Yakuza: Like a Dragon – le test ébouriffant sur PS4
- Editeur:Sega
- Developpeur:Ryu ga Gotoku Studio
- Supports:PC, Playstation 4, Xbox One
- Genres:action-rpg
- Nombre de joueurs:1 joueur
- Date de sortie:10 novembre 2020
Yakuza: Like a Dragon sort alors que le monde entier a les yeux tournés vers la Xbox Series X et la PlayStation 5. Il serait pourtant bon de garder un œil sur lui car le titre de Ryu ga Gotoku Studio. En effet, bien connu pour la série Yakuza et aussi le récent (et excellent) Judgment, le studio pourrait très bien réussir à sortir son épingle du jeu en cette fin d’année. Entre les mastodontes que sont Assassin’s Creed Valhalla, Watch Dogs Legion et le très attendu Cyberpunk 2077, Le Mag Jeux High Tech vous parle de cet outsider qui a tout pour plaire.
Yakuza: Like a Dragon – un mafieux au cœur d’or
Si Like a Dragon est précédé du nom Yakuza, c’est pour montrer aux joueurs que ce nouvel opus fait bien partie de la saga. Exit cependant le précédent héros, Kiryu Kazuma. Place à un nouveau venu, aussi costaud qu’excentrique : Ichiban Kasuga. L’histoire commence le 31 décembre 2000, avant le passage au nouveau millénaire. Ichiban est un yakuza de la famille Arakawa qui appartient au clan Tojo. Il voue un respect sans borne à son chef et patriarche qui l’a recueilli plus jeune. Lui qui a été élevé par des prostituées dans un soapland (une maison close).
Masumi Arakawa considère également Ichiban comme son fils. C’est pourquoi il lui demande, le 1er janvier, de réaliser un sacrifice considérable. Pour sauver son lieutenant, qui a assassiné quelqu’un dans la nuit, il lui demande de se dénoncer à sa place pour aller en prison. Ichiban, en homme loyal, accepte et part donc en prison pour 15 ans. Et il prend 3 ans de plus en cours de route pour avoir tabassé quelques codétenus.
2019, Ichiban sort de prison et part à la recherche de son patriarche qui l’a laissé quasiment sans nouvelles pendant sont séjour à l’ombre. Et à sa grande stupeur, il se rend compte que celui-ci a changé de clan et est passé à l’ennemi. Pire, quand Ichiban parvient à le confronter, il se prend une balle dans la poitrine et est laissé pour mort dans les poubelles. Commence alors une longue quête initiatique semées d’embûches et de rencontres.
Adieu Kamurocho, bonjour Yokohama
Les premières heures de jeu nous laissent déambuler dans Kamurocho, le quartier fictif où se déroulent les jeux Yakuza. Mais très vite, le joueur va découvrir un tout nouvel environnement : Yokohama et plus précisément le quartier fictif d’Isesaki Ijincho. Ainsi, les joueurs qui découvrent la franchise par ce Yakuza: Like a Dragon seront aussi dépaysés que les mafieux aguerris. Nouveau personnage, nouvel environnement : il est temps de revoir les bases.
Et ce ne sera pas du luxe car, comme nous allons le voir plus bas, le jeu change d’orientation. Mais continuons rapidement sur l’histoire. Ichiban est recueilli par un SDF, Nanba, qui l’emmène à son campement au milieu de la ville. Là, il va apprendre le fonctionnement de celle-ci, les clans qui la régissent. Et, nu et dépouillé, Ichiban va commencer en bas de l’échelle sociale. Vous allez donc devoir faire les poubelles, ramasser des canettes et fouiller sous les distributeurs à la recherche de quelques yens.
Yokohama est beaucoup plus grande que Kamurocho, plus lumineuse et aussi un peu plus huppée. Vous allez vite pouvoir faire le tour de la ville et constater la division entre les quartiers pauvres et les riches. Pourtant, vous allez y retrouver toutes les activités des jeux Yakuza : jeux de hasard, salle d’arcade, bars, restaurants, mahjong, etc. De quoi vous occuper entre deux missions, même si le jeu vous laisse rarement du répit.
