Test de South Park : l’Annale du Destin
- Editeur:Ubisoft
- Developpeur:Obsidian
- Supports:PC, Playstation 4, Xbox One
- Genres:RPG
- Nombre de joueurs:1
- Date de sortie:17 octobre 2017
Trois ans après le Bâton de Vérité, la franchise South Park revient dans un nouvel opus vidéoludique mettant en scène la bande de sales gosses du Colorado. Fini les décors heroic-fantasy, place ici aux super-héros, au Coon et à sa bande, et à vous, le nouveau, dit « Trouduc ». C’est parti !
J’prends la route de South Park
Le jeu s’ouvre sur les ruines fumantes de la bataille finale du Bâton de Vérité. Cartman, Stan, Kyle et leurs potes sont toujours en costume quand soudain ils décident de changer de jeu. Pourquoi ? Une affiche placardée sur un poteau promet 100$ de récompense à quiconque retrouvera Sacripan, un vieux matou mité porté disparu. Les enfants terribles ont besoin de cette somme afin de financer leur franchise de super-héros.
Ni une ni deux ils troquent leurs frusques de mage et de chevalier contre celles du Coon, l’Homme Cerf-Volant et bien d’autres. Le joueur, lui, incarne toujours le nouveau, personnage mutique et façonnable à loisir qui se verra attribuer toutes les tâches ingrates du jeu. Vous commencez donc par une personnalisation en bonne et due forme, et l’esprit South Park frappe dès ce moment-là. En effet, rien qu’en choisissant la couleur de peau de votre héros, vous modifiez la difficulté du jeu : vous avez la peau claire ? Pas de problème. Vous avez la peau noire ? Les combats ne seront pas plus durs mais tous les objets coûteront plus cher en magasin. Une bien belle façon de dénoncer les travers actuels de notre société made in Trey Parker et Matt Stone !
Après avoir créé votre personnage, vous allez choisir votre classe avec Cartman (RPG oblige), suite à quoi ce dernier vous expliquera vos origines super-héroïques tragiques. Ne vous inquiétez pas, quoi que vous choisissiez vous aurez toujours la possibilité de changer en cours de route, et surtout, votre trauma de base est et restera que vous avez vu votre père coucher avec votre mère.
Vous voilà donc lâché dans South Park.
Bourpifs et fiche de personnage
Votre première tâche sera de vous faire des amis via le réseau social local : Coonstagram. Pour cela, vous allez arpenter les rues de la ville à la recherche d’habitants qui veulent bien se laisser prendre en selfie avec vous. Cela donne l’occasion de (re)découvrir la ville, fidèlement reproduite, de South Park, Colorado. Les habitués du premier jeu ou de la série TV y prendront vite leur marque, la map n’ayant peu ou pas évolué. Les bâtiments emblématiques sont là, avec quelques mises à jour pour s’adapter au contenu télévisuel récent, comme Shi Tpa Town ou encore SoDoSoPa. Vous pourrez explorer la ville librement dès le début, mis à part quelques lieux fermés qui demandent certaines aptitudes pour les ouvrir.
La ville regorge d’activités et de collectibles à ramasser. Les habitants vous demanderont parfois de remplir quelques quêtes annexes (retrouver les chats d’Al Super Gay, réconcilier Tweek et Craig, etc.) et quelques ennemis s’y cachent en embuscade pour vous attaquer.
Le système de combat a d’ailleurs évolué par rapport à l’opus précédent, où vos personnages étaient immobiles sur le terrain et s’affrontaient face à face à la Final Fantasy de l’époque. Maintenant il vous est possible de vous déplacer de case en case afin de vous rapprocher ou de vous éloigner des ennemis, selon la portée de vos attaques, façon J-RPG. Le système de malus a été conservé ainsi il vous est possible de dégoûter vos ennemis avec divers fluides corporels, de les brûler ou de les faire saigner afin qu’ils perdent régulièrement de la vie (ces malus peuvent aussi s’appliquer à vous, notez).
Chaque combat remporté vous octroie des points d’expériences qui font monter une jauge. Une fois pleine, elle va débloquer un emplacement d’artefact que vous pourrez remplir afin d’augmenter vos stats. Oui, contrairement au jeu précédent où il fallait débloquer des compétences en dépensant des points gagnés en combat, ici il faut acheter, trouver ou crafter des artefacts à placer sur votre héros pour le booster. Oui, le craft est aussi une nouveauté et il vous faudra fouiller et frapper tout ce qui est possible pour dénicher de la matière première (mais ne vous inquiétez pas, il y en a à foison).
Un super-héros dans le vent
Revenons un instant sur les combats et la classe de votre personnage (les classes même, puisque vous pouvez en cumuler plusieurs dans le jeu) : elles permettent de débloquer des attaques aux effets et à la portée différente selon ce que vous choisissez, et vous ne pouvez en choisir que trois en tout, plus une attaque ultime. A vous de voir ce qui vous intéresse en fonction de votre style de jeu, si vous préférez être un tank ou un support, vous choisirez telle ou telle attaque, ainsi qu’un artefact plutôt qu’un autre car il boostera votre style de jeu.
Le système de combat est donc un peu plus fouillé que dans le premier épisode et ce n’est pas une mauvaise chose. Là où dans le premier les costumes faisaient la force, ici vous pouvez vous habiller comme bon vous semble, il s’agira de bien gérer vos artefacts. D’ailleurs vous ne vous battrez pas (toujours) seul puisque trois de vos camarades seront à vos côtés. Mis à part certains passages où vous serez obligé de vous battre seul ou avec un seul allié. Là aussi, il faut choisir consciencieusement ses alliés afin d’équilibrer votre équipe pour frapper fort et encaisser peu.
