TEST : Danganronpa V3 : Killing Harmony (Playstation 4)
- Editeur:NIS America
- Developpeur:Spike Chunsoft
- Supports:PS Vita, PS4
- Genres:Visual Novel
- Nombre de joueurs:1
- Date de sortie:26 septembre
Danganronpa V3 : Killing Harmony : quand Battle Royale rencontre Les Dix Petits Nègres
Pour son troisième opus canonique, Danganronpa se dote non seulement d’une version PS4 mais également de sous-titres français. L’heure est venue de lever le voile sur les qualités et défauts de ce titre aux côtés des étudiants de la Hope’s Peak Academy. Que le procès commence !
Il était une fois…
Avant de rentrer dans le vif du sujet, faisons un rapide tour du propriétaire afin de présenter la saga des Danganronpa à celles et ceux qui ne seraient pas familiers avec elle. Celle-ci a débuté en 2010 au Japon avant de débarquer en 2014 chez nous, exclusivement sur PS Vita. Le premier jeu, intitulé « Danganronpa : Trigger Happy Havoc » vous plaçait dans la peau de Makoto Naegi, un étudiant qui se réveillait dans une bien étrange académie… Amnésique et entouré d’autres étudiants, il allait bien vite découvrir qu’il était prisonnier d’un ours maléfique au but… mortel. En effet, l’ours Monokuma autoproclamé directeur de la Hope’s Peak Academy a réuni les étudiants « Ultimes » dans leur domaine dans le but de les faire s’entretuer. Mais attention, pas n’importe comment : il faut tuer son prochain sans se faire prendre ni démasquer lors du procès. Si c’est réussi, l’élève meurtrier peut quitter les lieux sur ses deux jambes, tandis que ses camarades connaissent un sort funeste. Si le meurtrier est démasqué, il est exécuté par Monokuma à l’issue du procès, et la vie continue à l’académie jusqu’au prochain meurtre.
Le titre se présente comme un Visual Novel, c’est-à-dire qu’il est composé quasi-intégralement de textes à lire pour faire avancer l’intrigue. Le but est donc de récolter des indices sur ce qu’il se passe dans ce lieu étrange, discuter avec ses camarades afin de développer des liens sociaux (un peu à la manière d’un Persona), enquêter sur le meurtre une fois qu’il a lieu, et enfin débattre lors du procès de classe afin de déterminer qui est le coupable. Mais nous reviendrons sur les différentes phases de gameplay lorsque nous parlerons de ce troisième opus, celles-ci n’ayant peu ou pas évolué depuis le début.
Sachez juste pour finir cette introduction que le jeu a donc connu un second volet sous-titré « Goodbye Despair », ensuite un spin-off sous la forme d’un jeu d’action aventure « Ultra Despair Girls », une déclinaison mobile qui n’est pas sortie de l’archipel nippone intitulée « Unlimited Battle » et enfin un jeu qui est plus une démo technique pour la réalité virtuelle : « Cyber Danganronpa VR: The Class Trial ».
Monokuma mon amour
« Danganronpa V3 : Killing Harmony » commence comme les précédents jeux : votre personnage se réveille amnésique dans un lieu inconnu, entouré de gens tout aussi inconnus. Alors que tout le monde cherche à savoir ce qu’ils font là, vous allez vite faire la connaissance des Monokumers, les enfants de l’ours Monokuma ! Pendant le prologue, ils vont expliquer le fonctionnement de l’académie, comme je l’ai décrit plus haut, afin que les nouveaux joueurs ne se sentent pas perdu dans cet univers complètement fou, et que les anciens retrouvent leur marque avec une petite piqûre de rappel. Les règles sont donc les mêmes : si vous voulez sortir vivant de là, il va falloir tuer ou démasquer chaque tueur.
