Disaster Report 4 : Summer Memories sur Switch – tremblement de test
- Editeur:NIS America
- Developpeur:Granzella
- Supports:Nintendo Switch, Playstation 4
- Genres:Survie
- Nombre de joueurs:1
- Date de sortie:7 avril 2020
Disaster Report 4 est un jeu de survie rescapé de ses propres ruines. En effet, initialement prévu pour 2011 la veille du tremblement de Terre à Tōhoku et de la catastrophe de Fukushima, le jeu fut reporté puis carrément annulé. En 2015 le jeu refait surface à la suite de l’acquisition de la licence par le studio Granzella, avant de repasser sous les radars jusqu’à sa sortie sur PS4 au Japon en 2018, puis en 2020 en Europe sur la même console, ainsi que la Switch. C’est sur cette version que nous avons joué afin de vous proposer notre test dans les colonnes du Mag Jeux High Tech.
Disaster Report 4 : c’est comme un tremblement de terre
Disaster Report 4 commence avec du texte sur fond noir, où l’on vous demande comment vous réagiriez en cas de tremblement de terre. Cette introduction paraît anodine mais elle annonce en fait parfaitement la couleur de l’aventure qui vous attend. Tout est affaire de choix. Lors de cette première question de multiples réponses s’offrent à vous et vont vous permettre de vous forger le personnage de votre choix. Allez-vous tenter de sauver égoïstement votre vie ? Sauvez ceux que vous aimé ? Aidez des inconnus ? Aller piller des magasins ? À vous de voir ce que vous allez répondre.
Ensuite vous allez créer votre avatar, masculin ou féminin. Forme du visage, couleur de peau, coupe et couleur de cheveux… Et vous voici dans un bus en direction de : à vous de choisir. Vous alliez flâner au parc ? En entretien d’embauche ? À une réunion de travail ? Hop, il faut encore faire un choix afin de façonner un personnage à son image. Ensuite, on enchaîne sur un nouveau choix : une femme âgée monte dans le bus : vous lui laissez la place gentiment, en soufflant pour montrer que ça vous embête ou vous restez assis parce que bon, y’a pas de raison ? Et c’est là qu’intervient l’élément perturbateur : tous les téléphones du bus retentissent afin de signaler un tremblement de Terre.
Le bus se renverse et vous en sortez plus ou moins indemne afin de commencer votre aventure. Les routes sont barrées, les bâtiments menacent de s’effondrer, les véhicules sont retournés, les gens paniqués… Et vous, qu’allez-vous faire ? Vous allez avancer dans ce bourbier en essayant, ou pas d’aider les gens. Vous allez écouter des rescapés vous raconter leur vie, leur problème, et allez réagir en conséquence. En fonction de votre empathie ou votre antipathie, vous gagnez des points de moralités ou d’immoralités. Ces derniers n’ont pas d’autre vertu que de vous forger un caractère dans le jeu, mais que vous pouvez changer à volonté. C’est-à-dire que vous pouvez agir comme le dernier des hommes avec un survivant, et être mielleux avec le suivant.
La survie au cœur du jeu
Bien sûr, qui dit tremblement de terre dit situation d’urgence et donc survie obligatoire. Votre personnage va se voir attribué une jauge de fatigue, de stress, de faim et de soif qu’il va falloir satisfaire sous peine de voir apparaître l’écran de Game Over. Rien de bien compliqué, vous allez pouvoir vous reposer et déstresser sur un des nombreux points de sauvegarde du jeu. Pour la nourriture et la boisson, il va falloir fouiller un peu les décors à la recherche de denrée. Sachez que vous aurez aussi une jauge pour aller faire pipi. Il faudra donc rentrer dans l’un des nombreux bâtiments à la recherche des commodités.
Il va donc falloir gérer convenablement l’inventaire dans Disaster Report 4 : Summer Memories. Au fil du jeu, vous allez tomber, en fouillant un peu, sur des sacs à dos avec différentes capacités de stockage. À vous de voir lequel est le plus pratique afin de vous en équiper pour transporter le plus d’objets possible. Il va donc parfois falloir faire des choix et se séparer d’objets importants au profit d’autres. Notez qu’il est également possible de ramasser des nouvelles tenues (vous commencez le jeu en tailleur/costume) afin de vous changer en cours de route. Cela donne lieu à des situations un poil grotesque ou, en plein tremblement de terre, vous êtes habillé(e) en chef cuistot avec une toque sur la tête.
