Test

Test d’Erica, le thriller ésotérique de la PS4


Fiche jeu

  • Editeur:Sony Interactive Entertainment
  • Developpeur:Flavourworks
  • Supports:Playstation 4
  • Genres:aventure
  • Nombre de joueurs:1
  • Date de sortie:19 août 2019

Dévoilé lors de la Paris Games Week 2017, Erica avait depuis plus ou moins disparu des radars. Deux ans et un changement d’actrice plus tard, le voici de nouveau annoncé et lancé dans la foulée de la Gamescom de Cologne 2019. Ce titre a pour particularité d’être en prise de vue réelle et d’utiliser le smartphone comme contrôleur de jeu. Que vaut ce titre sorti à l’improviste ? Notre réponse ci-dessous.

Princesse Erica

Après le naufrage que fut The Quiet Man, lourd était le fardeau sur les épaules d’Erica pour redorer le blason des jeux en FMV. FMV signifie Full Motion Video, ce sont ces jeux où de vrais acteurs sont filmés pour interpréter les scènes du titre.Toutefois, le joueur n’a qu’une interaction limitée avec eux, se contentant de leur indiquer la direction à suivre ou les objets à inspecter. Ainsi, Erica tente de pousser ce concept un peu plus loin mais nous verrons ça plus tard. Mais commençons par le plus important : le scénario.

Erica s’ouvre sur un flashback nous dévoilant une Erica toute jeune jouant devant la cheminée. Son père entre alors et lui explique que, comme sa mère, Erica aurait le pouvoir de lire l’avenir dans les flammes. S’ensuit une courte ellipse temporelle pour que l’on retrouve Erica ouvrant la porte du même salon pour trouver son père baignant sur son propre sang avec un étrange symbole gravé à même sa chair. Erica se retourne et voit une arme pointée sur elle et… Une Erica adulte se réveille dans son appartement quelque peu insalubre.

Après quelques interactions, dont une avec une mystérieuse voisine, elle trouve un paquet devant sa porte. Paquet qui contient… une main humaine tenant un médaillon avec le même symbole que celui gravé sur feu son père. Commence alors une enquête afin de découvrir la signification de ce mystérieux symbole ainsi que l’origine des pouvoirs de divination d’Erica. Il s’agit donc d’une enquête qui a tout du film interactif comme ce qu’a fait Netflix avec Bandersnatch.

Au doigt et à l’œil

Erica utilise le même concept que les jeux Playlink pour son gameplay bien qu’il ne fasse pas partie de la gamme. Aussi, il suffit de télécharger l’app disponible gratuitement sur l’App Store et le Google Play Store puis de la lancer en même temps que le jeu. Si votre smartphone et votre console sont sur le même réseau Internet, vous pourrez alors utiliser le premier pour interagir avec la seconde. Sachez qu’en cas de problème la manette PS4 peut très bien faire l’affaire, mais l’aventure est faite pour être jouée au smartphone. Dans les faits comment ça se passe ? L’histoire se déroule devant vos yeux et aux moments importants, l’image s’arrête avec une légère indication blanche à l’écran indiquant que vous devez appuyer, frotter, bouger votre doigt sur l’écran. Lors des dialogues il suffit de se mettre sur la réponse de son choix puis d’enlever son doigt pour valider sa réaction.

Sur ce point rien à dire, le jeu réagit instantanément à nos actions sur le smartphone et les animations sont excellement fluides. Rien que le début où on ouvre un briquet tempête puis qu’on essaye de l’allumer suffit à nous le prouver. En revanche les interactions sont très limitées et on en aura vite fait le tour : appuyer, pivoter, frotter et explorer. Le gameplay est limité par le genre du jeu en lui-même mais le manque de diversité fait que l’on a du mal à se sentir impliqué dans ce qui se déroule sous nos yeux. Et cette mauvaise impression n’est pas aidée par le scénario.

