Test de Judgment sur PS4 : Kamurocho Noire
Ryu ga Gotoku Studios délaisse temporairement sa franchise phare Yakuza pour nous proposer quelque chose de neuf sous les traits de Judgment. Ce titre, ressemblant visuellement à son aîné et modèle, propose d’incarner un détective privé dans Kamurocho, le même quartier fictif que Yakuza, afin de résoudre une sombre histoire de meurtre, de corruption et bien plus encore… Il y a quelque chose de pourri au royaume du Soleil Levant.
Objection !
Judgment nous fait incarner Takayuki Yagami, un ancien avocat devenu détective privé à la suite d’une affaire ayant mal tourné. En effet notre fringant Phoenix Wright en herbe a réussi à défendre l’indéfendable en faisant innocenter un meurtrier présumé. Tout se passait bien dans le meilleur des mondes virtuels jusqu’à ce que l’homme, à peine libéré, assassine sa petite amie avant de mettre le feu à l’appartement et à la jeune fille. Chaud.
Suite à cette déconvenue Yagami laisse tomber le costard pour un combo jean/t-shirt/veste en cuir, s’associe avec un ex-yakuza et ouvre son agence de détective au cœur de Kamurocho. Il garde malgré tout de bonnes relations avec son ancien cabinet qui n’hésite pas à lui confier quelques tâches en échange d’une petite paie, permettant au jeune homme de vivoter. Jusqu’au jour où on le rappelle à l’ordre afin d’aider à innocenter un capitaine Yakuza accusé de meurtre avec énucléation.
Ceci n’est que le point de départ d’une intrigue qui vous emmènera vers des lieux insoupçonnés. Vous rencontrerez une galerie de personnages hauts en couleurs et à force d’arpenter Kamurocho dans tous les sens vous en connaîtrez les moindres recoins. Et même si l’accent a été mis sur le scénario, le titre n’en oublie pas ses origines en proposant une galaxie d’activités annexes qui ne vous laissent pas une minute de répit.
La seule solution c’est la bagarre
Concentrons-nous dans un premier temps sur notre héros Yagami. En plus d’être un ancien avocat surdoué et un détective hors pair, l’homme maîtrise les arts martiaux comme personne. Ce qui vous sera bien utile pour tabasser les petites frappes qui vous cherchent des noises dans la rue où les yakuzas qui refusent de coopérer. Pour ça vous avez le choix entre deux styles de combat : un adapté aux combats contre un grand nombre d’ennemis et l’autre au 1vs1. A vous de changer d’une simple pression sur la flèche du bas.
Enchaînez vos ennemis en sortant des combats à base de carré et de triangle, déclenchez des actions contextuelles avec certaines armes à portée avec triangle et ressortez victorieux de chaque combat. Regagnez de la vie en mangeant dans un des innombrables restau de la ville. Si vous avez des blessures mortelles (votre barre de vie est irrémédiablement réduite), allez chez le docteur afin qu’il vous remette sur pieds. Les combats sont dynamiques, inspirés de yakuza et permettent de casser des têtes très facilement. Pensez juste à parer de temps en temps car les ennemis frappent fort !
Yagami étant détective, la baston de rue n’est pas sa seule activité. Il vous arrivera donc de participer à des phases de filatures, sympa même si parfois un peu trop longues. Vous devrez alors vous planquez derrière des éléments de décor afin de suivre votre cible sans vous faire repérer. Vous pourrez aussi participer à des poursuites où il faudra attraper un fugitif en évitant les obstacles sur le chemin. Vous aurez parfois quelques missions d’espionnage grâce à votre drone qui peut prendre des photos.
Des missions pas si secondaires que ça
Comme nous l’avons dit au début, le titre propose un très grand nombre d’activités annexes qui viennent enrichir le jeu. Il y a tout d’abord les affaires secondaires, qui sont de courtes enquêtes à mener pour des PNJ contre rémunération. Epoux infidèle, pervers harceleur, enfant disparu, chat perdu… En tout comptez une cinquantaine de cas à résoudre pour arrondir vos fins de mois, chacune avec une histoire sympathique, parfois drôle mais toujours intéressante.
Il y a ensuite les PNJ dans la rue qui ont besoin que vous leur rendiez service. Il peut s’agir de leur donner des conseils, de manger dans leur restaurant, de répondre à leurs questions de culture générale, etc. Vous gagnerez alors quelques points d’actions (PA) et vous ferez monter votre réputation en ville ce qui débloquera de nouvelles enquêtes secondaires et de nouveaux PNJ à qui parler. Nous n’avons pas parler des PA, vous les gagnez pour chaque action faites (mission accomplie, combat remporté…). Vous pouvez ensuite les dépenser via votre smartphone qui sert de hub pour gagner de nouvelles compétences divisées en trois catégories : générales, combat et spéciales. Elles coûtent plus ou moins cher donc à vous de dépenser vos PA parcimonieusement.