Voici les principes de base du jeu, qui se déroule ensuite de la même façon. Vous arrivez dans une zone à explorer, et pour passer à la suivante il faut trouver quoi faire. Discuter avec des PNJ, éventuellement les aider, explorer des bâtiments, déclencher des animations (souvent des bâtiments qui s’écroulent pour vous barrer la route, limitant ainsi le concept de monde ouvert). Quand vous aurez trouvé quoi faire et que vous aurez déclenché la suite des événements, vous pourrez passer à la scène suivante et recommencer. Bien sûr il y a quelques passages qui viennent briser un peu la routine, même s’ils ne sont toujours pas réussis (le passage en bateau), mais ils ont le mérite d’exister et de faire varier un peu le gameplay.
Disaster Report 4 : Summer Memories d’un autre âge
Comme nous l’avons dit en introduction, Disaster Report 4 : Summer Memorie aurait dû sortir en 2011, soit il y a neuf ans. Alors certes, le jeu a été remanié depuis le temps. Mais on sent qu’il vient d’une époque que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Les animations ne sont pas fluides, il y a des temps de chargement à tout bout de champs (dès que vous approchez d’une personne ou d’un endroit où il faut faire quelque chose) mais surtout : le jeu rame. Le nombre de FPS à l’écran s’emballe complètement dès qu’un bâtiment s’écroule, rendant le tout saccadé et illisible. Il n’y a plus qu’à faire comme les PNJ à l’écran : se mettre au sol et attendre que ça passe.
D’autres problèmes surgissent, comme l’IA des PNJ. Nous sommes arrivés dans une zone sous un pont d’autoroute et les PNJ tournaient en rond comme dans un hippodrome. Ils attendaient que nous déclenchions la scène d’effondrement du pont pour s’enfuir en courant. D’ailleurs, quelques comportements sont assez bizarres aussi, scénaristiquement parlant. Des bâtiments s’effondrent et des gens meurent. Mais certains PNJ ne se préoccupent que de leur entretien d’embauche qu’ils viennent de rater. Mieux encore : vous rentrez parfois dans des buildings pour trouver des bureaux pleins à craquer de gens qui continuent à vivre leur journée comme si de rien n’était. Parfois on a l’impression d’être les seuls à vivre cette tragédie.
Le jeu nous donne des points de moralité ou d’immoralité en fonction de nos actions. Mais finalement cela n’a aucun impact sur le déroulement du jeu. Seulement sur la réaction de quelques PNJ. Notez que souvent vous pouvez relancer un dialogue et changer de réponse. Vous récupérez des objets esthétiques, comme de nouvelles boussoles, mais vos objectifs ne sont pas sur la carte. Il va donc falloir fouiller la zone pour trouver comment avancer. D’ailleurs le jeu est en japonais pour ce qui est des voix, et en anglais pour les textes. Pas à mettre entre toutes les mains donc.
Néanmoins le jeu n’est pas désagréable à jouer. Il possède un charme désuet propre à certaines sensations de retrogaming. Et le joueur a envie de progresser pour découvrir ce qu’il va advenir de son personnage, qu’il façonne comme il le souhaite au cours de l’aventure. Bref, un jeu sorti un peu trop tard, qui plus est dans une période où les gens ont plutôt envie d’évasion que de catastrophes naturelles.
- Un concept original et prenant
- Un aspect parfois décalé, à la japonaise
- Trop de temps de chargement
- Le nombre de FPS qui chute lourdement dès que l'écran s'anime
- Pas de VF
- Des choix sans impact
Disaster Report 4 : Summer Memories n’est pas un mauvais titre, mais il accumule les circonstances néfastes. Daté de 2011, il souffre des défauts de son vieil âge, malgré des efforts apparents pour le mettre au goût du jour. De plus, il est sorti en pleine pandémie, à un moment où les joueurs avaient sûrement plus envie de s’évader dans Animal Crossing, par exemple. Alors certes on peut s’amuser à se faire un personnage totalement dénué de moral qui va draguer tout ce qui bouge en pleine catastrophe naturelle, voler dans les magasins ou encore laisser des êtres humains mourir en continuant son chemin.
Mais nous sommes bien vite rattrapés par la réalité du jeu, ses problèmes de FPS, sa rigidité d’un autre temps, ses murs invisibles, etc. Après le jeu n’est pas mauvais, loin de là, c’est même un agréable moment à passer. Parfois lunaire, parfois hors du temps, souvent décalé… Disaster Report 4 : Summer Memories est un ovni vidéoludique à prendre avec le même recul nécessaire à son développement qu’il faut apprécier pour ce qu’il est : un voyageur temporel.