Test

Lost Words : Beyond The Page sur PC – poésie du deuil (test)


Fiche jeu

Lost Words : Beyond The Page est le premier né des studios Sketchbook Games. Ce jeune studio compte dans ses rangs Rhianna Pratchett, écrivaine, fille de Terry, l’homme derrière l’énorme succès littéraire Discworld. Mais dans Lost Words : Beyond The Page, l’humour laisse place à l’émotion. Nous avons eu la chance de tester le jeu et nous vous faisons un compte-rendu de notre expérience.

Lost Words : une double narration

Commençons comme d’habitude par le scénario du jeu et l’histoire qu’il nous présente. Comme nous l’avons dit en titre, Lost Words profite d’une double narration. En effet, il y a tout d’abord Izzy. Cette jeune fille vit avec ses parents et son petit frère Ben. Mais celle qu’elle aime par-dessus tout, c’est sa grand-mère. Elle confie tout dans son journal intime, que nous, lecteur, découvrons de façon ludique.

Le personnage d’Izzy se promène sur les mots, faisant ainsi apparaître des illustrations et enchaîne les anecdotes de vie. Izzy a envie d’écrire un livre et de se lancer dans un récit d’heroic fantasy. Elle crée donc une héroïne à son image, dont vous pourrez choisir le nom. Invente le monde d’Estoria et commence son récit. S’ouvre alors la deuxième phase de gameplay du jeu : un side-scroller horizontal avec quelques phases de plateforme et des énigmes basées sur les mots. Mais nous y reviendrons plus tard.

L’élément perturbateur survient lorsque la grand-mère d’Izzy fait une attaque et part à l’hôpital. Le récit du journal intime s’assombrit. Et cela s’en ressent sur le roman que la jeune fille écrit. L’héroïne que l’on incarne traverse des épreuves de plus en plus sombres, au fil de son état d’esprit, lié à la santé de sa grand-mère. Finalement, le jeu nous propose un récit autour du deuil, de la mort, et de notre réaction face à celle-ci.

Jouons avec les mots

Le titre du jeu le laisse supposer, mais Lost Words s’appuie beaucoup sur les mots. Dans les phases de journal intime, certains mots permettent de faire apparaître de très belles illustrations crayonnées. Il y a parfois des textes à trou à compléter dans le bon ordre. Ou encore déplacer des mots pour se créer des plateformes entre les phrases.

Mais c’est dans le monde d’Estoria que les mots prennent toute leur importance. La jeune fille que l’on incarne (dans notre partie elle s’appelle Robyn) se voit remettre un livre magique. Dans celui-ci il est possible de collectionner des mots que l’on peut réutiliser pour interagir avec notre environnement. Une falaise est trop haute ? Utiliser “Relever” sur un rocher pour que celui-ci s’élève à la bonne hauteur. Une porte vous bloque ? “Ignorer” permet de passer à travers.

Certains mots sont définitifs, d’autres temporaires et disparaissent après usage. À vous de bien les choisir pour avancer dans les niveaux. Votre but : retrouver les lucioles sacrées éparpillées dans Estoria après l’attaque de votre village par un terrifiant dragon.

Une aventure pleine d’inspirations

Lors de notre partie, de nombreux autres jeux nous sont venus en tête. Pour le style de jeu, nous avons pensé au très bon Max : The Curse of The Brotherhood. Que ce soit le gameplay ou même la patte graphique, si vous avez aimé ce dernier vous allez adorer Lost Words.

Pour ce qui est de l’utilisation des mots, c’est Scribblenauts qui nous vient en tête. Dans une moindre mesure, certes, car dans celui-ci il faut écrire les mots en entier pour faire apparaître ce qu’ils représentent. Alors que dans Lost Words : Beyond The Page, les mots ont un effet physique sur votre environnement.

