Test de Ghost of Yōtei sur PS5, le GOTY à portée de katana

Par Benjamin Barois , le 14 octobre 2025 - 10 minutes de lecture
GHOST OF yotei

Il faisait partie des grands noms attendus en cette fin d’année 2025 : Ghost of Yōtei, la suite spirituelle de Ghost of Tsushima. Une formule similaire, avec une héroïne animée par la vengeance, cette fois à l’ombre du Mont Yōtei. Sucker Punch revient avec un titre fort qui nous a laissé la bouche béante pendant de nombreuses heures.

Je suis la vengeance

Si vous n’avez pas fait Ghost of Tsushima, titre phare de la PS4 qui a connu un très bon Director’s Cut sur PS5, ce n’est pas très grave. L’action de ce Ghost of Yōtei prend place 300 ans après les événements du premier jeu. Pourtant, le squelette est plus ou moins le même, en tout cas le motif l’est : la vengeance. Dans Ghost of Yōtei, on incarne Atsu, une jeune femme qui revient à Ezo, l’actuelle Hokkaido, pour venger sa famille assassinée par Les Six de Yōtei.

Atsu chevauche devant le mont Yōtei dans Ghost of Yōtei

Ce gang peu scrupuleux est composé du Serpent, de l’Oni, du Kitsune, du Dragon, de l’Araignée et du Seigneur Saito, autoproclamé seigneur de l’île. Ils ont eu le malheur de laisser Atsu pour morte, embrochée à un tronc d’arbre, mais la jeune fille a survécu. Après avoir erré et s’être entraînée, la voici de retour à Ezo, le nom des meurtriers de ses parents inscrits sur sa ceinture, à laquelle pend un katana, seize ans après les faits. Et ça va saigner.

Atsu va traquer Les Six de Yōtei dans les différentes régions du jeu. Chacun d’entre eux faisant en quelque sorte office de boss de zone, avant de se retrouver face à Saito. Chaque région est vaste, comprend son lot de missions, de quêtes annexes et de zones secrètes à trouver pour renforcer Atsu. La jeune femme va aussi apprendre à manier de nombreuses autres armes afin de devenir une lame mortelle que personne ne voit venir, le fameux fantôme de Yōtei. Ou plus précisément, la légende de l’onryo, un fantôme du folklore japonais.

Ghost of Yōtei vous laisse libre d’avancer comme vous voulez

Ghost of Yōtei se présente comme un jeu d’action/aventure en monde ouvert. Au tout début, vous vous retrouvez dans la zone principale, qui servira en quelque sorte de point de départ pour tout. C’est là que se trouve la maison de vos parents, avec la forge pour améliorer les armes. Tout autour se trouvent d’autres zones à découvrir où se terrent Les Six de Yōtei. Vous allez donc mener l’enquête pour savoir où ils se cachent précisément, et comment s’approcher d’eux où les faire sortir de leur tanière pour leur faire payer leurs actes.

Atsu marche sur une corde dans Ghost of Yōtei

En ça, le jeu est bien fait et laisse au joueur une certaine liberté. Vous n’avez pas d’obligation à trouver les Six de Yōtei dans un certain ordre, vous pouvez y aller comme vous voulez. Ça permet de laisser le temps d’explorer les lieux et de découvrir des autels, sources chaudes et autres lieux qui permettent de renforcer Atsu. Il ne faut d’ailleurs pas négliger cet aspect, car les ennemis ne seront pas tendres avec vous. Et surtout : quel plaisir d’explorer les décors de Ghost of Yōtei.

Si vous vous prenez au jeu, vous n’allez jamais vous y ennuyer. Vous mettez un point sur une carte pour suivre une mission et en chemin, vous croisez une caravane itinérante, un renard affectueux, une tanière de loup, ou même juste des objets à ramasser pour améliorer votre équipement. Et vous déviez invariablement de votre chemin. C’est comme ça que je me suis personnellement retrouvé à escalader le Mont Yōtei dans les premières heures du jeu, juste parce que j’ai suivi un chemin qui me paraissait sympathique. Le mieux, c’est que la curiosité est souvent récompensée et même si vous tombez sur un campement de bandit, tous les éliminer vous permettra de looter ou de profiter de l’excellent système de combat.

