Dakar 18, le test après toutes les mises à jour
- Editeur:Namco Bandai Entertainment
- Developpeur:Bigmoon Entertainment
- Supports:PC, PS4, Xbox One
- Genres:racing, Simulation Automobile
- Nombre de joueurs:1 à 2
- Date de sortie:18 septembre 2018
15 ans que l’on attendait ça ! Le retour du Dakar Rally en jeu vidéo. Et voilà que le studio portugais Bigmoon Entertainment a signé un contrat pour trois jeux basés sur le plus célèbre des Rallyes-Raid. Néanmoins, face au CV des développeurs, on pouvait faire preuve d’inquiétude. Et, malgré beaucoup de bonne volonté, de très bonnes idées et du réalisme, la déception est toute proche. Vous allez comprendre pourquoi dans notre test de Dakar 18 !
Dakar 18, sorti trop tôt ?
Annoncé discrètement fin 2017, Dakar 18 est sorti en septembre dernier. Sauf que depuis, les mises à jour pleuvent pour le jeu. Gameplay, technique, réalisation graphique, réalisation sonore… tout y passe ! La preuve, le copilote en français vient à peine de débarquer dans le jeu… et encore, uniquement sur PC à l’heure où l’on écrit ce test. Imaginez, le jeu fait plus de 83GB alors qu’à la sortie il prenait une trentaine de gigas sur votre disque dur. En fait, c’est un peu comme si Bigmoon Studios avait sorti un early-access en septembre dernier. Bref, on se demande vraiment s’il n’aurait pas été positif d’annuler Dakar 18 pour directement sortir le 19 en même temps que l’épreuve dont il est tiré. En tout cas, le postulat de départ commence mal. Voilà, aussi, pourquoi, nous avons voulu attendre pour vous proposer notre test du jeu. Il nous semblait illogique de vous proposer une critique d’un jeu pas vraiment terminé.
Dans Dakar 18, vous pouvez tout conduire : voitures, camions, motos, quad et même SSV ! Et, comme le jeu est sous licence, vous avez accès à un certains nombre de véhicules et pilotes officiels. Il en va de même pour les livrées, toutes officielles. Comme souvent, malheureusement, la sélection est restreinte et certains noms manqueront à l’appel. En même temps, difficile de proposer les 500 équipages qui prennent part au Dakar chaque année. Néanmoins, les fans seront aux anges. Il est aussi agréable de voir que Laia Sanz est au casting du jeu. A l’instar d’un WRC, ce Dakar 18 comblera les fans du Rallye-Raid avec un contenu officiel et sous licence.
Il en va de même pour les spéciales de l’épreuve, dans sa version 2018. On retrouve les 14 étapes de la 40e édition du Dakar. Un superbe travail a été effectué par les développeurs afin de proposer quelque chose de proche voire, parfois, de totalement conforme à la réalité. C’est bien là que ce trouve la plus grande réussite du jeu de Bigmoon Entertainment ! Une map de 20.000km² et avec une telle diversité et un tel réalisme, c’est époustouflant. Une vraie réussite et une belle exploitation de la licence par le studio portugais. C’est là que l’on voit que quinze années se sont écoulées depuis le dernier jeu vidéo Dakar. Deux générations de consoles plus tard, nous avons une magnifique reproduction virtuelle du terrain de jeu qui s’est offert aux engagés du Dakar édition 2018. En à peine 18 mois, proposer une telle réalisation est un sacré tout de force… surtout pour un « petit studio indépendant ». En plus de ça, les développeurs ont su déjà proposer un DLC qui propose un rallye du Dakar Series, donc une toute nouvelle map ! Une excellente initiative, surprenante même si on aurait préféré de nouvelles améliorations pour le jeu de base à la place.
Le Dakar, une course éprouvante.