En soi l’histoire est plutôt plaisante avec un petit mystère sympa à élucider sur fond d’ésotérisme. Le style narratif est celui d’un thriller mais, comment dire… Le titre ne prend pas le temps d’installer correctement son ambiance ce qui fait que certaines scènes tombent à l’eau. Erica est très court, il peut se terminer en 2h, mais il n’arrive pas à poser ses personnages convenablement. Au cinéma par exemple, sur un film de deux heures certains réalisateurs réussissent à mettre en place une histoire d’amour qui nous fait monter les larmes. Dans ce jeu, l’amourette naissante arrive comme un cheveu sur la soupe et beaucoup trop tôt dans l’intrigue pour qu’on y croit ou qu’on ait envie de s’impliquer. Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres : le titre veut aller trop vite et inclure tous les codes du thriller cinématographiques et littéraires à ceci près qu’ils ne sont pas maîtrisés. Dommage.

De bonnes intentions

C’est réellement dommage car le titre fait de sérieux efforts en termes d’ambiance malgré quelques incohérences scénaristiques. Je ne suis pas sûr qu’un asile psychiatrique soit le lieu le plus sûr pour une jeune fille menacée par un fou furieux qui lui envoie une main tranchée. Mais cela donne l’occasion au titre de nous dévoiler le manoir de Delphes et ses occupants, qui sera d’ailleurs le lieu principal de l’action. L’histoire se suit sans déplaisir et à l’avantage de proposer plusieurs fins et donc de la rejouabilité. En effet selon vos actions ou vos choix l’aventure peut se prolonger un peu ou au contraire se terminer prématurément. De même, vous pouvez passer à côté de certains documents ou indices vous permettant de comprendre un peu mieux ce qui se passe autour de vous.

Les acteurs sont plutôt bons, l’actrice principale a un petit côté Emilia Clarke (Daenerys dans Game of Thrones). Dommage qu’elle ait tout le temps la tête d’un lapin pris dans les phares d’une voiture, mais c’est son personnage, on n’y peut rien. Les trois pensionnaires de l’asile de Delphes sont plutôt attachantes malgré le peu de temps que l’on passe en leur compagnie. Le jeu a pour lui de proposer un doublage intégralement en français, doublage de bonne facture qui plus est. Ce qui est un très bon point car il permet de suivre l’histoire et de participer aux interactions sans avoir à jongler entre images/sous-titres/smartphone. Il est bien entendu possible de passer la langue en anglais pour ceux qui le désirent.

Pour conclure, Erica est un jeu en demi-teinte, pétri de bonnes idées mais qui a du mal à les exécuter. Trop rapide, il ne prend pas le temps d’installer l’atmosphère que promet son scénario. Restent des acteurs plutôt bons, un gameplay simple mais qui permet de bien impliquer le joueur dans l’histoire et une rejouabilité assurée malgré le fait de ne pas pouvoir zapper les scènes déjà vécues. Il faudra un peu de patiences aux chasseurs de trophées pour tous les débloquer d’ailleurs, cela n’arrivant que lorsque le générique de fin défile. Erica est donc une belle opportunité manquée et c’est bien dommage car les jeux en FMV se font trop rares alors qu’ils ont tellement à offrir.

Points positifs

  • Les interactions bien intégrées à l'écran
  • Une histoire qui se laisse suivre
  • Des acteurs convaincants

Points négatifs

  • Des facilités scénaristiques qui cassent l'ambiance
  • Ne prend pas le temps d'installer correctement son atmosphère

Note

Graphismes 80%
Bande son 77%
Prise en main 70%
Plaisir de jeu 52%
Durée de vie 38%
Conclusion

Difficile de noter Erica convenablement car on sent que la technique derrière le titre est importante et bien utilisée. Tout se fait fluidement, les scènes s’enchaînent comme dans un bon polar, les interactions avec le smartphone s’intègrent très bien à l’histoire mais… En fait c’est cette dernière qui pêche. N’est pas Stephen King qui veut et ce qui fonctionne dans un roman ne fonctionne pas forcément dans un jeu. L’intrigue va trop vite et se prend les pieds dans le tapis, précipitant avec elle les acteurs qui tentent de raccrocher les wagons dans leur chute. Heureusement que le titre est sauvé par sa rejouabilité qui intéressera les joueurs étant tombé sur une “mauvaise” fin ou les complétistes qui voudront chasser les trophées et ainsi découvrir tous les embranchements scénaristiques que propose le jeu.

Note finale 63% Dommage

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