqué. Même s’il s’agit d’un pilier de ce qu’on appelle aujourd’hui les open worlds, il s’agit de prendre ça avec des pincettes. C’est la tâche à laquelle s’est attelé le studio Appeal, épaulé par BigBen Interactive et Daoka (les anciens devs d’Outcast premier du nom). Voyons voir ce que ça donne.
Yipikaï pauvre alien !
Revenons rapidement sur la genèse de ce jeu. Outcast est paru pour la première fois sur PC en l’an de grâce 1999 et à l’époque, c’était ZE jeu. Premier monde ouvert 3D entièrement explorable, un lore riche et un gameplay varié qui ne laisse pas la part belle à l’action pure.
Le joueur y incarne Cutter Slade (doublé en français par Patrick Poivey, alias Bruce Willis), un ancien SEAL. Le gouvernement vient vous chercher car une sonde envoyée dans un monde parallèle est portée disparue. Il faut absolument la retrouver et la remettre en état sinon cela signifie la fin de notre monde et de celui sur lequel elle a atterrit. Vous voilà donc envoyé à travers la porte des étoiles, accompagné de trois scientifiques, pour sauver des mondes et botter des fesses.
Car oui, Cutter Slade a non seulement un nom badass mais également un franc-parler qui frôle la malpolitesse. Il va invectiver les aliens qu’il rencontre par un « Hé, Machin ! » des plus sympathiques, le tout avec le ton goguenard de Bruce Willis.
Notre héros se réveille donc sur Adelpha et est accueilli par un alien avec une tête pas franchement sympathique. Là, on nous appelle « Ulukaï », sorte de divinité locale, et on vous explique qu’il faut sauver le monde. Encore.
Là nous prenons connaissance de plusieurs choses : tout d’abord que l’univers où nous nous promenons est divisé en 5 zones avec des caractéristiques bien distinctes (désert, champs, etc.) Ensuite nous découvrons que les développeurs ont bien bossé leur dossier car chaque interlocuteur va vous asséner des termes locaux, incompréhensibles au premier abord, mais qui vont étayer votre lexique local. A la fin vous vous retrouverez avec une véritable encyclopédie de mots inventés pour le jeu, et ça c’est classe.
Enfin, vous apprenez que tout ne se règle pas à coups de gunfight, que l’infiltration ça a du bon et que le dialogue aussi. En effet, même si notre héros est armé, que les armes sont évolutives, vous allez souvent vous retrouvez en sous-nombre et vous recevrez plus de dégâts que vous n’en infligerez. A vous donc de vous familiariser avec les alentours afin de vous faufiler au nez et à la barbe des ennemis afin d’atteindre votre but.
Je suis trop vieux pour ces conneries
Vous allez vite vous retrouver face à l’armée locale d’ailleurs, et à la faune pas toujours aimable. Vous aurez vos petits poings pour taper mais également des armes à feu à débloquer au fil de l’aventure, ainsi que des gadgets. L’interface à l’écran est minimale, il faut maintenir une touche pour ouvrir la roue des armes, appuyer sur une autre pour ouvrir l’inventaire tout court… La vue est à la troisième personne mais il est possible de passer en vue subjective avec des rayons X afin de topographier le coin et repérer les éventuelles menaces.
Graphiquement, le jeu a bien évolué par rapport à son ancêtre de 1999 et ça flatte la rétine. Les environnements sont plutôt jolis même si la distance d’affichage laisse à désirer. Les textures se cachent derrière un brouillard un poil envahissant et il va falloir faire plusieurs fois le tour de chaque map afin d’en comprendre l’agencement. Même si le jeu ne supporte pas la comparaison avec les titres actuels, il faut dire que le remake a bien fait son œuvre, sans être totalement foufou.
Cutter Slade est celui qui a le plus bénéficié du remake et son perso a ce je-ne-sais-quoi de Nathan Drake intergalactique. Les autres PNJ eux se ressemblent tous et ne sont pas super bien travaillés, notamment lors des animations de dialogue. Dommage.
Mais même si le tout est passé sous le peigne du remake, le jeu accuse quand même un sérieux coup de vieux. Les déplacements notamment sont d’une lourdeur qui frise l’inacceptable. Est-ce pour conserver le ressenti manette en main d’il y a 18 ans ? En tout cas Cutter Slade n’est pas d’une agilité confondante pour un ex SEAL cela rend l’exploration et les affrontements irritants.
Il est possible dans les options d’activer une aide à la visée et une remontée automatique de la vie, ce qui ne sera pas du luxe vu le nombre d’ennemis qui vous attend. Même si l’infiltration est de mise, il arrivera souvent que vous vous fassiez repérer par derrière et là c’est soit la fuite, soit le combat : les deux sont malheureusement plombés par une prise en main assez mauvaise et c’est dommage.
Car au final Outcast, qu’il soit de 1999 ou de 2017 a beaucoup à offrir en termes de narration. Déjà c’est l’occasion de découvrir un titre fondateur des open-worlds. Ensuite, tout l’univers a été travaillé vraiment profondément et il y a beaucoup à découvrir sur Adelpha, le monde que l’on explore. D’ailleurs le jeu a une durée de vie conséquente qui excède les 40h, preuve qu’il y a beaucoup à découvrir.
Malheureusement Second Contact est coincé entre deux époques et a du mal à trouver son équilibre. Ceux qui découvrent le jeu par le remake auront sûrement la manette qui vont leur tomber des mains tant la maniabilité est aux fraises. Et ceux qui connaissent déjà le titre et veulent le reparcourir doivent se mettre dans la tête qu’ils retrouveront la physique de l’époque. Dommage.
- Le remake graphique fonctionne bien
- Un scénario solide
- Le lore impressionnant
- Une grosse durée de vie
- Les déplacements beaucoup trop lourds
- Le remake ne fait pas de bien à tous les personnages
- Techniquement à la ramasse
- Une prise en main compliquée
Quel dommage que ce Outcast : Second Contact ait tant de défauts, car on voulait l’aimer ! Le titre original possède une histoire riche, des centaines de mots à découvrir dans un champ lexical créé pour l’occasion… Malheureusement le jeu loupe la marche et est plombé par une maniabilité aux fraises et une technique d’une autre époque. Les fans de la première heure s’y replongeront avec plaisir pour retrouver les sensations d’alors, mais les autres ne s’y attarderont pas longtemps, même si le jeu vaut la peine de s’y pencher.