Des armes à ne plus savoir qu’en faire

Au tout début du jeu, vous êtes équipée de votre seul katana. C’est celui de vos parents, celui qui vous a été planté à travers le corps quand vous étiez jeune. La symbolique est donc là, mais ce n’est pas la seule arme que vous allez manier. Dans les régions d’Ezo, vous allez rencontrer différents maîtres d’armes qui vous apprendront à maitriser de nouveaux arts. Comme vous parcourez le jeu à votre façon, vous pouvez essayer de tout maîtriser avant de continuer l’aventure. Ou vous pouvez maitriser complètement une arme, vider la région de son tyran et passer à la suivante.

Gros plan sur le bras d'Atsu qui attrape le pommeau de son katana dans Ghost of Yōtei

En plus du katana, vous disposez d’un arc et de bombes à lancer, de différents types. Je vous laisse le plaisir de la découverte, accompagné de celui de les utiliser. En jeu, c’est plutôt bien fait : avec L2, vous sortez votre arme de jet et vous pouvez, avec les flèches directionnelles, choisir celle que vous souhaitez utiliser. Avec R2, vous dégainez votre katana et pouvez aussi alterner avec les autres armes grâce au flèche.

Ce ballet permet de changer d’arme à la volée sur le champ de bataille et ainsi s’adapter à ce à quoi manient vos adversaires. En gros, c’est un système de pierre/feuille/ciseau amélioré, avec la lance qui est forte contre les armes à deux mains, mais moins que le katana, qui lui est fort contre les lances, etc. Bref, plus vous avancez et débloquez des armes, plus vous êtes à même de vous battre contre tous les types d’ennemis.

Une ambiance incroyable, des objectifs qui se répètent

Malgré toutes ses indéniables qualités, Ghost of Yōtei n’évite pas un écueil incontournable des jeux ouverts : la répétition. Si vous n’allez pas en ligne droite et que vous souhaitez tout explorer avant d’avancer dans la quête principale, comme je l’ai fait, vous allez vite voir les ficelles derrière le titre. Non pas qu’elles soient gênantes, puisque l’exécution est exemplaire, mais elles ont tendance à tourner en rond. Les missions annexes, au final, sont peu ou prou les mêmes, avec des scénarii différents. Mais le but est similaire : protéger un pauvre habitant en sabrant des hordes d’ennemis qui viennent l’attaquer.

Atsu devant un superbe paysage dans Ghost of Yōtei

Mais Sucker Punch a été assez malin pour masquer ses ficelles derrière de bonnes idées. Par exemple, en fonction de l’ordre dans lequel vous faites l’aventures, les PNJ feront des réflexions sur vos actions passées. Ainsi, vous entendrez parler du meurtre de tel ou tel personnage en fonction de vos actions, ce qui renforce vraiment l’immersion dans le jeu. Toutes les quêtes, principales comme secondaires, sont renseignées sous forme de cartes dans le menu. Vous choisissez celle qui vous intéresse, placez le point d’intérêt sur la map, et le vent vous guide.

Tout comme dans Ghost of Tsushima, le vent vous indique la direction dans laquelle aller pour rejoindre votre destination. Une façon maline de se débarrasser de toute indication extradiégétique à l’écran. Quand vous passez en mode chevauchée, deux bandes noires apparaissent, donnant un stylé cinéma au jeu. D’ailleurs, dans les options, vous avez des modes d’affichage selon quelques grands réalisateurs japonais. Avec une caméra plus resserrée, par exemple, mais qui fait que les ennemis autour sont moins visibles. Ou encore un mode Watanabe avec une musique lo-fi permanente, pour celles et ceux qui veulent se perdre dans les paysages magnifiques du jeu.

