Test de Zanki Zero: Last Beginning sur PS4 : vivre, mourir, recommencer
Spike Chunsoft est un studio de développement japonais connu, entre autres, pour ses jeux Danganronpa, 428: Shibuya Scramble, Jump Force, les Pokemon Mystery Dungeon et bien d’autres encore. Aujourd’hui ils nous reviennent avec Zanki Zero, sous-titré Last Beginning hors du Japon, un JRPG atypique sur fond de fin du monde. Imaginé après la sortie du premier Danganronpa, il n’a été développé qu’après la sortie du troisième volet pour ne sortir qu’en juillet dernier au Japon et le 9 avril 2019 dans le reste du monde.
Tête de clone
Zanki Zero: Last Beginning raconte l’histoire de huit personnages, seuls rescapés après ce qui semble être la fin du monde. Ils se réveillent sur ce qu’ils appellent Garage Island et se rendent vite compte qu’ils ont à la place du nombril une sorte de croix directionnelle de manette vissée. Ils apprendront très vite qu’ils sont en fait des clones d’eux-mêmes et que leurs souvenirs et leurs aptitudes sont stockées dans cette fameuse croix directionnelle qui, une fois insérée dans une machine d’arcade, va générer un clone du personnage version enfant.
Les clones ont une durée de vie de treize jours au cours desquels ils passeront du stade d’enfant à celui de jeune adulte, d’adulte et de vieillard avant de mourir pour renaître en enfant si tant est que vous les ranimiez via la machine. Leurs capacités changeront en fonction de leur âge, mais nous y reviendrons plus tard. Bref, sur l’île les héros devront survivre, subvenir à leurs besoins et découvrir pourquoi ils sont là. Il y a donc une grande composante survie/RPG avec le parti pris étonnant de nous faire jouer à la première personne.
Chaque chapitre est dédié à un personnage que l’on incarnera, on croisera donc les autres dans l’aventure, et ce sera l’occasion pour le joueur d’en découvrir plus sur son background, son pêché et la raison de sa présence sur l’île. En effet on parle de péché car chaque personnage du jeu est relié à l’un des sept péchés capitaux, plus un mystérieux huitième dont l’utilité sera révélée en tant et en heure. Et donc à chaque chapitre un bout de ce qui reste du monde et qui dérive sur l’océan se rapprochera de Garage Island, vous permettant de l’explorer, ramasser du loot, une pièce pour réparer l’Extend Machine (le générateur de clone) et l’améliorer et enfin lever le voile sur le passé de chaque personnage.
Les directives générales du jeu vous sont données par le biais d’une vieille télé en noir et blanc qui s’allume en temps voulu et où deux personnages (dont un fait penser à Monokuma dans Danganronpa) vont vous exposer votre mission du moment. Ces personnages reviendront régulièrement et ce sont eux qui vous dévoileront en temps voulu le passé des personnages via le biais de VHS où sont enregistrés des pans de vie des héros. Ces deux personnages sont irrévérencieux et drôles, ils apportent une petite touche de décompression dans les moments les plus tendus même si leur présence intrigue autant qu’elle inquiète.
Simulateur de marche
Alors dans les faits comment ça fonctionne ? On l’a dit, le jeu est à la première personne et on se déplace en utilisant la croix directionnelle. Le stick sert à fouiller l’écran à la recherche d’éléments interactifs et L1 et R1 servent à pivoter à droite et à gauche. Je vous le dis, niveau prise en main c’est pas top au début, il faut du temps pour se faire aux commandes, surtout lors des combats.
Car oui, il y a des combats dans le jeu : vous allez rencontrer des animaux et des ennemis sur les différentes parties de l’île que vous allez explorer. Il faut tuer les premiers pour ramasser de la viande qui servira à vous nourrir et remonter votre jauge d’endurance et il faut tuer les seconds pour survivre et looter. Les combats se déroulent en temps réel, il faut appuyer sur carré pour porter un coup (à condition que l’ennemi soit à portée) avec vos mains nues ou une arme si vous en avez. Et oui, parmi le loot il y a des armes, de l’équipement et de quoi crafter ou améliorer votre base !
