Ghostwire Tokyo : test du S.O.S Fantômes au Japon
Ghostwire Tokyo est le tout nouveau jeu de Tango Gameworks. Il s’agit d’un studio fondé en 2010 par Shinji Mikami, l’homme à l’origine de la saga Resident Evil. Son nouveau studio est connu pour avoir développé les deux The Evil Within. Et il revient aujourd’hui pour un titre à l’ambiance purement japonaise afin de nous faire frissonner grâce au folklore local.
Ghostwire Tokyo ou la fin du monde version nippone
Au tout début de Ghostwire Tokyo, le joueur incarne Akito. Un jeune homme qui vient de se faire renverser par une voiture alors qu’il se rendait à l’hôpital pour voir sa sœur. Mais Akito est ramené à la vie par l’esprit de KK, un mystérieux détective qui cohabite dans le corps du jeune homme. Cette colocation forcée permet à Akito d’utiliser des pouvoirs psychiques qu’il développera au fil du jeu, mais nous reviendrons là-dessus.
Cet événement coïncide avec l’apparition d’une brume fantomatique qui vaporise 99% de la population mondiale. Les chiens et chats sont épargnés. En revanche, un portail a été ouvert et laisser passer les Yokai, Kappa et autres créatures culturelles de la mythologie japonaise. Avec eux, les Visiteurs, d’étranges fantômes sortis tout droit des films d’horreur japonais qui vous foncent dessus dès qu’ils vous voient.
Ce chaos a été provoqué par Hannya, un homme masqué qui cherche à ouvrir un pont entre ce monde et celui d’après. Il pense qu’en sacrifiant suffisamment d’âme il parviendra à maîtriser la résurrection. Vous l’aurez compris, le but d’Akito et KK, le détective, sera de sauver un maximum d’âmes dans un Tokyo désertique. De découvrir qui est Hannya et quel est son but ultime. Enfin, d’en apprendre plus sur le mystérieux KK et l’origine de vos pouvoirs.
Un FPS classique sous un vernis clinquant
Ghostwire Tokyo est un FPS sans arme à feu. Une fois KK dans votre corps, vous allez maîtriser l’utilisation de jutsus vous permettant de terrasser les Visiteurs. En effectuant des gestes avec les mains, vous allez pouvoir lancer des sorts d’air, d’eau ou encore de feu. Le but : exposer le cœur des Visiteurs à l’air libre afin de s’en emparer pour les purifier et les faire disparaître.
On se promène donc dans un Tokyo complètement désert et à la limite du photoréalisme. Et on tombe de temps en temps sur des Visiteurs, de gentils Yokai, des Kappa à capturer ou à faire disparaître. De nombreux chats et chiens peuplent également la ville, les premiers servant même de marchands. Lorsque vous allez tuer des Visiteurs, vous allez récupérer de l’XP servant à améliorer la puissance, la vitesse et la portée de vos sorts.
Et vous allez aussi trouver/gagner de l’argent afin d’acheter des consommables pour regagner de la vie. Ou des katashiro, des petits mannequins de papier qui servent à sauver les âmes des humains. Katashiro qu’il va falloir aller “décharger” dans des cabines téléphoniques afin de pouvoir continuer de les utiliser. Tokyo est vaste et vous allez débloquer ses zones visitables petit à petit afin d’en découvrir les moindres ruelles.
Une exploration pas si libre que ça
La map de Ghostwire Tokyo est plutôt grande. Et si le jeu est vendu comme un monde ouvert, ce n’est pas totalement le cas. En effet, le brouillard mortel bloque certains quartiers. Et pour les débloquer il va falloir aller purifier des temples. Généralement ceux-ci sont gardés par des armées de Visiteurs qu’il va falloir affronter. Mais leur libération vous octroie, en plus de l’XP, un bonus comme un chapelet. Porté au poignet, ce dernier permet de renforcer l’attaque d’un certain type.
Il y a énormément de choses à faire dans Ghostwire Tokyo, mise à part la quête principale. Il y a les quêtes secondaires, bien sûr. Très prenantes et mettant à chaque fois en avant un défaut de la société japonaise, exacerbé au point d’être devenu une malédiction à éradiquer. Mais il y a aussi un Yokai dans chaque quartier à capturer, des statues à trouver pour y prier et augmenter nos stats, des tanukis cachés dans le décor, des objets à trouver pour les chats/vendeurs. Et bien sûr les âmes à sauver. Il y en a plus de 240 000 en tout. Mais rassurez-vous, vous les libérez par paquet de 100 ou 200. Mais cela reste une entreprise relativement longue.
