Test de Lost Records: Bloom & Rage Tape 1 “Bloom” sur PC : 4 jeunes filles dans le vent
- Editeur:Don't Nod Entertainment
- Developpeur:Don't Nod Entertainment
- Supports:PC, PS5, Xbox Series
- Genres:aventure, narratif
- Nombre de joueurs:1 joueur
- Date de sortie:18 février 2025
“Bloom” est le premier volet du dyptique de Lost Records, le nouveau titre de Don’t Nod. Un studio qui a gagné le cœur des joueurs avec les deux premiers Life is Strange, Tell Me Why ou encore l’excellent Jusant, plus récemment. Avec Lost Records: Bloom & Rage, Don’t Nod revient à ses premières amours en proposant une aventure narrative qui fleure bon la nostalgie.
Lost Records: Bloom & Rage, souviens-toi l’été d’il y a 27 ans
Été 1995, Velvet Cove. Swann Holloway est une jeune fille de 16 ans qui n’a pas beaucoup d’ami(e)s, est fan de cinéma et se promène tout le temps une caméra à la main. La jeune fille, quelque peu replète, a du mal à s’imposer et ne jure que par ce qu’elle voit à travers l’objectif. Mais qu’importe, son père a trouvé un nouveau travail au Canada, et à la fin de l’été, elle va déménager.
Alors que la jeune femme s’en va rendre sa VHS de Dark Crystal au magasin du coin, elle fait la rencontre de Nora, Autumn et Kat. Trois autres ados en plein dans leur sweet sixteen, les deux premières formant même un groupe de punk rock, dans la veine des Riot Grrrl. Ce quatuor impromptu va vite devenir inséparable, né de cette passion aussi intense que fugace qui gagne les ados le temps d’un été. Un moment suspendu dans le temps, que l’on aimerait figer à tout jamais.
Nora, c’est la rebelle du groupe : grande, longiligne, la peau rongée par une acnée galopante, avec une teinture douteuse. C’est la guitariste et la chanteuse du groupe. Autumn, jeune métisse aux mèches vertes, est la voix de la raison, là où Nora représente le chaos, c’est la bassiste du groupe. Kat, elle, a encore un physique d’enfant et cache un esprit sombre et rebelle qui lui permet d’écrire pour le groupe. Quant à Swann, le personnage que l’on incarne, elle se greffe à tout ce beau monde pour filmer des moments de vie, immortaliser cet été ’95, autour duquel tourne l’intrigue du jeu.
Mais qu’est-ce qu’il y a dans cette boîte ?
Le jeu débute 27 ans après ce fameux été 1995. Autumn a contacté les filles pour leur donner rendez-vous au bar de Velvet Cove, car elle a reçu un drôle de colis. Celui-ci est emballé avec des papiers journaux sur lesquels il est inscrit “Only for Bloom & Rage” (le nom du groupe punk des filles) avec des dessins ésotériques. Nous incarnons toujours Swann qui, avant de rejoindre Velvet Cove, est au téléphone avec sa mère qui se plaint de ne pas voir assez sa fille.
Pourquoi êtes-vous de retour à Velvet Cove 27 ans après ? Que s’est-il passé pendant cet été 1995 qui a fait que Swann, Autumn, Nora et Kat ne se sont plus jamais vues après ? Et, tout comme Brad Pitt à la fin de Seven, on se demande bien ce qu’il y a dans ce paquet. L’intrigue se met en place dans ce premier épisode “Bloom” et trouvera sa conclusion dans la Tape 2 “Rage” qui sortira le 15 avril 2025.
Mais là, vous avez une belle exposition des faits, avec des passages en 1995, des passages en 2017, qui déroulent les faits et font progresser l’intrigue à petits pas. Quelques révélations vous attendent sur le chemin, mais dans l’ensemble, attendez-vous plutôt à une aventure narrative assez linéaire où vous allez dérouler le quotidien de quatre ados de 16 ans en 1995 et tout ce que ça implique.
Un manque de rythme qui dessert un peu l’aventure
Comme on l’a dit, le jeu se passe sur deux timelines. En 2017, on incarne Swann en vue à la première personne. La majorité de l’action se situe dans le bar de Velvet Cove et vous rattrapez le temps avec les filles tout en essayant de vous rappeler ce fameux été 1995 et pourquoi on vous enverrait ce mystérieux colis. Car, en plus de ne pas savoir ce qu’il y a dedans, nos héroïnes semblent avoir partiellement oublié cet été pourtant si marquant. Un peu comme dans “Ça” de Stephen King où les personnages oublient tous les événements quand ils quittent la ville.