Et en plus de ça Kamurocho propose des salles d’arcades et des lieux où vous pourrez vous adonner à vos grandes passions : les fléchettes, le base-ball, le shogi, le poker, les bornes d’arcade, les machines à pince, le poker, le black jack ou encore les gashapon. Tout est indiqué sur la map, accessible d’une pression sur le pavé tactile où vous pouvez placer un repère afin de suivre le chemin. Et bien sûr, que serait un jeu inspiré de Yakuza sans ses romances ? Il est donc possible de rencontrer plusieurs jeunes filles dans le jeu et tisser des liens avec elles dans l’espoir qu’elles deviennent vos petites amies (oui vous pouvez en avoir plusieurs).
Chronophage
Judgment réussi cet exploit de nous plonger dans un univers où l’on ne voit pas le temps passé. Les missions s’enchaînent, les enquêtes se succèdent à tel point qu’on n’arrive plus à lâcher la manette. On a toujours envie d’accepter de donner un coup de main à un nouveau PNJ apparu sur la carte, faire une course de drone ou résoudre une petite enquête. Tant et si bien qu’on s’écarte bien vite de la trame principale pour écumer toutes les échoppes de Kamurocho en quête de nouveautés.
Le quartier de Kamurocho est visuellement superbe, de jour comme de nuit. Très vivant, il grouille de PNJ à tout moment de la journée qui font leur vie autour de vous. Il y a de la musique qui sort des clubs, des bruits de rue, de klaxon, de conversations, de cris… L’ambiance est vraiment excellente, on évolue dans un quartier qui ne dort jamais et au bout de quelques heures on s’y sent comme chez nous. Certes le terrain de jeu n’est pas immense mais il regorge de ruelles et de secrets à découvrir au fil de l’aventure.
Car le jeu ne se dévoile pas tout d’un coup et vous découvrirez de nouvelles choses après plusieurs heures de jeu. Judgment est un titre qui s’apprécie sur la longueur et qui mérite chaque minute de temps investi. Tous les personnages du jeu sont charismatiques et l’intrigue se suit avec passion, d’autant plus que le jeu est intégralement sous-titré en français ce qui reste inédit depuis la sortie du premier Yakuza sur PS2. Judgment est riche, généreux, drôle, prenant et parle français. Que demander de plus ?
Pas parfait non plus
Judgment est beaucoup de choses mais il n’est pas exempt de défauts. Certes ceux-ci sont moins nombreux que ses qualités mais tout de même, après trente heures de jeu il y a quelques remarques que l’on peut faire. Premièrement le scénario, aussi prenant soit-il, commence à devenir complexe au fur et à mesure qu’il s’étouffe. On a du name dropping à tout bout de champ et on commence à avoir du mal à se souvenir qui est qui, surtout si comme moi on passe son temps à rincer toutes les missions secondaires entre chacune des principales.
Ensuite il y a la redondance des phases de jeu proposées. Lors du premier chapitre on les expérimente toutes (poursuite, infiltration, observation, enquête) et ensuite elles tournent en boucle dans des environnements différents. Cela a tendance à devenir un peu ennuyeux, surtout les phases de filature qui s’étirent sur la longueur et finissent par lasser. Il y a également les combats de rue : suite à une mission PNJ, des chefs de gang apparaîtront (très) régulièrement sur la map avec une jauge de menace, et tant que vous ne les aurez pas battus vous devrez affronter des groupes d’ennemis tous les 5 pas.
Enfin il y a quelques petits bugs d’affichage, notamment les PNJ qui disparaissent en mode Avengers quand ils se retrouvent sur votre chemin et qu’une cinématique se déclenche. Mais voilà tout ce que nous pouvons reprocher pour notre part à ce Judgment que nous jugeons excellent et qui nous a divertit pendant les 35/40h que durent son parcours, si tant est que vous fassiez toutes les missions secondaires. Un spin-off sans grande prise de risques mais qui satisfait son public, on n’en demandait pas plus à Ryu ga Gotoku Studios.
- Les sous-titres français
- Toutes les activités annexes
- Une durée de vie considérable
- Des quêtes souvent bien barrées !
- Redondant au bout d'un moment
- Une difficulté en dents de scie
Ryu ga Gotoku Studios accouche là d’un grand jeu d’action bourré d’humour au scénario bien ficelé, quoiqu’un peu confus par moment. Mais saluons la volonté de faire naître une nouvelle franchise prometteuse, qui plus est sous-titrée en français et au potentiel immense. On adore se promener dans Kamurocho de nuit comme de jour pour y découvrir la vie locale et toutes les activités à faire. Les personnages du jeu dont le héros sont tous charismatiques et on se plaît à suivre leurs histoires respectives. La quête principale à la recherche d’un serial killer contient des ramifications insoupçonnées qu’on découvre avec une grande curiosité.
Si l’univers des jeux Yakuza vous plaît et que vous voulez découvrir une nouvelle expérience de jeu, Judgment est clairement fait pour vous. Vous y passerez un grand nombre d’heures si vous voulez le faire à 100% sans pour autant avoir (trop) l’impression de tourner en rond. On en redemande !