Les développeurs avaient prévenus, ils voulaient du réalisme et souhaitaient proposer une « simulation de rallye-raid. ». Au final, c’est bel et bien le cas… enfin presque. Car, du côté de la prise en mains, celle-ci est aussi rapide que sur un DiRT 4. Le comportement est, d’ailleurs, assez arcade. D’ailleurs, en moto, on peut se la jouer Need For Speed à deux roues, et tracer à travers le désert. Si, avant la sortie, on pouvait redouter un gameplay trop « simu » et difficile à prendre en mains, ce n’est finalement pas le cas. Une bonne chose. En effet, c’est idéal pour s’immerger dans l’aventure proposée par Bigmoon Entertainment et Namco Bandai Entertainment. Cependant, d’autres aspects vous feront vite comprendre que Dakar 18 n’est pas un jeu 100% arcade. Déjà, à 4 roues, le franchissement des dunes requiert un certain savoir-faire. D’ailleurs, il est facile de passer cul par-dessus tête. De même, certains passages dans du sable mou vous mettront à l’épreuve. Il sera parfois difficile d’y passer sans s’y planter. Souvent, ces pièges seront signalés par un autre concurrent planté là. Les chocs aussi ne vous laisseront pas indemne. Ici, il n’est pas question de faire le BJ Bladwin et de tenter de battre Mads Ostberg sur le record du saut le plus long. Une bonne réception des sauts sera primordiale… sinon, bonjour les dégâts ! Les développeurs ont voulu vous permettre de pouvoir réparer. Cependant, cela se fera en échange de quelques crédits et de pénalités de temps. Ainsi, certains dégâts ne pourront être réparés. Dans le cas échéant, soit vous avez de la chance et vous pouvez rallier l’arrivée en mode animal blessé, soit vous devrez abandonner ! A sa sortie, la physique des véhicules deux roues motrices était catastrophique. Depuis, ça s’est nettement amélioré mais ça reste, parfois, encore discutable. C’est bien dommage. De même, la gestion du freinage est parfois surprenante. Souvent, les freins sont réactifs et, d’un coup, à l’instar des simulations, nécessiteront de vraiment doser et prévoir son freinage pour ne pas finir en tout droit. Surprenant.
Bigmoon Entertainment a voulu vous offrir des étapes réalistes et peuvent durer longtemps, très longtemps. Les plus longues spéciales vous prendront plus de 2 heures environ. Deux heures de course, en évitant de commettre la moindre erreur afin d’avoir une chance de gagner, c’est long… très long. Il faut le vouloir. D’autant plus que si vous quittez le jeu, vous devrez recommencer l’étape quittée ! Très frustrant. Des « checkpoints » sont présents au différents waypoints à trouver mais, malheureusement, il ne sauvegarde pas votre progression si vous quittez la partie. Et, c’est là le plus gros défaut du jeu. En effet, cette absence de la possibilité de sauvegarder sa progression peut freiner votre envie d’aller plus loin. Pire encore, les waypoints sauvegardent votre progression. Ainsi, vous pouvez revenir en cours de spéciales au dernier “checkpoint”. Or, cette astuce vous donnera directement une pénalité ! Totalement pénalisant et démotivant.
A l’inverse d’un Gran Turismo, d’un Forza, d’un WRC ou d’un MotoGP, il ne sera pas possible de faire de courtes sessions de jeu. En somme, à vous d’avoir du temps et de prendre le temps. Le tout combiné à la difficulté du titre de Bigmoon Entertainment, et voilà comment perdre en accessibilité pour un titre qui aurait pu toucher un public très large. Beaucoup de joueurs risquent d’être refroidis dès l’étape 2 ou 3. Vraiment dommage. On espère fortement que cela sera corrigé via une nouvelle MAJ ou pour Dakar 19. Sous peine de voir les joueurs échaudés fuir le titre comme la peste. Ou alors, il faudrait subdiviser chaque étape en plusieurs niveaux. Ainsi, si l’étape comporte 3 spéciales, alors on pourrait enchaîner « 3 niveaux » et sauvegarder entre chaque niveau. Moins réaliste mais plus digeste.
Dakar 18, ou comment forcer l’admiration des vrais engagés !
Les développeurs avaient prévenu dès le départ : la navigation serait au cœur du jeu, comme en vrai. Et, c’est bel et bien le cas. Comme les vrais engagés, vous devez suivre vos notes et tenter de vous repérer dans des décors idéaux pour se perdre. De plus, il faut impérativement valider les « waypoints » sous peine de recevoir des pénalités. Comme en vrai donc. Seulement, avec un copilote jusqu’à aujourd’hui en anglais, il fallait lire les sous-titres pour bien se diriger. Or, dans le même temps, il convenait de lire le roadbook, lire la piste, faire attention aux dangers et avoir une vitesse un minimum élevée pour avoir une chance de gagner le Dakar 2018. Un exercice de funambule qui manque clairement d’accessibilité et ôte pas mal de plaisir de jeu au titre. Sauf si, vous voulez une expérience « puriste » et totalement réaliste. Dans ce cas, vous serez servis ! L’ajout d’un copilote en français aide déjà beaucoup plus. Terminé les erreurs bêtes sur des fautes de compréhension/traduction. Enfin, le copilote français est là et il redonnera envie à beaucoup de joueurs de revenir sur le titre. Si vous activez la boussole pour vous guider, la navigation en devient nettement plus aisée. Des améliorations qui vont dans le bon sens et qui prouvent que Bigmoon Entertainment souhaite écouter la communauté, lui répondre et supporter son bébé jusqu’à la maturité. Une nouvelle preuve de la bonne volonté du studio portugais.