Quand le jeu se déroule en 1995, il passe en vue 3ème personne, toujours dans la peau de Swann. Vous repassez éventuellement en vue FPS lorsqu’elle dégaine son caméscope, chose que vous serez amené à faire assez souvent dans le jeu. L’histoire avance donc sur les deux plans pour essayer de vous faire comprendre les enjeux de cette histoire.
Le petit souci, c’est que justement, les enjeux, il n’y en a pas tant dans cette première partie. On suit Swann, la rencontre avec les autres, la découverte du groupe et quelques pérégrinations lors de ces journées d’été. Et entendons-nous bien, ce n’est pas désagréable du tout. Si vous aimez les walking simulator et que vous avez la nostalgie de votre adolescence des années 90 : l’ambiance est merveilleusement retranscrite. Mais on se surprend à se demander, à intervalles régulier, quand va survenir l’élément un peu perturbateur qui va faire décoller l’intrigue.
Malheureusement, il n’arrive pas vraiment. On ne va pas en dire trop pour ne pas spoiler l’histoire, mais je n’ai pas eu ce moment de bascule où je suis passé de la mise en place des événements à leur perturbation. J’ai eu l’impression de jouer à une longue scène d’exposition puis, au bout de 8h environ, j’ai eu 30 minutes où quelques éléments de réponse (ainsi qu’autant de nouvelles questions) m’ont été donnés.
Lost Records: Bloom & Rage, le meilleur simulateur des années 90
Pour autant, le jeu a réussi à m’emporter à de nombreuses reprises. Tout simplement parce qu’on y est bien. Il fait beau, les oiseaux chantent, il y a de la musique folk en fond, les copines sont cools et on s’amuse. Pour le presque quadragénaire que je suis, ça m’a donné des flashbacks de mes propres étés, les colonies de vacances, ces instants trop courts qu’on aimerait étirer à l’infini pour en profiter encore et encore.
Les développeurs de chez Don’t Nod maîtrise totalement cet aspect-là. Jusqu’au sound design : le bruit des VHS qui se rembobinent dans le magnétoscope, les cassettes dans le poste qui se lisent… Il y a même des cartouches de Super NES dans lesquelles on peut souffler ! Les potards de la nostalgie sont poussés au maximum et ça fonctionne, en tout cas pour moi. Difficile de savoir si un joueur ou une joueuse né après les années 2000 ressentira la même chose.
Sans oublier la bande-son qui accompagne nos pérégrinations. Entre les morceaux originaux créés pour l’occasion ou ceux existants déjà et utilisés pour illustrer certains passages : c’est un sans-faute. Don’t Nod nous a habitué à la copie parfaite quand il s’agit de l’OST et une fois encore, ils ne faillissent pas à leur mission. On retrouve des références dans quasiment toutes les scènes, que ce soit à de vrais éléments de pop culture ou même aux précédentes production du studio. Les fans seront aux anges, certaines scènes fourmillent de détails et nous donne envie de tout parcourir.
Un gameplay on ne peut plus simple, mais on n’en demande pas plus
La grande majorité du temps dans Lost Records: Bloom & Rage, on marche. Vous allez discuter, interagir avec des éléments du décor, observer des objets ou des scènes. Un bouton permet à Swann de dégainer son caméscope. Grâce à lui, vous pouvez filmer votre environnement et ainsi créer des “mémoires”. Ce sont des vidéos thématiques composées de ce que vous avez filmé. Par exemple, il y a un mémoire sur les insectes, les oiseaux, la chasse, vos copines, le château d’eau de la ville, etc.
À vous, donc, de dégainer le caméscope et de passer en mode “found footage” pour essayer de capturer toutes les mémoires possibles. Le jeu vous offre même la possibilité de faire un peu de montage en organisant les séquences comme bon vous semble. Vous pouvez ensuite les visionner et les remonter à l’envie pour créer le souvenir parfait. Il y a des mémoires obligatoires, pour faire avancer l’intrigue, et d’autres optionnels qui feront le bonheur des complétionnistes et des chasseurs de trophées.
Pour le gameplay, c’est à peu près tout. Lost Records: Bloom & Rage ne propose pas de QTE. Vous n’avez qu’à choisir les réponses qui vous plaisent lors des dialogues. Le jeu fait tout pour que vous soyez attentif car certaines réponses n’apparaissent qu’après un certain temps. Il ne faut donc pas se précipiter pour répondre, car certaines répliques peuvent améliorer ou détériorer vos liens avec les autres filles du groupe. Et souvenez-vous, chaque choix aura des conséquences.