Le son de Ghost of Yōtei, ça carillonne dans les oreilles

L’ambiance sonore de Ghost of Yōtei est toute aussi léchée que le reste. Vous pouvez bien sûr changer la langue parlée dans le jeu et il y a un doublage français intégral. Celui-ci est de bonne facture, avec une bonne prononciation des noms et mots japonais. Jouer en japonais est une autre façon de renforcer l’immersion dans le jeu. Tous les acteurs sont convaincants, en tout cas les principaux. Comme d’habitude dans ce genre de production, c’est plus aléatoire dans les PNJ, mais rien qui ne nous sorte de l’expérience globale.

Duel au sabre dans Ghost of Yōtei

La musique est un quasi-sans-faute, avec des compositions de Toma Otowa qui se fondent parfaitement dans l’ambiance du jeu. Quelques morceaux se répètent, notamment dans les phases d’action et d’infiltration. Sans oublier le sound design des armes, des lames qui s’entrechoquent, des corps qui tombent au sol : tout est vraiment bien travaillé et quand on joue au casque, c’est un régal. Ça bruisse, ça crisse, on joue du shamisen pour se détendre, on passe devant une cascade, on galope dans les vastes prairies : du miel dans les oreilles.

Un souffle de vie dans le monde ouvert

Ce qui frappe également, c’est la gestion du climat et de la faune au fil de l’aventure. Ghost of Yōtei ne se contente pas d’être beau : il est vivant. Une averse peut se lever en plein combat, rendant le terrain glissant et modifiant vos déplacements, tandis que des animaux imprévus s’invitent dans la scène, parfois alliés, parfois hostiles. Cette sensation de spontanéité rend chaque affrontement unique et renforce l’impression d’un monde qui continue de tourner, même sans vous.

Les systèmes de survie intégrés, eux aussi discrets mais efficaces, ajoutent une dimension immersive. Les longues marches dans les régions enneigées obligent Atsu à gérer sa résistance au froid, via des équipements trouvés ou améliorés. Les zones volcaniques, elles, introduisent une pression supplémentaire avec des fumées toxiques qui usent la jauge de vie. Ces éléments, loin d’alourdir le rythme, amènent une variété bienvenue dans l’exploration.

Atsu joue du shamisen dans Ghost of Yōtei

Autre point marquant : le cycle narratif lié aux saisons. Chaque région d’Ezo évolue au fil des mois, impactant la flore, les accès et même certains comportements ennemis. Affronter un boss à l’automne, entouré de feuilles rouges sous un vent violent, n’a pas la même ambiance que le même duel au printemps, sous un ciel clair. C’est une approche subtile qui donne envie de revisiter certaines zones simplement pour profiter de leur métamorphose.

Enfin, il faut saluer le soin apporté aux interactions avec les PNJ neutres. Les artisans, conteurs ou simples villageois ont parfois des anecdotes ou de micro-quêtes qui ne rapportent pas grand-chose en termes d’objets, mais beaucoup en immersion. Cette densité narrative diffuse et ces instants “hors combat” rappellent l’importance de la respiration dans une histoire de vengeance, donnant à Atsu plus de profondeur et à Ezo plus de relief.

Ghost of Yōtei confirme Sucker Punch comme l’un des rares studios capables de marier spectacle, liberté et immersion émotionnelle. Si sa structure en monde ouvert reste classique par moments, ses détails environnementaux, sa narration évolutive et son sens du rythme font de ce voyage au pied du Mont Yōtei une expérience qui prend aux tripes. À l’heure où beaucoup se contentent de grossir la carte et d’ajouter des marqueurs, ce jeu prouve qu’il suffit parfois d’un vent bien placé, d’un paysage habité et d’une héroïne implacable pour accoucher d’un vrai GOTY à portée de katana.

Ghost of Yotei est disponible sur Amazon ou directement sur le Store de la PS5.

Article publié le 14/10/2025 à 5h53

Benjamin Barois

Rédacteur, traducteur et occasionnellement designer graphique Je joue donc je suis. Ne se prend pas au sérieux depuis 1985. Joue sur : PS5, Switch, 3DS, Vita et retro gaming

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