Yakuza: Like a Dragon passe au RPG
Les joueurs aguerris de Yakuza sont habitués à l’orientation action des jeux. On se promène dans Kamurocho, on croise des ennemis et on martèle la manette pour envoyer des coups dévastateurs. Like a Dragon prend le contrepied de cette habitude et propose dorénavant un système de RPG avec tout ce que ça implique. En effet, Ichiban fait souvent référence au jeu Dragon Quest qui a marqué son enfance, et il voit sa vie comme un jeu de rôle. On se fait des amis, on gagne de l’expérience et on progresse dans certaines compétences.
C’est ainsi que lors de vos affrontements à Yokohama, vous allez combattre au tour par tour avec vos amis. Car oui, vous ne vous déplacez plus seul. Ichiban est vite rejoint par Nanba, puis Adachi et Saeko. Le premier est un flic à la retraite qui est (au début) persuadé que vous allez retrouver vos penchants de Yakuza. La seconde tient un bar à hôtesse et vous rejoint à la suite d’une affaire impliquant sa sœur jumelle. Tout ce beau monde forme un groupe hétéroclite qu’il va falloir apprendre à gérer pour en tirer le meilleur.
Pour ça, et comme dans tout bon RPG, il faut gérer les jobs. En vous rendant à une agence pour l’emploi dans Yokohama, vous allez pouvoir changer les jobs de vos personnages à la volée. Cela a une incidence sur leurs capacités de combat et aussi sur leurs armes et leurs vêtements. Lorsque les combats se déclenchent, l’imagination d’Ichiban fait que les ennemis prennent une allure grotestque/menaçante. Et lui et ses coéquipiers revêtent les habits correspondant à leur job. En plus de ça, vous avez le pro du corps à corps, le mage, le spécialiste des attaques à distances, et le personnage polyvalent. Cependant, lorsque vous gagnez des niveaux, vous n’avez pas à attribuer des points de compétence.
Des activités en pagaille
Yakuza: Like a Dragon est riche et généreux en contenu. Même si vous faites la trame principale en ligne droite, vous en avez pour plusieurs dizaines d’heures. Mais ajoutez à cela tous les à-côtés que propose le jeu, et vous atteignez facilement la durée de vie d’un RPG classique. Les courses de karting, les missions de Part-Time Hero (ou vous aidez les locaux dans des tâches du quotidien), la gestion d’une entreprise pour la faire grimper en bourse, le recyclage de canettes… Et tous les mini-jeux dont nous parlions plus haut en plus : il y a toujours quelque chose à faire à Yokohama, et on adore ça.
Ne serait-ce que pour le côté complétiste du jeu où on a envie d’aller manger chaque plat de chaque restaurant de la ville. Ou encore de passer tous les examens de l’école spécialisée qui permet de gagner des points dans diverses catégories (intelligence, charisme, confiance en soi, etc.). Il y a même une barre d’amitié avec les autres personnages qu’il faut faire progresser et améliorer en passant du temps avec eux et en développant leur background. Pour ça il faut passer au Survive Bar, où il est possible de crafter des plats, faire du karaoké ou écouter des CD.
En parlant de craft, que serait un RPG sans la création et l’amélioration d’armes ? Cela se fait via un entrepôt que l’on débloque plus tard dans le jeu. Il permet d’acheter/fabriquer/améliorer des armes, armures et équipement en fonction de votre job. Et vous pouvez investir vos yens durement gagnés dedans pour en améliorer la qualité. Pour gagner de l’argent, vous pouvez remplir des missions, combattre des ennemis et aller revendre votre surplus au mont-de-piété. Bref, il y a un véritable écosystème économique dans ce titre, parfaitement huilé et donc très agréable à prendre en main.
Le retour de la VOST
À l’image des derniers jeux, Judgment inclus, on apprécie le fait que le jeu soit disponible en japonais (ou anglais) avec des sous-titres en français. Comme Yakuza part sur une nouvelle lancée avec un héros et un environnement inédits, il était important de s’ouvrir à un large public. Et si les premiers jeux étaient réservés aux anglophiles, il est dorénavant possible d’apprécier les Yakuza sous-titrés en français. D’ailleurs dans cet opus, au moment du choix de la langue, le jeu vous informe que le sous-titrage est mieux adapté au doublage japonais qu’à l’anglais. Preuve du succès de la franchise chez nous et la volonté de l’éditeur de l’ouvrir au maximum de joueurs.
