Vertigo : test du thriller inspiré d’Hitchcock
Vertigo est le nouveau jeu de Pendulo Studios, le studio espagnol à l’origine des Runaway, The Next Big Thing, Yesterday et Yesterday Origins. Ou, plus récemment, Blacksad. Ils reviennent avec un thriller interactif inspiré de Sueurs Froides, le chef d’œuvre cinématographique d’Alfred Hitchcock. Et si le jeu est bien loin des faits racontés dans le film avec James Stewart et Kim Novak, il parvient tout de même à nous surprendre à plus d’un titre.
Vertigo : Ed Miller, Dr Lomas et Shérif Reyes
Le jeu commence lorsqu’Ed Miller, un des personnages principaux, se réveille sur une route au bord d’un précipice. En bas de celui-ci, sa voiture s’est écrasée. Au loin sur un pont il voit la silhouette de son père près à se jeter dans le vide. Pris de vertige, il se dirige vers ce dernier pour tenter de le sauver. Avant d’essayer de sauter à son tour. Qui était dans la voiture accidentée ? Pourquoi est-ce arrivé ? Le père d’Ed Miller a vraiment sauté ?
Autant de questions auxquelles va devoir répondre le Dr Lomas, une psychothérapeute qui va venir à la rencontre d’Ed. Suite son accident, l’écrivain ne tient plus debout tant ses vertiges sont puissants. Il va donc, à contre-cœur, se confier à Lomas sur son passé. Il va ainsi falloir démêler le vrai du faux pour comprendre l’attitude de Miller.
Le troisième personnage est le Shérif Reyes. Un homme d’un certain âge au visage balafré qui a connu les parents de Miller. Et qui enquête sur la mystérieuse disparition d’une famille voisine de l’écrivain. Mais son destin semble étrangement lié à celui des Miller. Voici donc le point de départ de Vertigo, par Pendulo Studios.
Une aventure narrative prenante
Pendulo Studio est surtout connu pour faire des point’n’click. C’est seulement depuis le quelque peu décevant Blacksad qu’ils se tournent vers le jeu d’enquête interactif. Ainsi le gameplay se rapproche très fortement de ce que fait Quantic Dream avec Heavy Rain ou encore Detroit. Le joueur déplace son personnage à l’écran. Et il faut bouger les sticks dans certaines directions pour effectuer de temps à autres des actions contextuelles pour faire progresser le script.
Il n’y a pas d’objets à ramasser/combiner pour progresser. Il s’agit véritablement d’une enquête interactive au cours de laquelle vous allez pouvoir faire des choix de dialogue. Ils n’ont pas forcément d’impact sur le scénario, mais plutôt sur la façon dont vous appréhendez le récit. Ainsi il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de jouer, seulement plusieurs manières de comprendre l’histoire.
Malgré la simplicité de son gameplay, le jeu parvient à nous embarquer avec lui. Les révélations se succèdent et ce que l’on tenait pour acquis vole assez vite en éclats pour laisser place à autre chose. La progression se fait facilement mais toujours avec ce qu’il faut de révélations pour nous tenir en haleine. Ainsi le joueur curieux aura toujours une raison de continuer sa partie, plutôt que de l’interrompre dès qu’il y a une lenteur.
Vertigo : un jeu posé malgré quelques défauts
Vertigo dure environ une petite dizaine d’heures, plus ou moins en fonction de votre vitesse de progression. Mais comme il n’y a pas grand-chose à faire en dehors de suivre le fil conducteur du jeu, ça devrait aller vite. Point important : le doublage est intégralement en français et d’excellente qualité. On retrouve des voix connues et expérimentées qui savent être convaincantes à l’écran.
On retrouve le style graphique de Pendulo chez les personnages. À savoir des traits anguleux, presque taillés à la serpe. Un style très hispanique mais qui offre une véritable identité aux personnages. Les musiques sont également excellentes, et contribuent à instaurer une ambiance de thriller. Ce sont des variations du thème principal du film de Hitchcock qui rendent vraiment bien au cœur de l’enquête.
Malgré tout, on a quelques reproches à faire à Vertigo. Pas grand-chose, mais qui nous ressortent parfois de l’enquête. Comme quelques bugs de texture, avec par exemple la Mag Lite du shérif qui rentre dans sa jambe quand il se baisse. Ou encore le blanc des yeux qui ressort quand les paupières sont fermées. Les synchronisations labiales ont aussi parfois du mal à suivre. Et certains passages où les personnages ne parlent pas et regardent dans le vide laissent perplexe.
Un bon avis général
Pour conclure sur Vertigo : nous avons aimé. Blacksad était très attendu et après l’avoir fait sur PS4 et Switch, la douche fut froide. Et chat échaudé… Mais avec Vertigo, Pendulo remonte la pente et prouve qu’ils sont capables de proposer une aventure haletante, qui prend son temps et qui distille les thèmes du film d’Hitchcock. Mieux : on a même droit au célèbre caméo du réalisateur dans son œuvre.
Alors certes le titre ne plaira pas à tous. Nous ne sommes pas au niveau de DONTNOD ou encore de Quantic. Mais si vous acceptez la proposition de départ, il y a de fortes chances pour que vous vous fassiez embarquer. Et ne vous inquiétez pas : il n’y a pas besoin d’avoir vu le film d’Hitchcock pour apprécier pleinement le jeu. Il peut très bien s’appréhender seul. Pour les autres, ça fait quelques petites références à capter du coin de l’œil. Comme le rappel constant du tourbillon que l’on voit sur l’affiche du film Sueurs Froides. Et qui réapparaît à quelques reprises de façon subtile dans le jeu.
Bref, Vertigo de Pendulo Studios est une réussite dans la mesure de ce qu’est capable de produire les développeurs. On passe un excellent moment et les révélations en cascade donnent envie de continuer l’aventure jusqu’au bout.
- Une histoire captivante
- Une bonne durée de vie pour le genre
- Un excellent doublage VF
- Quelques problèmes de synchronisation labiale
- Des bugs de texture
Alfred Hitchcock – Vertigo de Pendulo Studios est une revisite moderne du film de 1958. Toutefois, pas besoin de l’avoir vu pour en profiter pleinement. Et il peut se savourer comme tel. Si le début peut nous perdre un peu et que la lenteur du jeu va en décourager certains, les amateurs d’enquête et de titres qui savent poser une ambiance seront aux anges. On retrouve tout ce qui fait le sel du thriller, à savoir des twists, du suspens, des révélations, de la volte-face… Le tout à un rythme régulier jusqu’au dénouement final où tout s’imbrique parfaitement. On regrette les quelques bugs techniques et l’absence de réel impact de nos choix sur le déroulement de l’histoire. Mais le tout est sauvé par une narration au poil ainsi qu’une VF des plus qualitatives qui nous transporte directement dans son univers.