Sur deux roues, il n’y a pas de copilote. Alors, c’est à vous de vous guider. Et là, on éprouve une véritable sensation de respect et d’émerveillement envers les motards du Dakar et du Rallye-Raid en général. Lire son roadbook, se repérer et foncer sur des pistes parfois ultra-piégeuses, c’est juste très difficile en jeu vidéo… alors en vrai, on n’ose imaginer. Chapeau les artistes ! Pros ou amateurs, ce n’est pas rien. C’est peut-être aussi pour ça que les développeurs ont rendu la prise en main des motos plus aisée, plus « arcade ». Mais, en tout cas, pari réussi pour Bigmoon ! La navigation est bel et bien au cœur du jeu. Il est si facile de jardiner, de croiser l’IA dans le sens inverse, bref, de se perdre. Comme en vrai. Amusant d’ailleurs, nous avons pu terminer l’étape 2 en quelques minutes car l’arrivée n’est pas si loin du départ. Seulement, nous n’avions pas validé 95% des waypoints. La faute à une erreur d’inattention sur une note qui nous coûtera 20 heures de pénalité ! Bref, on est très loin des Dakar des années 2000 ou des autres jeux de course en monde semi-ouvert (comme Fuel par les français d’Asobo Studio qu’on aurait bien vu pondre un jeu vidéo Dakar d’ailleurs). Une réussite mais qui ôte une certaine accessibilité au jeu. Peut-être qu’un mode « très facile/assisté » avec une flèche permanente aurait pu permettre aux novices de mieux apprécier les qualités de ce Dakar 18.
Bigmoon Entertainment aurait-il oublié qu’on puisse s’amuser dans un bac à sable ?
La mode des jeux vidéo axés simulation est en plein boom. La preuve avec les nombreuses critiques sur les jeux de sports mécaniques « accessibles et fun », sur la nouvelle communauté qui entoure DiRT Rally, et sur les exigences de plus en plus poussées de certains joueurs. Dans le même temps, les jeux « machin Simulator » se vendent comme des petits pains tout en proposant un gameplay simple et accessibles et s’assimilent plus à des « simulations de vie » qu’à des jeux de course par exemple. Bigmoon Studios a voulu aller du côté de la première catégorie avec Dakar 18. Réelle volonté ou obligation du cahier des charges ? Seuls les développeurs le savent. Si le studio portugais a su proposer avec brio une vraie expérience de navigation et de rallye-raid, ils auraient pu tenter d’offrir quelques petits moments plaisirs sans prise de tête aux joueurs. Ce qui n’est pas le cas.
Ainsi, il n’est pas possible de faire une étape juste pour le fun avec le pilote de son choix. A chaque fois, il faut commencer une nouvelle carrière, choisir une catégorie et un pilote et recommencer par l’étape numéro 1. Frustrant. Un mode « chasse aux trésors » est cependant proposé. Là, on peut y choisir l’étape que l’on veut (en l’ayant débloquée au préalable dans le mode carrière). L’idée est excellente. Malheureusement, on passe plus de temps à jardiner, à se perdre qu’à vraiment s’amuser à chercher des trésors. De plus, le jeu ne propose pas de modes annexes plus fun comme Milestone a pu le proposer dans les WRC avec des modes où il fallait, par exemple, terminer un parcours dans un temps donné en cassant des objets pour gagner du temps. Ainsi, on aurait pu imaginer un concours de saut en longueur sur dunes histoire de se détendre un peu.
Le seul point fort et fun c’est que l’on peut jouer à deux en écran scindé sur la même console. Une excellente idée, tellement rare de nos jours. Là, l’amusement est au rendez-vous. Les résultats non, mais de bonnes tranches de rire vous attendent avec ce mode deux joueurs. On aurait juste aimé pouvoir faire des courses inter-catégories (camions vs motos, autos vs ssv…). Mais, ne soyons pas trop gourmands et applaudissons la présence d’un mode multi offline en écran scindé !
