Test de The Dark Pictures Anthology : Man of Medan sur PS4 : l’histoire d’un naufrage
- Editeur:Bandai Namco Games
- Developpeur:Supermassive Games
- Supports:PC, Playstation 4, Xbox One
- Genres:horreur
- Nombre de joueurs:1-5 en local, 2 en coop
- Date de sortie:30 août 2019
Après les succès de Until Dawn et son spin-off en VR Blood Rush, les développeurs de Supermassive Games se sont lancés dans un projet ambitieux. Il a pour nom The Dark Pictures Anthology et compte proposer comme son nom l’indique une anthologie de l’horreur en jeux vidéo en revisitant dans chaque titre un environnement culte de la culture horrifique. Man of Medan est le premier titre de ce projet et prend comme point de départ la légende urbaine du bateau fantôme S.S. Ourang Medan dont tout l’équipage a été retrouvé mort avec des expressions de peur figées sur leur visage. Le jeu en vaut-il la chandelle ?
Ohé ohé capitaine abandonné
Revenons rapidement sur cette histoire et la notion de légende urbaine qui entoure le S.S. Ourang Medan. Selon plusieurs sources, ce navire (dont on a aucune trace) aurait mouillé quelque part au large des Philippines vers 1947 avant de devenir un vaisseau fantôme suite à la mort, présumée, de tous les membres de son équipage. C’est là le point de départ de Man of Medan qui est la traduction littérale de Ourang Medan, le nom du bateau. D’ailleurs, le jeu s’ouvre sur un prologue mettant en scène deux marins travaillant sur le Medan et se trouvant à son bord la nuit où tout son équipage fût tué.
Petite ellipse temporelle pour se retrouver de nos jours afin de découvrir les cinq protagonistes de l’aventure, dont Shawn Ashmore, acteur aperçu dans Quantum Break, une exclusivité Xbox ou au cinéma dans la saga X-Men où il campe Iceberg. Nos amis embarquent sur un petit bateau de plaisance afin de partir à la chasse à l’épave et passer un bon moment. Mais voilà, ils vont se faire aborder par une bande de pirates qui les mèneront tout droit sur le Ourang Medan qui passait par là. Voilà pour les grandes lignes du scénario, nous n’en dévoilerons pas plus afin de ne pas gâcher les quelques révélations que réserve le jeu.
L’horreur en mer
Le jeu se présente, logiquement, comme Until Dawn ou plus récemment et dans une moindre mesure comme Detroit : Become Human. Par ailleurs, vous dirigez votre personnage dans le décor où vous pouvez interagir avec certains objets, les prendre, les regarder et discuter avec vos amis. De plus, vos choix de dialogues influent sur les comportements de chacun et même parfois sur l’histoire en elle-même et sur le destin des héros. Au nombre de 5, il est tout à fait possible de finir avec 0 survivant si vous faites les mauvais choix ou si vous ratez quelques QTE. Eh oui, elles aussi sont de la partie et constitue le cœur des phases d’action. Rien de nouveau sous le soleil, il suffit d’appuyez sur le bon bouton au bon moment pour réussir. Mais nous reviendrons sur ce point un peu plus tard.
Aussi, le jeu mise beaucoup sur les jump scares, ces moments où, quand tout paraît relativement calme, une image apparaît soudainement à l’écran à grands renforts d’effets sonores pour faire sursauter le joueur. Il faut avouer que certains sont bien placés et fonctionnent bien, tandis que d’autres font un flop. D’ailleurs, ils sont tellement utilisés qu’au bout d’un certain temps l’on sent arriver ces derniers. Ce qui nuit à l’effet de surprise. Et sur un jeu dont la durée de vie pour une run n’excède pas les 4h, ce n’est pas peu dire. Heureusement le titre propose une bonne rejouabilité, ne serait-ce que pour essayer d’amener tout le groupe en vie à la fin du jeu ou encore pour trouver tous les objets du jeu. Certains sont des documents et d’autres sont des prémonitions qui vous montre ce qui peut arriver. A vous de déduire ce que vous pouvez faire pour éviter ça.
Techniquement, ça prend l’eau
Un des autres points fort du jeu c’est sa façon de le parcourir. En effet il existe trois façons de jouer à Man of Medan. La première est en solo. Vous incarnez tour à tour les différents personnages et devez prendre les décisions qui s’imposent dans les moments cruciaux. Classique. La deuxième c’est à deux en coop’ en ligne. Plus sympa, elle permet à un des deux joueurs de découvrir un pan entièrement nouveau de gameplay avec des actions et des points de vue inédits. En effet il arrive souvent que le groupe se sépare pour explorer/fuir et si en solo on ne qu’une partie de ce qui est fait, là on en découvre l’envers du décor dirons-nous. D’autant plus que certains personnages voient des choses que les autres ne voient pas. Ce qui donne des moments très drôles où la personne avec qui vous jouez sursaute au micro alors que vous ne voyez pas pourquoi et vice versa. Enfin, un troisième mode en coop’ canapé permet à cinq joueurs de profiter de l’aventure, chacun incarnant un personnage en se passant la manette à tour de rôle. Bien sûr rien ne vous empêche de faire ce mode là tout seul afin de jouer tous les personnages.
