Test Forza Motorsport sur Xbox Series, la simulation ultime ?

Depuis Forza Motorsport 7, sorti en octobre 2017, son remplaçant était fortement attendu. L’alternance entre Horizon et Motorsport laissait espérer un nouvel opus en 2019 mais Turn10 Studios a vite prévenu qu’il faudrait faire preuve de patience avant de découvrir le huitième volet de la célèbre licence Xbox. Avec le lancement des Series S|X, on s’attendait à l’arrivée du nouveau Forza Motorsport courant 2020. Finalement, c’est en 2023 que le jeu arrive enfin sur nos consoles et sur PC ! Au passage, le jeu perd son chiffre pour marquer le « renouveau » de la série. Maintenant que le concurrent de Gran Turismo 7 est disponible, il est temps de découvrir s’il possède les qualités pour devenir un « killer app » de la nouvelle génération de Xbox.

Forza Motorsport, le reboot tout en sobriété.

La première grosse surprise réservée par Turn10 Studios aux joueurs est la suppression de la numérotation et donc du 8 tant attendu. Un choix qui s’explique par la volonté de « relancer » la licence sur de nouvelles bases et de proposer un jeu qui redéfini clairement les codes établis depuis près de 20 ans.

Cela se ressent dès l’écran d’accueil. La jaquette du jeu prend vie afin d’afficher un beau fond d’écran et une touche pour accéder au menu principal. Cela se poursuit dans un menu très épuré. On est très loin de FM7 ! Cette affirmation se confirme en lançant la carrière. Tout d’abord, il faut venir à bout de la « Builders Cup » qui sert du tuto géant à l’aventure Forza Motorsport. Ensuite il s’agit d’enchaîner des Tour (sorte de chapitres) composés de différentes compétitions elles-mêmes divisées en plusieurs courses. A l’inverse du 7e opus, vous ne pouvez pas vraiment choisir les compétitions que vous voulez faire. Il faut terminer une compétition pour en débloquer une autre et ainsi de suite. Si tous les « Tour » sont déverrouillés dès le départ, il n’est pas vraiment possible de choisir son cheminement. La logique veut donc que l’on termine le Tour 1, avant le Tour 2, puis le Tour 3 etc…

Une progression linéaire sans grande surprise et un mode carrière des plus basiques. Il n’y a vraiment aucune mise en scène de ce dernier. On enchaîne les courses comme des perles sur un collier et seules quelques animations de « podium » et une intro à chaque compétition viennent agrémenter l’ensemble.

Le mode carrière de ce Forza Motorsport 2023 est une déception et manque clairement de piquant. En 2017, la série avait essayé quelque chose de plus travaillé et assez proche d’un Grid par exemple. Ici, menus et mise en scène sont vides et austères. Comme une grande partie des jeux de courses jusqu’à récemment, on ne fait qu’enchaîner les courses sans s’immerger dans un monde précis. Mais c’est sûrement parce que Turn10 Studios a autre chose à proposer !

En solo, vous pourrez également profiter d’un mode « rivaux » (contre-la-montre) et « jeu libre ». Ce dernier offre des courses personnalisables (circuit, météo, heure, nombre de concurrents, type de course…). Un bon moyen de s’amuser et de prolonger l’expérience Forza. L’occasion aussi de tester les 513 véhicules du jeu ! C’est un chiffre énorme qui reflète la force du titre et sa grande diversité. Des premières Formule 1 aux Hypercar actuelles, il y a de quoi faire ! On regrettera cependant l’absence de certaines marques (comme Skoda) décidément toujours absentes. De plus, il y a un peu moins de variété que dans le 7 (pas de Nascar ou de Rallye par exemple). Mais d’une manière générale, le garage de ce Forza version 2023 est impressionnant. Surtout que chaque voiture bénéficie d’une attention toute particulière et que le ForzaVista est disponible pour chaque auto ! C’est peut-être ce nombre de voitures qui explique les 132GB de données à installer sur Xbox Series X (en dématérialisé). Car, malheureusement, le jeu ne propose “que” 20 circuits à son lancement. Alors oui, chaque circuit possède au minimum deux variantes et chaque circuit a été entièrement remodélisé mais cela reste un chiffre inférieur aux anciens opus. De plus, quelques tracés mythiques de la série (comme Prague) ne sont plus présents. Dommage.