Au fil de l’histoire vous allez donc découvrir plusieurs quartiers de Tokyo, avec des Visiteurs toujours plus puissants et des boss à faire frémir. Toutefois, Ghostwire Tokyo n’est pas un jeu d’horreur à la Resident Evil ou The Evil Within. Les Visiteurs, passée la surprise de leur première rencontre, ne font plus peur. Seuls les boss surprennent par leur apparence et peuvent provoquer le malaise. Mais il n’y a pas de jump scares ou apparition vraiment effrayante, si c’est cela qui vous rebute.
Une DA des plus soignées
Ghostwire Tokyo est très beau. Certes, il ne se déroule que de nuit, mais les enseignes lumineuses, les néons qui claquent et les couleurs qui éclatent quand vous lancez vos sorts jurent totalement avec la noirceur ambiante. D’ailleurs le jeu joue beaucoup avec cette ambivalence typiquement nippone. D’un côté une histoire sombre à base de résurrection de morts, de l’autre des tanukis cachés dans le décor ou un fantôme coincé aux toilettes qui vous demande du papier.
Une VF est proposée, mais pour une immersion totale il est recommandé de jouer en VO sous-titré français. D’ailleurs, c’est la configuration que propose de base Ghostwire Tokyo. Si vous ne passez pas par les options vous pourriez même faire tout le jeu sans savoir que le français est disponible. La musique sait se faire discrète dans les moments calmes et dynamiques lors des affrontements. Sans compter tous les petits bruits qui s’échappent des nombreux magasins de Shibuya lorsqu’on passe à côté et qui renforcent l’immersion.
Que retenir de Ghostwire Tokyo ?
Ghostwire Tokyo surprend au premier abord, en proposant un univers contrasté ou le photoréalisme côtoie le surnaturel. Le sombre est avec le chatoyant. La mort marche avec l’absurde. La multitude de choses à faire dans cette ville qui s’explore aussi bien au sol que dans les airs (Akito débloque très vite la capacité de planer quelques secondes) fait que l’on ne s’ennuie véritablement jamais. On prend même plus de plaisir à faire les à côtés que la quête principale. D’ailleurs lorsqu’on revient sur les rails de l’histoire, on se demande souvent ce qu’on devait faire.
Mais si on se pose quelques minutes et qu’on réfléchit, Ghostwire Tokyo est pour finir un jeu tout ce qu’il y a de plus classique. C’est un FPS lambda avec son lot de quêtes FedEx, les points d’observation à trouver pour révéler la map. Avec des particularités géographiques selon les quartiers (magasins, gare, parc, habitations). Et tous ses collectibles à récupérer. Mais qu’importe ! La recette fonctionne très bien, on se prend au jeu et on aime se promener dans ces rues désertes et inquiétantes.
Ghostwire Tokyo a su recouvrir ses mécaniques classiques avec un voile nippon de très bonne qualité. L’histoire se parcourt sans déplaisir sans être inoubliable. Mais tout ce qu’il y a autour, l’atmosphère, l’ambiance, le décorum : c’est pile poil ce qu’il fallait au jeu pour se démarquer de la concurrence. Donc on y plonge corps et âme pendant les 10/12h que demande la campagne principale. Les plus acharnés y passeront le triple afin de tout récupérer.
- L'ambiance japonaise et les monstres
- Le côté décalé du jeu
- Il y a toujours quelques choses à faire
- Système de combat original
- Finalement des mécaniques très classiques
- Plus de 240 000 âmes à sauver...
- Redondant à force
Ghostwire Tokyo est une très bonne surprise. Ne prenant pas le parti de l’horreur pure et s’ouvrant ainsi un plus large public, il offre une aventure convaincante dans un Tokyo vidé de tout habitant. L’ambiance pesante et glauque qui règne sur la ville, avec les yokai et les vêtements vides au sol (rappelant le passage de Cell dans Dragon Ball) est contrebalancée par des à côtés tout aussi colorés. L’équilibre est cependant bon et ces passages nous offrent des bouffées d’air frais avant de replonger dans le scénario, sombre à souhait, qui vous entraînera pendant une dizaine d’heures en quête de vérité.