Test de Last Day of June sur Switch : souffle (trop) court
- Editeur:505 Games
- Developpeur:Ovosonico
- Supports:Nintendo Switch, PC, Playstation 4
- Genres:aventure
- Nombre de joueurs:1
- Date de sortie:31 août 2017 (PS et PS4), 16 mars 2018 (Switch)
La Switch est devenue le repère des jeux indé et des portages en tout genre. Dernier en date : Last Day of June, un jeu sorti le 31 août 2017 sur PS4 et PC et le 16 mars 2018 sur la console de Nintendo. Au menu : des émotions, un peu de réflexion et l’effet papillon.
Jusqu’où irez-vous pour sauver l’être aimé ?
Last Day of June raconte l’histoire d’un couple d’amoureux, Carl et June. Ils vivent dans un cottage au bord de l’eau avec quelques voisins aux alentours. Tout va pour le mieux, c’est l’amour fou et nos deux personnages décident d’aller sur la jetée. Alors qu’ils partagent un bon moment, le temps se gâte et les force à écourter leur sortie. Mais sur le chemin du retour survient un malencontreux accident puis c’est le trou noir…
Carl se réveille seul dans sa maison plongée dans l’obscurité. La faim le pousse à se lever seulement voilà, Carl est maintenant en fauteuil roulant. On comprend très vite que June n’est plus là. Et dans cette atmosphère sourde, un miracle va se produire… Les tableaux de June représentant les différents habitants de votre hameau vont s’illuminer, vous permettant de vous plonger dedans et d’incarner les personnages qu’ils représentent.
Ainsi en jouant à tour de rôle le petit garçon, la voisine, le chasseur et le vieil homme vous allez tenter de modifier le cours des événements afin de sauver June. Car oui, la cause de l’accident est due à l’un d’entre eux. Sauf que l’effet papillon va s’en mêler et qu’il va falloir faire attention à ce que l’on fait…
Gameplay minimaliste et narration efficace
Mettons tout de suite les choses au clair : Last Day of June est un jeu avant tout narratif. Quand nous disons plus haut qu’il faut faire attention à ses actions, ne croyez pas que vous aurez des choix cruciaux à faire dans le jeu. Non, celui-ci avance en ligne droite et vous n’aurez qu’à réfléchir à comment influer sur le cours du temps en résolvant de petites énigmes environnementales. Par exemple : le petit garçon a besoin de la corde pour faire voler son cerf-volant et la voisine en a besoin pour attacher ses affaires sur sa voiture. Comment arranger tout le monde ?
Dans les faits vous allez jouer les personnages les uns après les autres. Quand vous aurez débloqué plusieurs tableaux, vous pourrez faire des aller/retour entre eux afin de modifier le comportement des personnages en conséquence avec vos actions les plus récentes afin d’éviter l’accident fatal. Mais peut-on seulement éviter l’inévitable ?
Car au-delà de la petite dose de réflexion qu’on vous demandera (le seul bouton utilisé est A pour interagir avec les objets), c’est dans sa narration que Last Day of June est efficace. Et pourtant les personnages ne s’expriment qu’en onomatopées, ils n’ont pas d’yeux pour transmettre des émotions… Mais ça fonctionne très bien. On se prend d’affection pour eux, on découvre leur petit village et on en tombe amoureux instantanément. On a envie de sauver June alors on va tout faire pour que les événements tournent en notre faveur. Malheureusement le destin semble s’acharner sur nos personnages au fur et à mesure que l’histoire avance, jusqu’au dénouement déchirant.
Pas parfait, mais pas loin
Graphiquement, le jeu est très joli. On a l’impression d’évoluer dans un long-métrage d’animation à mi-chemin entre du Tim Burton et ce que font les studios Aardman (Wallace et Gromit). C’est superbement animé et les personnages se déplacent en toute fluidité. Certes le terrain de jeu est limité au village, que l’on parcourra à de nombreuses reprises avec les différents protagonistes, mais on y découvre toujours quelque chose de nouveau. Notamment parce que chaque personnage va ouvrir de nouvelles portes et de nouveaux lieux à explorer.
La bande-son est elle aussi de qualité. Signée Steven Wilson, elle est remplie de morceaux instrumentaux et atmosphériques qui traduisent les émotions, les lieux et le cadre. A la fois tragiques, mélancoliques, envolés, les morceaux ne laissent pas indifférents et accompagnent à merveille cette aventure un poil trop courte.
Car en effet, Last Day of June souffre de quelques défauts. La durée de vie n’en est pas vraiment un car le jeu aurait perdu à être plus long. La narration tient très bien en 3/4h et faire plus serait revenu à faire du remplissage qui aurait nuit à la qualité finale du produit. Du coup on peut critiquer le prix du jeu (19,99€) qui aurait gagné à être divisé par deux. D’autant plus que la rejouabilité est moindre : certes il y a cinq bribes de mémoire à retrouver par personnages, disséminés dans le village, mais c’est tout. Comme le titre n’offre pas de fin alternative ou de choix, une fois qu’il est fini on ne le relance pas, sauf pour le faire découvrir à d’autres.
L’autre défaut, en tout cas lors de ce test sur Switch, ça a été les ralentissements lors des mouvements de caméra. En effet lorsqu’on combinait déplacements du personnage + rotation de la caméra, l’image avait tendance à saccader et à ramer avant de se restabiliser. C’est arrivé assez souvent pour que l’on soit gêné dans le jeu et du coup ça nous ressortait un peu de cette belle expérience.
Car oui, malgré tout, Last Day of June reste une aventure émotionnelle intense qui nous fait nous poser des questions assez graves sur la vie, la mort et l’amour. Alors si l’expérience vous tente et que les jeux qui misent tout sur leur narration plutôt que sur leur gameplay ne vous rebutent pas, vous pouvez y aller les yeux fermés. Tiens, j’ai quelque chose dans l’œil moi d’ailleurs…
- C'est très beau, autant l'univers que les personnages
- La bande-son s'intègre parfaitement au jeu
- Le jeu parvient à nous émouvoir
- Quelques ralentissements
- Trop cher
Last Day of June est une expérience unique, poétique et dramatique. La direction artistique et la bande-son nous plongent dans ce petit monde avec un plaisir indéniable, malgré quelques soucis de ralentissements. On sort du jeu après 3/4h intenses à essayer de changer le cours du destin la larme à l’œil et l’estomac serré. Dommage que le titre soit vendu un peu trop cher car il n’y a aucune rejouabilité. Toutefois il est conseillé de le faire découvrir à votre entourage, notamment à des personnes ne connaissant pas les jeux vidéo : vous leur montrerez ainsi qu’il ne s’agit pas que d’écraser des gens et de tuer des nazis. La poésie y a aussi sa place.