Forza Motorsport : la course pour la course !

Le but principal de ces courses est de gagner afin d’engranger argent et expérience pour améliorer ses voitures. Comme initié dans Forza Horizon, la « fidélité » à une voiture vous permettra d’augmenter votre niveau de maîtrise de celle-ci. Chaque niveau apporte son lot de bonus et de pièces qui sont là pour améliorer votre voiture. En gros, plus vous pilotez une voiture plus elle s’améliore et devient puissante ! Vous commencez au niveau 0 et le but est d’arriver au niveau 50.
Pour avancer dans ces niveaux, votre meilleure option est de rouler du mieux possible ! Chaque virage, chaque dépassement, chaque meilleur temps sera noté. Ces notes (allant de 1 à 10) vous donnent des points d’XP qui augmentent votre niveau de maîtrise et vous font débloquer de nouvelles pièces. Le niveau de difficulté de l’IA et le niveau de réalisme vous confèrent un coefficient multiplicateur qui permet d’accélérer la progression !

Le jeu offre un grand nombre de pièces afin d’upgrader votre auto. L’idée étant de vous placer dans la peau d’un ingénieur/préparateur en plus de celui de pilote. Les développeurs veulent vous voir passer beaucoup de temps dans votre garage à peaufiner les réglages et la mécanique de votre voiture. On en est presque à se demander si on ne joue pas à « Mecanic Simulator » tant le jeu nous pousse à améliorer et régler notre auto. D’ailleurs, comme dans Forza Horizon, il est possible de faire des améliorations « automatiques » avec les pièces disponibles et suivant les points d’XP que vous possédez. Car oui, les pièces coûtent des points d’XP et les voitures de l’argent.

L’aspect préparation de la course est encore plus poussé par l’arrivée d’une grosse nouveauté : les essais. Avant de débuter chaque course le jeu vous demande de faire un essai en piste. Pour gagner un max d’XP, il vous faire trois tours et tenter de battre un temps de référence (plus ou moins rapide en fonction de la difficulté de l’IA). Une fois cette séance terminée, le jeu vous demande de choisir votre place sur la grille de départ. Cette place influe sur vos gains. Plus vous partez loin et plus vous gagner plus ! Le jeu s’amuse également à estimer votre place d’arrivée en fonction de vos performances lors des essais et du niveau de difficulté sélectionné. Une fois la course lancée, c’est à vous de battre (ou faire aussi bien) que la prédiction du jeu ! Bien entendu, votre façon de piloter à une influence sur vos gains d’XP. Si vous partez 23e et que vous vous la jouez Destruction Derby, les pénalités risquent de tomber et votre première place s’envoler à l’arrivée ! Car dans Forza, il faut composer avec un trafic compact et une I.A très formatée. Deux obstacles qui peuvent facilement avoir raison d’un podium si vous tenez à avoir une course propre.

Forza Motorsport : la simulation accessible.

A propos d’IA, sachez que c’est l’un des points noirs de ce nouveau Forza Motorsport. Un défaut déjà remarqué dans les précédents opus mais qui n’est donc pas corrigé. Vos adversaires ont la fâcheuse tendance à suivre une trajectoire et à rester fixés à celle-ci. Il n’est pas question pour eux d’en bouger… Même si vous êtes sur leur chemin. Dans ce cas, l’accident est inévitable. Un peu comme des miniatures Scalextric, les voitures sont scotchées à leur trajectoire. Parfois, la sortie de route arrive pour l’IA mais d’une manière générale, vos adversaires suivent un chemin tout tracé et n’aiment pas le partager ! C’est vraiment regrettable de voir que l’IA n’est pas plus réaliste et plus travaillée. Cela casse une bonne partie du réalisme et du plaisir de jeu, surtout si vous jouez en « difficile » avec des règles de courses réalistes (bonjour la pluie de pénalités !).