En effet, Garage Island est le hub central d’où vous partez et il est possible de l’améliorer en construisant des structures qui amélioreront votre quotidien : toilettes, atelier, entrepôt, cuisine, etc. Vous pourrez vous en occuper dès que vous serez sur Garage Island, entre deux missions ou quand vous aurez décider de rentrer parce que vous êtes trop mal en point lors d’une exploration de donjon. Chacun de ses bâtiments vous servira : la cuisine permet d’améliorer les rations qui redonneront plus d’endurance, l’entrepôt permet de stocker du matériel (autrement ce sont vos compagnons qui servent de mules), les toilettes, bon, je ne vais pas vous faire un dessin… Tout ceci est important car vos personnages ont des besoins et des capacités qui changent en fonction de leur âge, comme on l’a expliqué au-dessus.
En exploration, vous constituez une équipe de quatre personnages. Les quatre autres sont l’équipe de support et servent, en général, à porter tout le loot que vous trouverez. Vous pouvez en donner aussi aux personnages principaux mais si vous leur en faites trop porter, vous ne pourrez plus bouger et serez à la merci des éventuels ennemis. Il faut donc constituer son équipe avec soin : les jeunes ont plus d’endurance mais moins de points de vie, tandis que les plus âgés ont plus de vie et moins d’endurance. A vous de trouver l’équilibre en fonction de votre pool de persos.
Jonglage permanent
Quand un personnage meurt, son inventaire tombe au sol et vous avez le choix de le laisser là pour retourner le chercher plus tard ou le ramasser tout de suite pour le répartir parmi les survivants. A vous de bien calculer votre coup pour ne pas vous retrouver bloqué. Notez également que chaque combat vous rapporte des points de score qui vous feront non seulement monter de niveau et gagner des points à dépenser dans l’acquisition de capacités, mais ces points de score serviront à être dépensés dans l’Extend Machine pour ressusciter vos personnages tomber au combat. Là aussi il va falloir être adroit et les utiliser à bon escient sous peine de se retrouver avec une équipe décimée ou uniquement composée d’enfants, et donc plus faible.
Zanki Zero: Last Beginning est vraiment atypique, la vue FPS pour du RPG/survival est un parti pris osé qui déroute au début mais auquel on se fait plus ou moins rapidement. Visuellement, cela ressemble au dernier Danganronpa, et même les déplacements font penser à ce titre, quand on se promenait dans l’académie. On retrouve les mêmes ressorts scénaristiques avec l’éventuel présence d’un traître parmi les personnages ainsi qu’un observateur extérieur, ce qui fait naître une théorie du complot dans la tête du joueur qui va chercher à comprendre où il est. On peut faire confiance aux équipes de Spike Chunsoft pour nous réserver un final plein de rebondissement où la réalité n’est pas ce qu’on croit !
Enfin pour l’audio et le sous-titrage, on a le choix pour l’anglais et le japonais avec des sous-titres uniquement en anglais. On commence à en avoir l’habitude avec ce type de jeu au public finalement restreint : le budget pour une localisation française, ne serait-ce que pour les sous-titres, n’est pas alloué, ce qui coupe une partie du public pourtant friand de ce type de jeu. C’est dommage car malgré son scénario alambiqué et ses mécaniques de jeu un brin daté, le titre est séduisant et donne envie d’aller encore plus loin pour lever le voile sur les personnages et la véritable raison de leur présence ici.
- Un scénario intriguant
- Des personnages attachants
- Une bonne gestion de sa base
- Une très bonne durée de vie
- Une prise en main datée et peu évidente
- Pas de sous-titres français
- Un peu répétitif à la longue
Zanki Zero: Last Beginning est un bon titre, dans la lignée de ce que sait faire Spike Chunsoft. Il souffre d’un manque de localisation et d’un gameplay peu ergonomique, voire vieillissant. C’est bien dommage car le passé des huit héros et la raison de leur présence sur l’île est vraiment intéressante à suivre. Les développeurs nous sortent là un titre à mi-chemin entre le visual novel et le RPG avec des éléments de survie, le tout pour un résultat hybride qui a le cul entre trois chaises. Malgré ça on s’attache vite à cet univers et on a envie d’y revenir, ne serait-ce que pour découvrir les formes enfants/adultes/vieux de chaque personnage ou développer sa base de survie. Spike Chunsoft est le roi pour sortir des titres atypiques et celui-ci ne fait pas exception : avec un peu de persévérance il gagnerait vraiment à être connu car il sort des clous et propose quelque chose d’original dans le paysage vidéoludique actuel.