Partons maintenant de la technique du jeu, le domaine qui met vraiment en colère. Commençons avec la partie que nous avons fait en solo. Pour des raisons de place, le jeu était installé sur un disque dur externe mais cela ne justifie pas tous les chargements de textures dont nous avons été victime. Lors de chaque changement de plan, il y a une bonne grosse seconde durant laquelle l’image est particulièrement laide. Avant que les textures ne se décompressent et apparaissent correctement à l’écran. Et du coup chaque changement de plan est également accompagné d’un micro-freeze de l’écran très désagréable qui nous sort complètement de l’action.
Et en coop’ le phénomène ne s’améliore pas. Le jeu n’arrête de saccader, le nombre de FPS descend souvent très bas et pire : cela a une incidence sur le jeu puisque souvent les QTE n’apparaissent que trop tard pour les exécuter correctement. Plusieurs personnages passent malheureusement de vie à trépas à cause de cela. Et c’est très dommage car cela ressort le joueur du jeu et le frustre. Chose qui ne donne pas envie de recommencer le jeu ou même de le continuer. Néanmoins, le soft reste plaisant et quelques bonnes idées sont stipuler. En revanche, affiche une technique à ce point à la ramasse est inexcusable en 2019. En plus le jeu en version numérique pèse 50 go sur PS4, c’est plus que le dernier God of War, et pourtant il arrive à ramer comme c’est pas permis.
Un peu de douceur
Terminons quand même sur une note positive à propos de Man of Medan. Le titre dispose de quelques bonnes idées, comme la présence du conteur, un peu comme dans Les Contes de la Crypte, qui vient ponctuer l’aventure par ses interventions sur votre progression. Il peut même parfois vous donner des conseils et, si vous ouvrez l’œil pendant le jeu, il apparaît même parfois dans l’aventure, au fond. Véritable personnage méta, il est en plus doublé en français par Benoit Allemane, le comédien qui double notamment Morgan Freeman.
D’ailleurs précisons que le jeu est entièrement doublé en VF et que le jeu des acteurs est plutôt de bonne qualité. Les personnages en eux-mêmes sont très stéréotypés mais ça fonctionne grâce au jeu des doubleurs qui y mettent du sien. Il y a parfois quelques loupés comme par exemple une cut scene ou nos héros découvrent un cadavre lors d’un jump scare. Puis, lorsque vous reprenez le contrôle, ils déambulent tranquillement dans les coursives du Medan en plaisantant.
Bref Man of Medan n’est pas parfait, loin de là. Ceci étant dit, il pose les bases d’une œuvre ambitieuse (si elle voit le jour) qui devra compter huit jeux en tout, à un rythme de sortie de deux par an. Le prochain a d’ailleurs été teasé cette semaine et s’appellera “Little Hope”. Le jeu a une dimension coop plutôt sympa même si les bugs graphiques viennent lui faire du mal. Espérons que le jeu soit suffisamment patché dans les jours à venir car pas certains que les joueurs de la première heure y revienne dans quelques semaines pour se refaire une petite frayeur.
- Un concept sympa à 5
- Une bonne rejouabilité
- Le conteur,une bonne idée
- Les texturent qui décompressent en permanence
- Le freeze entre chaque plan
- Le lag en coop' en ligne
- Les personnages féminins ont trop de dents
En l’état, Man of Medan peut s’avérer décevant. Court sur une seule run (comptez 4h), il ne doit son salut qu’à sa rejouabilité à plusieurs. Faible techniquement, il prend une place énorme sur le disque dur pour afficher des saccades, des freezes et du lag. Et c’est dommage car sur le papier la promesse est plutôt bonne, surtout si on a encore Until Dawn en tête.
Malheureusement le jeu souffre également d’un manque de rythme avec une scène d’exposition trop longue et un passage sur le bateau fantôme trop court. Les mécaniques de peur sont toujours les mêmes et au bout de quelques-unes, l’ on devine d’où ils vont venir. On se consolera en le ressortant lors d’une soirée entre amis, de préférence néophytes dans le genre, qui sursauteront à tout moment, déclenchant alors l’hilarité générale. Une bonne expérience interactive entre amis dont on espère que les développeurs tireront des leçons pour le futur.