Aussi, on notera que graphiquement parlant Dakar 18 s’en sort plutôt bien. Une fois encore, les mises à jour permettent au jeu de Bigmoon Entertainment de s’améliorer. Les textures, certains effets/rendus visuels, et quelques détails dans les décors se sont vus considérablement améliorer depuis la sortie du jeu en septembre. Quelques effets de lumières, de boue (oui, il y en a aussi au Dakar) sont superbes. Bien sûr, Uncharted fait mieux par exemple sur ses quelques phases d’exploration en Jeep. Mais, ces deux jeux ne boxent pas dans la même catégorie. La modélisation des véhicules est soignée et d’assez bonne qualité. C’est très fidèle à la réalité. Mais, là aussi, c’est moins bien qu’un Forza Horizon par exemple. Les développeurs ont voulu rendre les pilotes et copilotes vivants et les incorporer au jeu. Une excellente idée qui a quelques répercussions sur le gameplay. Comme, par exemple, la possibilité de sortir pour explorer ou, surtout, pour tenter de désensabler son véhicule. De même, il est possible de sortir de son véhicule pour aider un concurrent en galère. Tellement réaliste et original. Malheureusement, on ne peut pas dire que les visages des pilotes et copilotes soient très réalistes. C’est même le contraire. Dommage.
Enfin, la réalisation sonore du titre est un autre point de déception dans ce Dakar 18. Surtout, pour les sons/musiques dans les menus qui sont limite indigestes et manquent de variété et de profondeur. Passons, ce sont surtout les sons moteurs qui importent. Sans être historiques, ils sont de bonne qualité. Plutôt crédibles et réalistes. On est loin d’un WRC par exemple. Là aussi, pour une première, Bigmoon Entertainment a su proposer quelque chose de réaliste et fidèle. Un bon point même si on est convaincus qu’ils pourront faire encore mieux dans Dakar 19. Terminons en évoquant le copilote. En anglais à la base, puis en français, celui-ci manque de rythme, de réactivité et de dynamisme. C’est un peu comme dans la majorité des jeux de rallyes actuels, notre copilote fait plus « lecteur » qu’ « acteur ». On aurait tellement aimé se faire guider par la douce voix chantante de Mathieu Baumel pour les francophones… ou même en anglais avec Mathieu. Espérons que ce point soit repensé dans le futur opus prévu pour l’année prochaine.
- La navigation ultra réaliste …
- Fidèle au vrai Dakar
- Toutes les catégories de véhicules sous licence
- Plutôt joli
- Jouer à deux en écran splitté !
- … au détriment de l’accessibilité et du plaisir de jeu
- Trop de MAJ tue la maj
- Un jeu pas fini
- Menus austères
- Pas de partie rapide possible
- Il faut avoir du temps pour y jouer
Que penser alors de ce Dakar 18 ? Si vous cherchez une aventure brute, réaliste, difficile et que vous avez la patience et le temps pour de longues cessions de jeu, alors le titre de Bigmoon est fait pour vous ! Pour les autres, la déception sera de mise. Malgré un superbe travail réalisé par le studio portugais pour son premier jeu de racing ; en tant que studio de développement et non de « soutien ; le résultat manque de finition. La preuve avec les plus de 50Gb de mises à jour mis en ligne depuis la sortie du jeu. On a l’amère impression d’être face à un produit non fini.
Quelques mois de développement supplémentaires auraient pu permettre au jeu de sortir avec moins de défauts à rattraper. 3 mois auront été nécessaires pour, enfin, avoir un copilote en français ! Et ce n’est qu’un exemple. De plus, le titre manque cruellement d’accessibilité et de fun. Or, une grande partie des joueurs (sud-américains notamment) ne sont pas des puristes avides de réalisme au détriment du plaisir de jeu. N’oublions pas qu’un jeu vidéo est, avant tout, un produit de loisir fait pour se détendre et s’amuser. Ainsi, même si la durée de vie est impressionnante, de nombreux joueurs laisseront tomber au bout d’une heure ou deux de jeu. Et, c’est vraiment dommage car, le travail sur la modélisation du monde « Dakar » est de grande qualité. Bigmoon a une bonne base et sait faire preuve d’attention et de volonté. A eux de revoir leur copie pour Dakar 19, car, en face, les joueurs seront moins indulgents…