Enfin, impossible de ne pas penser à Gris, de Nomada Studio, quant au thème abordé. Mais là où Gris restait très évasif afin de permettre au joueur de se faire sa propre expérience vis-à-vis de la mort, du deuil ou encore de la dépression, Lost Words n’hésite pas à en parler frontalement. Au travers du journal intime d’Izzy, on ressent les émotions de la jeune fille ainsi que les différentes étapes du deuil. Émotions qui seront retranscrites dans les niveaux à Estoria de façon implicite.

Un gameplay simple et de bonnes idées

Lost Words est, avant-tout, une expérience narrative. N’y cherchez pas de véritable défi, vous ne jouez pas à Super Meat Boy. Votre personnage dans Estoria ne peut pas mourir, il n’y a pas d’ennemis à affronter, seulement des énigmes à résoudre. Si vous voulez collecter toutes les lucioles, il faudra se creuser un tout petit peu la tête, mais rien de méchant. Il faut avoir ça en tête avant d’acheter Lost Words, car sinon vous risquez d’être déçu.

Vous allez vivre avec ce jeu une expérience d’environ quatre heures qui vous feront passer par tout un panel d’émotions. La narration est vraiment excellente et la jeune Izzy parvient à nous faire parvenir tout ce qu’elle a en elle via son journal intime. Lorsqu’on prend le contrôle de Robyn dans Estoria, on essaye de progresser afin d’aider la jeune narratrice à surmonter son mal-être. C’est mignon, c’est poétique et on se laisse facilement embarquer dans cette belle histoire.

Mention spéciale pour les musiques du jeu qui sont vraiment excellentes. Discrètes, elles accompagnent parfaitement chaque passage du jeu, que ce soit ceux où il y a un peu d’action ou de l’émotion.

Bref : un jeu simple (trop ?)

Pour conclure notre voyage avec Lost Words, nous pouvons dire que ce premier jeu est une réussite. Mais il faut garder en tête qu’il a tout de même quelques défauts. Certes, il est simple car il se concentre sur la narration. Tellement simple qu’un enfant sachant lire pourrait y jouer. Toutefois les thèmes abordés sont durs pour les plus jeunes.

Les énigmes basées sur les mots sont une très bonne idée. Tout comme le fait de devoir reconstituer des phrases dans le bon ordre. Mais nous aurions aimé que le concept soit poussé un peu plus loin. Comme le fait d’avoir plusieurs possibilités en fonction des phrases que l’on reconstruit. Ou encore de proposer plusieurs chemins en fonction des verbes utiliser sur les objets.

Certes, cela ferait perdre la fluidité narrative du jeu, et on basculerait sur un autre genre. Mais en l’état on ne peut s’empêcher de penser que Lost Words reste un peu timide dans ses propositions. Même s’il n’en reste pas moins un bon premier jeu.

Points positifs

  • Une narration poétique
  • L'idée de jouer avec les mots est bonne...
  • Les personnages sont attachants

Points négatifs

  • Quelques bugs d'animation
  • ... mais pas assez exploitée
  • Un peu trop court et simple

Note

Graphismes 67%
Bande-son 71%
Prise en main 68%
Plaisir de jeu 70%
Durée de vie 53%
Conclusion

Lost Words : Beyond The Page, avec Rhianna Pratchett à l’écriture, est un bon premier et petit jeu. Abordant un sujet assez dur, il permet de comprendre l’impact qu’a la mort d’un proche sur l’affect et le processus créatif, qui plus est chez un enfant. Les phases de journal intime sont aussi belles que moroses et on les attend autant qu’on les redoute. Avec le journal intime on passe par toutes les phases du deuil et on se prend à partager les espoirs d’Izzy. Pour les phases à Estoria, c’est du plateformer simple avec quelques énigmes à base de verbes qui viennent influer sur l’environnement de votre personnage. Le tout forme une aventure cohérente et toute mignonne, qui plus est illustrée par une musique de très bonne qualité. On regrette simplement une durée de vie assez courte et un manque de difficulté. Mais après tout, ce n’est pas ce qu’on recherche dans une aventure narrative. Si vous avez aimé des titres comme Gris ou encore Last Day of June, nul doite que Lost Words : Beyond The Page va vous séduire.

Note finale 66% Timide

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