Test de Syberia – Remastered sur PS5, un travail bâclé !

Par Benjamin Barois , le 17 novembre 2025 - 7 minutes de lecture
Kate Walker et Oscar en gros plan devant Valadilene avec le titre Syberia Remastered marqué devant

Syberia est ma licence de cœur, depuis toujours. L’œuvre de Benoit Sokal m’accompagne depuis sa sortie et la perspective de revoir Kate Walker avec des graphismes next-gen m’a enchanté au plus haut point. Mais le studio de développement Microids n’existant plus, la tâche de remasteriser ce chef d’œuvre a été incombée à Virtuallyz Gaming. Voyons ce que ça donne.

Bonjour, Kate Walker

Passons par une petite présentation de l’univers Syberia et ses suites, avant de placer un mot sur le scénario. Il s’agit donc d’un univers original créé par Benoit Sokal, se situant dans le même univers que l’Amerzone. Les deux licences se répondant, notamment avec le remake récent de l’Amerzone où il était possible d’appeler le cabinet d’avocats de Kate Walker. Mais bref : le titre compte 4 itérations jusqu’à maintenant, Syberia, Syberia 2, Syberia 3 et Syberia : The World Before, répartis sur 23 ans.

Kate Walker et Oscar côte à côte dans le train de Syberia

Ce premier Syberia est la pierre fondatrice d’un univers aussi poétique que bucolique à parcourir. On y incarne Kate Walker, une avocate américaine qui se rend dans un petit village des Alpes, Valadilene, afin de signer la vente d’une petite usine d’automates locales à un grand groupe. Mais une fois sur place, Kate fait deux découvertes : Anna Voralberg, l’actuelle propriétaire, est décédée juste avant son arrivée. Et il y a un autre héritier, Hans Voralberg, créateur des automates les plus originaux, qui a disparu dans la nature depuis des années.

Kate se fait fort de retrouver Hans et se fait accompagner d’Oscar, un automate conducteur d’un train mécanique. Avec lui, vous allez traverser divers paysages et découvrir l’impact d’Hans et des automates Voralberg à travers des paysages pittoresques, à l’univers bien marqué. Notez que ce premier volet de Syberia est à voir comme un diptyque avec sa suite, qui voit l’accomplissement de ce grand voyage. Syberia premier du nom est sorti en 2002 sur PC, puis sur PS2 et même sur DS et smartphone. Le voici de retour sur PC, PS5 et Xbox Series dans une version estampillée “Remastered”.

Un Syberia Remastered qui fait les choses à moitié

En lançant Syberia Remastered, pas de doute, il y a eu un vrai travail, notamment sur les décors. Valadilene, Barrockstadt et les autres décors n’ont jamais été aussi beaux. On sent que le titre utilise le moteur de L’Amerzone et de The World Before, et chaque plan est une vraie carte postale et une invitation à la capture d’écran. Même le son a eu droit à son petit lifting, mais ne vous attendez pas à de nouvelles lignes de dialogue, il faudra se contenter du casting originale, l’extraordinaire Françoise Cadol en tête.

Kate Walker court sur une muraille avec en paysage les ruines de Barrockstadt dans Syberia

La musique est toujours aussi envoûtante même si, avec le recul et les années, on se rend compte que les thèmes sont moins diversifiés que dans les derniers jeux, dont la BO est signée Inon Zur. Toutefois, les compositions s’intègrent bien à l’aventure et participent à l’immersion dans l’univers de Syberia. Notez que le jeu est intégralement doublé en VF, pour notre plus grand plaisir.

Là où ça commence un peu se gâter, c’est sur la modélisation 3D des personnages. Leurs traits sont affinés depuis la version de 2002, pas de doute. Mais comme ils conservent les mêmes animations qu’à l’époque, il y a comme un décalage entre leur aspect et leur comportement. Ce qui nous fait lever le sourcil sur cette appellation de Remastered. Ce n’est pas un Remake, c’est sûr, mais un petit effort aurait pu être fait de ce côté-là.