Comme il s’agit d’un Visual Novel, vous vous doutez bien qu’il vous sera impossible de faire des choix qui influeront sur le cours de l’aventure : le scénario est sur des rails et à vous de les suivre afin d’aller jusqu’au bout de l’aventure. Celle-ci se découpe d’ailleurs en plusieurs parties : il y a tout d’abord ce qu’on appelle la vie scolaire : vous vous déplacez librement dans l’académie, sous la forme d’un FPS. Un viseur à l’écran vous permet d’intéragir avec les éléments du décor et les autres étudiants. Vous profiterez de ces moments pour faire avancer l’intrigue en parlant aux personnages clés et en vous rendant dans les lieux stratégiques du jeu. Parfois, vous aurez du temps libre afin de vous déplacer librement, sans but scénaristique à poursuivre. Ces moments vont servir à passer du temps avec tel ou tel étudiant afin de renforcer vos liens sociaux. Ils pourront se conclure par l’offrande de petits cadeaux afin de créer vraiment des liens encore plus forts s’ils correspondent à la personnalité de votre interlocuteur.
Quand un meurtre a eu lieu, toujours en vue FPS, vous devez rassembler les preuves et les témoignages afin de mener à bien le procès à venir. Pas d’inquiétude à avoir sur le fait de louper un indice primordial ou un témoignage crucial : tout est sur des rails et le procès ne commencera que lorsque vous aurez tous les éléments en main. Et c’est là que les choses sérieuses commencent.
OBJECTION !
Si les phases en FPS prennent le temps de poser l’action, les personnages, les situations et les enquêtes, c’est lors des phases de procès de classe que tout se joue et où la tension est à son comble. Lors de ces moments qui rappellent furieusement une autre série vidéoludique nipponne « Ace Attorney », vous allez devoir réfuter les arguments de vos camarades, trancher (littéralement) leurs mensonges, gagner des débats et éventuellement faire éclater la vérité au grand jour.
Toujours sous forme textuelle, les élèves vont maintenant débattre et confronter leurs théories sur l’identité du tueur. Bien sûr, en tant que joueur vous avez bien votre petite idée mais dans le monde de Danganronpa, il ne faut rien tenir pour acquis. Retournements de situation, volte-face, révélations de dernière minute : il faut compter sur ce cocktail explosif pour donner du piment aux délibérations. Le gameplay varie légèrement ici : il va falloir lire les arguments des étudiants, et dès que vous repérez un point faible, une contradiction ou un mensonge, il faut lui envoyer dessus la preuve de son erreur. Sous forme de balles de pistolet, il faut viser l’erreur et lui tirer dessus pour la détruire. S’ensuit alors une phase de débat où, cette fois, c’est avec une épée qu’il vous faut trancher tous les arguments adverses afin de prendre le dessus. Parfois, vous serez même amené à mentir pour forcer un autre élève à se révéler, en transformant l’un des arguments en mensonge. Et enfin, lors de la confrontation finale, il s’agira d’un jeu de rythme où il faudra appuyer sur les boutons au bon moment afin de dévoiler le coupable pour finalement assister à son exécution.
Le procès prend alors fin et vous retournez à votre vie estudiantine jusqu’au prochain meurtre et procès. Au fur et à mesure de l’avancée, de nouvelles zones de l’école se dévoilent, ainsi que des secrets et des mystères qui vont donner du corps au jeu. Car oui, comment tenir en haleine le joueur pendant plusieurs heures avec seulement du texte ?
Verbeux mais pas que
Comme je l’ai dit tout au long du test, Danganronpa V3 est un visual novel, une aventure textuelle, donc il y a du texte. Les développeurs ont donc forcément mis l’accent sur le scénario puisque c’est là que réside toute l’essence du jeu. Et le moins que l’on puisse dire c’est que c’est réussi. Certes, il y a beaucoup à lire mais cela permet d’intégrer le joueur complètement dans l’univers barré de la Hope’s Peak Academy. Les autres personnages vont rapidement devenir des connaissances et vous n’aurez qu’une hâte : lancer le jeu pour les retrouver. Qu’ils soient antipathiques, gentils, mystérieux ou excentriques, vous allez très vite vous y attacher, avoir des soupçons sur l’un, vouloir qu’un autre meurt, un autre pas… L’immersion scénaristique est parfaitement réussie. Pour ce qui est des personnages, nous sommes dans un univers manga, donc nous retrouvons certains stéréotypes propres aux codes du shônen : la brute, la bimbo, l’intello, le ténébreux, celui qui a déjà fait de la prison… Ce qui est dingue quand on sait que ce sont des étudiants âgés de seulement 16 ans ! Mais ça colle parfaitement au jeu donc on ne s’en étonne pas.