Un univers graphique reconnaissable au premier coup d’œil
Quiconque a déjà fait un Life is Strange, Tell Me Why ou même Twin Mirror reconnaîtra immédiatement la patte du studio en termes de graphismes et d’environnement. Don’t Nod n’a pas son pareil pour créer une atmosphère cocoon, avec un petit village que ses habitants n’aiment pas mais dans lequel on irait bien s’installer, nous, joueurs. Tout le monde se connait, il y a un lac à côté, il a l’air d’y faire bon vivre, bref : un petit coin de paradis sur terre.
Les quatre héroïnes sont reconnaissables aussi, chacune avec ses particularités aussi bien physiques que de caractère. Elles ont une vraie personnalité, un vrai background, et leur relation évolue naturellement au fil de ces quelques journées d’été passés en leur compagnie. Encore une fois, Don’t Nod sait planter un décor aussi bien devant nos yeux que dans notre tête.
Le test de cette version a été réalisé sur PC, avec les options automatiquement mises au plus bas. Il y avait quelques petits soucis de clignotements, parfois, des textures qui ne chargeaient pas. Mais rien de grave, d’autant qu’il s’agit d’une version preview et que la version finale aura sûrement été améliorée. Version finale qui amène aussi une VF complète, dont nous aurons l’occasion de reparler lors de la sortie de Tape 2 : Rage, car elle n’était pas disponible sur Tape 1 : Bloom.
Lost Records: Bloom & Rage, un jeu doudou
Maintenant se pose la question de : est-ce que Lost Records: Bloom & Rage est fait pour vous ? Et là, c’est plus épineux. Indéniablement, le jeu va trouver son public parmi les fans de Life is Strange, de Don’t Nod, de jeux d’aventure contemplatifs et les nostalgiques des années 90. Mais est-ce qu’une personne étrangère aux précédentes productions de Don’t Nod peut se perdre dans Lost Records ? Tout est une question d’affinité.
Pour faire une petite parenthèse subjective, le jeu est pour moi ce que j’appelle un jeu doudou. Un titre qu’on va relancer de temps en temps pour se prendre une bouffée de nostalgie enrobée dans un bel écrin. La musique, les images, l’histoire racontée font vibrer ma fibre nostalgique et j’ai aimé chaque instant passé dans le jeu. Mais ce ne sera sûrement pas le cas de tout le monde.
Lost Records: Bloom & Rage est un jeu qui prend son temps, et le vôtre en passant. À l’heure où le temps d’attention devant un écran est de plus en plus réduit, avec des TikToks scindés en deux où il se passe 1000 choses à la seconde, Lost Records fait le pari inverse. Celui de nous faire souffler un peu, le temps de quelques heures, de nous faire prendre le temps d’admirer ce qui nous entoure, de profiter du moment présent. En espérant que la seconde partie laisse la place aux enjeux narratifs qui nous tiendront en haleine. Mais cela reste du grand Don’t Nod.
Lost Records: Bloom & Rage Tape 1 “Bloom” est disponible sur PC, PS5 et Xbox Series.
- L'ambiance des années 90
- Un sound design et une OST au top
- Des personnages attachants
- Un jeu qui prend son temps
- Pas de vrais enjeux narratifs dans cette première partie
- Quelques bugs audio
Est-ce que diviser Lost Records: Bloom & Rage en deux parties est une bonne idée ? Pour les développeurs, sûrement, mais pour le joueur, ça nous laisse quand même l’impression d’avoir jouer à une longue, très longue introduction. Dans cette Tape 1 : Bloom, il ne se passe pas grand-chose. Et c’est dit dans le titre : Bloom, l’éclosion, les choses se mettent doucement en place.
Et en soi, ce n’est pas une mauvaise chose. Comme on l’a dit dans le test, à une époque où les joueurs sont abreuvés de whatmille signaux sonores et visuels à l’écran, un jeu qui revient à l’essentiel et qui prend son temps, ça fait du bien. Il n’empêche que l’on reste un peu sur sa faim lorsqu’apparaît le générique de fin de ce premier épisode. Certes, la dernière demi-heure nous lance quelques os à ronger, mais ça ne suffit pas à calmer la faim de réponses qui nous tenaille.
Nous avons volontairement omis de trop rentrer dans les détails de ce qu’il se passe dans le jeu, pour préserver la surprise. Mais voilà, en jouant à Lost Records, en tout cas cette Tape 1, vous savez à quoi vous vous exposez. Si vous aimez les jeux narratifs, c’est parfait. Si vous vous attendez à un rythme plus soutenu en termes de révélations, attendez peut-être la sortie de Tape 2 pour faire le jeu complet d’une traite.