Si Forza Horizon assure grave du côté de l’arcade, Motorsport tend plutôt vers la simulation. Certes, pas une simulation aussi poussée qu’un Assetto Corsa ou un iRacing. Depuis ses débuts en 2005, la licence a toujours su proposer une simulation « accessible à tous » comme son éternel rival Gran Turismo sur Playstation. Les aides sont assez nombreuses pour permettre aux joueurs de personnaliser leur expérience de jeu. Suivant votre niveau, vous pouvez activer ou non différentes aides, et avoir un pilotage plus ou moins aidé. Sans aucune aide, le jeu est une simulation assez pointue et s’adresse aux pilotes les plus experts ou ceux en quête d’un certain challenge. Mais Turn10 souhaite que (presque) tout le monde puisse apprécier son jeu, ainsi avec les aides activées, Forza Motorsport est une simulation accessible. Cependant, à l’inverse d’un Need For Speed par exemple, le freinage est on ne peut plus capital ! Il faut bien négocier ses virages et, surtout, freiner à temps. Ici, si vous bloquez les freins, c’est le tout droit assuré ! Un bon point qui permet au jeu d’être pointu tout en s’ouvrant à tous.

Pour ce renouveau de la série, les développeurs proposent une refonte de la physique du jeu. Cela se ressent surtout dans le poids des voitures. On ressent bien le poids des différents véhicules. Au freinage, la différence entre véhicules « anciens » et « modernes » se ressent tout de suite. Le poids a vraiment du « poids » sur la conduite et la réactivité de votre voiture. Une nouveauté bienvenue qui donne plus de profondeur au gameplay.

Forza Motorsport : vitrine graphique de la Xbox Series !

Si la new gen est disponible depuis 2020 on attend encore de vrais jeux exclusifs qui prouvent que graphiquement c’est une « vraie » nouvelle génération de consoles. Si Spiderman 2 va le faire sur PS5, on attendait la contre-attaque de son rival américain. Et voici Forza Motorsport ! Alors oui, ce n’est pas non plus le jeu du siècle graphiquement parlant mais il suffit de relancer FM7 pour voir à quel point le fossé est immense ! A côté de ce nouvel opus, le volet de 2017 passerait presque pour un jeu Xbox 360 ! La profondeur de champs, les détails de la piste, la modélisation des véhicules, tout est de très bonne facture. Turn10 Studios a fait de l’excellent travail. Sa dernière création devient une vitrine graphique pour la Xbox Series. Le mode photo met en lumière la qualité graphique du titre, et on trouve déjà de formidables clichés dans le menu communautaire !

Sur PC, il va vous falloir une config de guerrier pour profiter pleinement du jeu. Les effets de lumière sont superbes et vont jouer avec vos capacités de pilotage, notamment dans le brouillard. Par contre DriveClub reste numéro un sur tout ce qui est « pluie ». Le jeu d’Evolution Studios (WRC, Motorstorm) reste LA référence à ce niveau-là même dix ans après sa sortie. Petite déception quand l’averse ressemble plus à une bruine bretonne qu’à un vrai déluge. De même, la modélisation des dégâts progressent mais on est encore loin d’avoir un jeu vraiment réaliste à ce niveau. Les dégâts sont plus proches des rayures et de la carosserie enfoncée que de la destruction dynamique d’une voiture. Dommage, on attend toujours un jeu vidéo vraiment « simu » à ce niveau-là. Wreckfest reste au dessus du lot dans ce domaine.

Comme de plus en plus de jeux actuels, Forza Motorsport vous demandera de sélectionner entre un mode « Performances » et un mode « Graphismes » au premier lancement. Ici, la Team 60fps ira directement sur performances quand ceux qui préfèrent admirer la réalisation graphique d’un jeu choisiront l’autre option. La différence graphique est tout de même notable on vous conseille donc vivement ce choix pour profiter au mieux du travail des développeurs.

Autre innovation de ce Forza cuvée 2023 c’est la modélisation sonore ! Les moteurs ronronnent et chantent à tue-tête ! Les pneus hurlent de douleur dans un freinage trop brutal et les rapports de boîte se manifestent suite à une accélération un peu trop brutale. Ce Forza Motorsport est un plaisir pour les oreilles ! Prévenez vos voisins, le Nürburgring et sa caravane automobile vont débarquer dans votre salon ! A l’inverse, l’ambiance musicale du jeu est à l’image des menus et du mode carrière : soft et sans surprise. On retrouve le minimum syndical pour accompagner votre navigation dans les menus. Une voix-off est également là pour nous “apprendre” les bases du jeu et faire quelques commentaires durant les courses, mais cela relève plus du gadget qu’autre chose.