Pour gagner de l’XP, il n’y a pas que les combats et les missions principales, il y a aussi tout un tas de petits défis à remplir que vous pouvez retrouver dans votre fiche de personnage : battre X types d’ennemis, avoir un certain nombre de followers sur Coonstagram, etc.
Tout comme dans le premier jeu, votre personnage ne parle pas mais se sert énormément de ses fesses et sa capacité à péter de façon… originale. Au fil de votre aventure vous allez débloquer différentes aptitudes liées à votre anus (d’où le nom du jeu) vraiment très drôles et qui servent le gameplay : le pet temporel, qui permet de rembobiner l’action de quelques secondes ou encore de la mettre en pause. Vous pourrez également vous envoler avec vos pets, ou y brancher une sableuse afin de faire disparaître des obstacles ou encore péter au nez d’un de vos camarades afin de le rendre plus puissant.
Du South Park pur jus
Si ce dernier paragraphe vous a paru bizarre ou surréaliste, alors South Park n’est pas pour vous. Que ce soit les jeux ou la série. L’esprit irrévérencieux et trash est bel et bien présent et rien ne vous sera épargné : le graveleux, le vulgaire, tout y passe. Mais dans South Park rien n’est vraiment gratuit et chaque blague, insulte ou autre sert au jeu. Ainsi, en début de combat si un de vos adversaires vous insulte et que vous considérez que cette insulte est une micro-agression à votre genre, sexe, orientation ou autre, vous pouvez alors aller lui donner un coup gratuit sans attendre votre tour.
Côté graphisme, rien à redire nous sommes dans South Park. La série a ça pour elle que son animation est des plus simples à reproduire ainsi que ses décors. Du coup on a vraiment l’impression d’évoluer au sein d’un épisode de la série et en termes d’immersion on ne peut pas faire mieux. D’autant plus que tous les personnages et lieux culte sont là et font des références à la série que seuls les connaisseurs peuvent reconnaître. Attention toutefois, si le jeu vous intéresse mais que vous ne connaissez pas la série, vous risquez d’être un peu décontenancé. Le titre fait beaucoup de références et de blagues à des événements survenus dans la série et vous risquez de passer à côté de beaucoup de chose dans le jeu, dommage.
Seule ombre noire au tableau : la VF. Cela a fait grand bruit avant la sortie du jeu mais les voix françaises ne sont pas toutes les officielles. La faute à certaines parties du jeu qui ont dues être refaites mais qui n’étaient pas prévues dans le contrat des doubleurs originaux. Faute de pouvoir trouver un accord, Ubisoft s’est rabattu vers d’autres voix et les fans qui vont jouer en VF seront forcément déçus. Dommage quand on sait que ce problème n’est arrivé que chez nous et que les autres pays bénéficient eux des doublages officiels de leur langue. Mais bon, un puriste sait que South Park s’aime et s’apprécie en VO de toute façon.
Petit détail dans le jeu mais qui montre l’importance qui a été accordée à l’ambiance du titre : on fond tout cela ne reste que des enfants qui jouent ensemble, il faut le rappeler. Et du coup il n’est pas rare qu’en plein combat dans la rue, l’un des gosses s’écrie « VOITURE » et tout le monde s’écarte sur le trottoir, sort son portable pour regarder 2/3 trucs pendant que le véhicule passe (et lâche une petite insulte au passage) avant de reprendre la bagarre. C’est un détail mais c’est vraiment excellent !
Au rang des petits bugs et regrets, quelques problèmes d’affichage sont apparus dans le titre avec des textures qui se superposent parfois, comme dans le bureau de Mackey où mon personnage se trouvait au premier plan, lui derrière, et pourtant il apparaissait au-dessus de moi, alors que la chaise sur laquelle il était assis elle, était derrière. La V.F., bien évidemment, est à déplorer aussi mais nous n’allons pas revenir dessus, tout comme le fait que ce soit un poil trop réservé aux fans. L’absence d’une touche pour sprinter est aussi à déplorer, même si elle est compensée par la présence de points de déplacement rapides.
Au final et malgré quelques défauts, South Park : L’Annale du Destin est un très bon jeu d’aventure qui ravira les fans de la saga avec des mécaniques de jeu pas trop compliquées mais pas évidentes non plus, avec son lot de surprises, de révélations, d’énigmes et d’humour gras. A ne manquer sous aucun prétexte !
- L'univers de South Park très fidèle
- On a toujours envie de continuer pour en voir un peu plus
- La V.O. excellente
- Un gameplay accessible et stratégique
- La V.F. non officielle
- Quelques bugs d'affichage et de latence
- Un peu trop de quêtes FedEx
South Park est décidément un excellent jeu, si tant est que l’on est fan de la série. Les graphismes, s’ils ne peuvent pas se comparer à un AAA photo-réaliste, sont un copié/collé de ce qu’on voit dans la série TV. La V.O. est d’enfer, on retrouve les voix et les musiques originales. Les quêtes ont l’équilibre parfait : ni trop longues ni trop courtes, elles donnent ce côté “aller encore une et j’arrête” et 3h plus tard vous y êtes toujours pour explorer de nouveaux lieux accessibles avec les pouvoirs débloqués. Bref, on ne boude pas son plaisir avec South Park : L’Annale du Destin et Obsidian a su délivrer un jeu drôle, bête et méchant et c’est ça qui est bon.