D’ailleurs ne cherchez pas d’explications rationnelles au comment du pourquoi : qui dirige l’ours Monokuma, y’a-t-il quelqu’un dedans ? Pourquoi personne ne recherche les étudiants disparus ? D’ou sortent les salles géantes pour la mise à mort des coupables ? Non, ça il faut l’accepter dans le postulat de départ de jeu et le commencer en se disant que de toute façon, tout est complètement barré. En adoptant la logique du jeu, vous parviendrez sans trop de difficulté à anticiper certains évènements même si le dénouement de chaque procès et, à terme, celui de l’histoire, devrait vous surprendre et pas qu’un peu.
Du côté des graphismes, nous sommes dans un manga donc forcément c’est coloré. Les décors sont plutôt jolis, lors des phases de de vie commune on évolue dans des environnements 3D plutôt sympathiques. Par contre, vos petits camarades qui errent dans les couloirs sont représentés en 2D, tout plats, comme s’ils étaient de simples silhouettes de carton. Il en va de même pour Monokuma et ses Monokumers, ce qui donne une pâte unique au titre. Après on peut se dire que le jeu aurait pu être plus beau et proposer quelque chose de plus moderne, vu que c’est la même formule depuis le premier jeu, mais comme il s’agit de son identité, au final ça passe plutôt bien. Notez en plus que les journées sont entrecoupées par des petites cut-scenes humoristiques mettant en scène Monokuma et ses enfants. D’ailleurs, les ours maléfiques n’hésitent pas à briser le 4ème mur à plusieurs reprises, en se plaignant parfois de la longueur du prologue ou en faisant référence aux jeux d’avant. Loin de nous sortir de l’histoire, ces petits moments WTF apportent une touche d’humour supplémentaire à un jeu qui n’en manque pas.
Pour l’ambiance sonore, vous avez le choix entre les voix japonaises ou anglaises pour les dialogues. Je ne saurai que trop vous recommander les voix japonaises afin de renforcer encore plus l’immersion, mais les deux versions disposent d’un doublage de qualité. Ensuite, pendant les phases d’exploration, les musiques se font plutôt discrètes et agréables, toujours dans l’ambiance de la situation. C’est lors des phases de procès ou pendant les apparitions de Monokuma qu’on passe à un petit rock un peu plus stressant sur lequel se pose une voix monocorde qui renforce le côté complètement barré du titre.
Le jeu dispose de nombreux éléments à débloquer et m’est avis que si vous voulez décrocher tous les trophées, plusieurs parties seront de mise. Au final l’aventure est aussi prenante que plaisante et on revient dessus avec plaisir.
- Un scénario bien travaillé et plein de rebondissements
- Une ambiance folle et pleine de charme
- Les sous-titres français
- Les procès sous tension absolument délectables
- L’univers manga très bien rendu
- Quelques lenteurs dans la narration
- Peu de replay value
- Une université bien vide
Danganronpa V3 : Killing Harmony n’est pas à mettre en toutes les mains : violent, adulte, verbeux, parfois complexe, il pourra en rebuter plus d’un. Mais les joueurs qui prendront la peine de se plonger dans le monde sanglant de l’ours Monokuma passeront assurément un excellent moment.
Le scénario tient en haleine de bout en bout et chaque procès est un instant de tension et de retournement de situation absolument délicieux. Certes, parfois la solution à certains débats peut paraître obscure, mais une fois que la logique du jeu est intégrée, vous serez le Sherlock de la Hope’s Peak Academy.
L’univers visuel et sonore flattera vos sens et vous prendrez plaisir à lancer le jeu jusqu’au dénouement final. En bref, c’est une bonne pioche pour qui n’a pas peur d’un peu de lecture et qui veut savourer ce jeu comme on le fait avec un bon polar le soir au coin du feu.