Quelques petites nouveautés dans les énigmes de Syberia

Syberia est un point’n’click à la base, qui se joue à la souris. Pour cette version Remastered, on passe à un contrôle total de Kate Walker. Elle peut marcher et courir dans les environnements extérieurs, ce qui est parfois frustrant quand on aimerait qu’elle aille un peu plus vite dans un bâtiment. Mais bon. La caméra reste fixe la plupart du temps et suit notre héroïne dans certains plans, de ce côté-là il n’y a pas de soucis.

Kate Walker parle avec Boris dans Syberia

Qui dit point’n’click dit énigme et chasse au pixel. Si c’était le cas dans la version originale, ici il y a eu quelques édulcorations. Les développeurs ont légèrement modifié certaines énigmes, pour les rallonger un peu (mais il n’y a rien de sorcier). Ou en les facilitant, en enlevant certaines étapes, sûrement jugées trop fastidieuses. On pense à cette énigme où il faut confectionner un cocktail particulier et regrouper les ingrédients. L’un d’entre eux est du miel qui, dans la version 2002 était cristallisé et qu’il fallait liquéfier en le plongeant dans l’eau chaude. En 2025, ce miel est directement prêt à l’emploi.

On se doute que c’est pour parler aux nouvelles générations, rendre le jeu plus fluide et éviter la frustration, mais c’est un peu dommage, surtout quand on connait le jeu par cœur. Mais si ça permet à un nouveau public de découvrir Syberia, après tout, ça ne fait de mal à personne. Notez qu’il y a aussi un mode de jeu qui affiche des objectifs à l’écran, pour simplifier la réflexion. Le carnet de Kate a disparu, tout comme son GSM des années 2000, pour être remplacé par quelque chose de plus moderne.

L’écueil des cinématiques de Syberia Remastered

On va aborder le vrai point qui fâche de ce Syberia Remastered : les cinématiques. Parce que c’est le plus gros et qu’il nous frappe dès le début du jeu, vu qu’il y en a une. Elles n’ont subi aucun traitement de remasterisation. Pire encore : certaines continuent de s’afficher en 4:3; là où d’autres sont en 16:9. Alors on se doute que ce choix est plutôt une contrainte liée à une question de budget, difficile de penser que c’est délibéré, mais ça fait un peu mal aux yeux. Le léger upscaling pour TV 4K n’aide en rien, et on est contraint de regarder des cinématiques de 2002. Ce qui nous permet de voir l’évolution physique entre la Kate Walker de l’époque et la moderne.

Extrait d'une cinématique de Syberia où Kate Walker regarde une boîte à musique automate où se trouvent les personnages d'Anna et Hans Voralberg

Après, pour qui aime Syberia où les jeux d’aventure à parcourir en se pelotonnant sous un plaid un soir d’automne, ça reste un must. Syberia est un petit bonbon qui se déguste en 5/6 h environ, est vraiment dépaysant, porté par une VF de qualité et un scénario original qui réserve son lot de surprises au fil des épisodes. Difficile de dire s’il sera plus durement jugé par les fans de la première heure comme moi ou par les personnes qui vont le découvrir en l’état.

Syberia Remastered est peut-être un projet qui n’a pas assez d’ambition. Probablement que Microids ne voulait pas trop investir dessus, où qu’ils manquaient du budget. Reste une impression de travail inachevé, fini à moitié. C’est dommage car Syberia est un jeu incroyable qui mérite ses lettres d’or au Panthéon du point’n’click. Donc si vous n’êtes pas trop regardant sur ses quelques défauts, je vous invite grandement à le faire.

Syberia Remastered est disponible en boîte sur PS5 et Xbox Series ou sur le store dématérialisé de ces deux consoles, ainsi que sur PC.

Article publié le 17/11/2025 à 5h35

Benjamin Barois

Rédacteur, traducteur et occasionnellement designer graphique Je joue donc je suis. Ne se prend pas au sérieux depuis 1985. Joue sur : PS5, Switch, 3DS, Vita et retro gaming

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