Autant dire que le jeu d’acteur japonais est excellent. Ichiban en particulier, bien sûr, mais tous les protagonistes que vous allez croiser sont criants de vérité. Alors certes, vous n’allez pas échapper aux clichés du héros yakuza au grand cœur, loyal, gentil, prêt à aider son prochain tout en restant dans l’ombre et même parfois victime de malentendus qui, au lieu de l’encenser, vont le rabaisser. Ce procédé très utilisé dans les mangas se retrouve ici pour notre plus grand plaisir, ne le cachons pas. Ichiban est en quelques sortes le Eikichi Onizuka du jeu vidéo.
Graphiquement, le jeu est très joli, même si nous émettons là une toute petite réserve. En effet, les PNJ croisés dans la rue et même parfois les véhicules ont tendance à s’évaporer bonnement et simplement sur votre passage. Ils disparaissent comme un claquement de doigt de Thanos. Cela n’est pas très grave en soi, mais ça retire un peu de l’immersion. Pour la musique, celles-ci sont plutôt bonnes quoiqu’un peu répétitives, même au niveau des sons d’ambiance dans la rue. Mais on n’y prête pas trop attention au bout d’un moment tant on est dans une quête ou un combat.
Yakuza: Like a Dragon : un excellent jeu
Vous l’aurez deviné, le jeu nous a séduit. Proposant un vaste terrain de jeu parsemés d’activités aussi variées que loufoques, on lance chaque partie avec plaisir. Certes, le contraste parfois entre le sérieux des missions principales et la légèreté des quêtes annexes peut surprendre. Mais c’est cette recette qui fait tout le charme de la franchise. L’orientation RPG peut surprendre, mais finalement on s’y fait et les combats prennent une dimension plus tactique. L’action laisse place à plus de réflexion et surtout à un tout nouveau pan de gestion de l’inventaire, avec armes, armures et équipements. Rajoutez à ça un peu de craft et tout le délire autour de Dragon Quest et des jobs et vous obtenez une recette qui fonctionne.
Pour ce qui est de la difficulté, il n’y a absolument rien d’insurmontable. Si vous faites quelques quêtes annexes entre deux missions et si vous prenez le temps de coller une rouste à tous les groupes d’ennemis en chemin, vous serez toujours à niveau pour l’histoire. Vous pourrez alors progresser sans difficulté et sans avoir le besoin de farmer pour rattraper votre retard. Notez que pour vous aider en combat, il y a aussi le système d’invocation. Celui-ci se déclenche via votre smartphone. Il permet d’appeler un allié surpuissant (moyennant de l’argent) qui vient infliger des dégâts et des malus à tous vos ennemis en combat. Là aussi on passe du conventionnel au plus insolite, avec un chef yakuza déguisé en bébé, une langouste, une poule…
Bref, Yakuza: Like a Dragon part dans tous les sens et on aime ça. Il s’agit d’un véritable grand huit vidéoludique qui propose plusieurs gameplays, plusieurs expériences, le tout dans un même jeu. Avec une durée de vie conséquente, des héros attachants, un gameplay abordable, RGG Studio et Sega réussissent le pari de relancer une franchise vieille de 15 ans. Et qu’on espère suivre dans les 15 années à venir.
- Une aventure riche et longue
- Les sous-titres français
- La variété d'activités
- Le style RPG qui passe très bien
- Des PNJ qui se dissolvent à notre passage
- Certains donjons en mode couloirs redondants
- L'impossibilité de faire apparaître un trajet depuis les tâches en cours
Yakuza: Like a Dragon a clairement de quoi tenir la dragée haute aux triple A de cette fin d’année 2020. Généreux, drôle, émouvant : il cumule les qualités qui parviennent à effacer ses quelques défauts. Certes, il faut accrocher au style et à l’univers, mais après ce n’est que du plaisir. Le jeu vous embarque dans une aventure riche en rebondissements et révélations, avec un système de combat dynamique et facile d’accès. Les personnages sont bien travaillés, les relations que l’on noue, même le temps d’une mission, marquent le personnage et donc le joueur… Bref, il s’agit d’un jeu dans lequel on adore passer des heures, que l’on ne voit d’ailleurs pas défiler. Il y a ce truc du “aller je fais encore ça et j’arrête” propre aux jeux qu’on ne peut pas lâcher et qui fait qu’on y revient malgré tout. Bref, un grand jeu qui gagnerait à plus faire parler de lui tant il a de choses à offrir.