Akira-Toriyama TV, séries, ciné

Hommage à Akira Toriyama (1955 – 2024) : l’ascension du père de Dragon Ball !


Le 1er mars 2024, le monde du manga a perdu une de ses plus grandes légendes, Akira Toriyama. Créateur de séries emblématiques telles que « Dragon Ball » et « Dr Slump », Toriyama a laissé une marque indélébile dans le cœur de millions de fans à travers le globe. Son décès, suite à un hématome sous-dural aigu à l’âge de 68 ans, nous rappelle non seulement la fragilité de la vie, mais également l’immense héritage qu’il laisse derrière lui.

Akira Toriyama : de la publicité aux mangas

Avant d’embrasser la voie qui le mènerait à devenir une icône du manga, Akira Toriyama a vécu des débuts professionnels modestes, éloignés de l’univers des mangas. Originaire de Nagoya, il a d’abord investi son talent dans le dessin comme illustrateur pour une agence de publicité, une période pendant laquelle le dessin n’était pour lui qu’un passe-temps.

Dragon Ball : comment la saga a-t-elle évolué avec le temps ?

Cette passion latente pour le dessin s’est avérée être son véritable appel. Dans un entretien révélateur, Toriyama a confié qu’il ne se sentait véritablement compétent que dans cet art. Malgré un talent indéniable, son passage dans l’agence a été marqué par des défis, notamment sa propension à arriver en retard et ses difficultés à s’adapter aux exigences d’un emploi traditionnel. Toriyama est connu pour sa procrastination, ce qui ne l’empêchait pas de rendre ses planches à temps. Cela l’a finalement conduit à quitter ce milieu pour poursuivre sa passion pour le manga.

La période de crise

Après avoir quitté son emploi, Akira Toriyama traverse une période de grande précarité. Sans travail et avec peu de ressources financières, il se retrouve à dépendre de l’aide de sa mère pour des besoins élémentaires comme le café et les cigarettes. C’est dans ce contexte difficile qu’il découvre par hasard un concours de manga organisé par le magazine Shonen Jump, le « Hop Step Award », avec une prime de 500 000 yens.

Malgré son manque d’intérêt antérieur pour le manga, qu’il n’avait lu qu’à l’école primaire, Toriyama décide de participer. Il y voit une possible échappatoire à sa situation. Ses premières soumissions, « Awawa World » et « Mysterious Rain Jack », sont loin de rencontrer le succès espéré et échouent à impressionner les juges du concours.

La persévérance de Toriyama est toutefois récompensée lorsque Kazuhiko Torishima, un éditeur de Shonen Jump, lui envoie un télégramme l’encourageant à ne pas abandonner et à le contacter. Ce message, bien que faisant partie d’un protocole habituel pour encourager les talents prometteurs non primés, marque un tournant dans la vie de Toriyama. Malgré cela, ses efforts continuent d’être confrontés au rejet. Il faudra encore deux ans de travail acharné avant la publication de « Wonder Island ». Ce dernier, à son tour, ne remporte pas le succès escompté. Cette série d’échecs culmine avec une année entière de projets refusés, y compris « Today’s Highlight Island ».

Dr Slump : le début du succès de Toriyama en 1980

Toriyama, outre sa procrastination, se distingue aussi par son obstination à réussir. Il commence à apercevoir la réussite, en 1980, avec « Dr Slump ». Ce manga paraitra dans le Weekly Shōnen Jump jusqu’en 1984. La série, de 18 tomes, avait atteint les 1,5 million de ventes par semaine, confirmant la réussite d’Akira Toriyama.

« Dr Slump » se distingue par son humour, sa critique sociale et son exploration des inventions farfelues. Akira Toriyama jongle avec ses blagues tout en abordant des thèmes comme l’amitié et l’amour. Cette série remporte le prestigieux prix Shōgakukan en 1982, soulignant son impact et son originalité. « Dr Slump » reste une œuvre fondamentale dans la carrière d’Akira Toriyama. Elle posera non seulement les bases de ce qui sera le véritable phénomène « Dragon Ball », et a permis au mangaka de devenir la 35e personne avec le meilleur revenu au Japon.

Dragon Ball : la route vers le succès d’Akira Toriyama

Alors que « Dr Slump » cartonne encore, Akira Toriyama devait trouver un successeur à son œuvre. Il cherchait un concept plus durable, autre que la suite de petite histoire courte, et qui surpasserait le succès d’Aralé et ses amis. Il cherchera pendant quatre ans. « Dragon Ball » arrivera en 1984. Le premier chapitre parait dans le Shōnen Jump n51. La série débutera modestement. Loin d’être un carton, Toriyama a opéré quelques changements pour capter les lecteurs.

« Dragon Ball » va alors fusionner l’humour caractéristique d’Akira Toriyama avec des arcs narratifs épiques centrés sur les arts martiaux et les quêtes héroïques. Le mangaka intègre alors dans « Dragon Ball » l’essence de l’humour qui a fait le succès de « Dr Slump », tout en développant une histoire beaucoup plus longue et complexe. Cette combinaison s’avère gagnante, et « Dragon Ball » devient rapidement un phénomène mondial.

L’introduction du Tournoi Tenkaichi Budokai, un tournoi d’arts martiaux, et l’inspiration tirée des films de Jackie Chan donnent à « Dragon Ball » une dynamique unique qui captive le public. Malgré un début incertain où la série a failli connaitre un échec, l’orientation vers les combats d’arts martiaux propulse « Dragon Ball » vers un succès sans précédent.

La série s’est finalement établie comme une référence du manga, influençant de nombreuses générations de créateurs et de fans. La France accueille la série animée dans le Club Dorothée. Le jeune Son Goku sera toutefois initialement éclipsé par « Les Chevaliers du Zodiaque ».

Dragon Ball Z : le génie d’Akira Toriyama ?

Avec « Dragon Ball Z », Akira Toriyama élève son œuvre au rang de mythe. Cette série débute en tant qu’adaptation animée des aventures de Goku adulte. Bien qu’elle perpétue l’esprit de « Dragon Ball », elle approfondit la narration et en élargissant considérablement l’univers de la saga. La transition de Goku de l’enfance à l’âge adulte permet à Toriyama de complexifier les enjeux des combats. Les lignes deviennent plus matures. Les adversaires deviennent toujours plus puissants et les batailles dépassent l’entendement, marquant ainsi un tournant dans le genre.

Mais pour faire grandir Son Goku, Akira Toriyama a dû batailler avec ses éditeurs. Il a même menacé d’arrêter la série s’il ne disposait pas de cette liberté créative. De là, le phénomène devient planétaire. Le manga connait alors son apogée avec « Dragon Ball Z ». Outre la version papier, Dragon Ball se décline dans une large variété d’adaptations. Anime, jeux vidéo, et malheureusement un film qu’on aimerait aussi oublier.

L’histoire d’Akira Toriyama va influencer de grands mangakas, mais surtout, marquer la Pop Culture. De nombreuses générations auront lancé des Kamehameha dans les cours de récréation, et parler des transformations de Goku et de ses amis. Eiichiro Oda (« One Piece ») et Masashi Kishimoto (« Naruto ») voient en Toriyama une source d’inspiration majeure.

Les autres projets de Toriyama

Au-delà de ses séries emblématiques « Dr Slump » et « Dragon Ball », Akira Toriyama a enrichi l’univers du manga et du jeu vidéo avec plusieurs projets notables.

Parmi eux, « Cowa! », un manga captivant sur les aventures surnaturelles d’un jeune garçon et d’un vampire. Dans « Kajika », il explore le thème de la rédemption à travers un garçon pouvant se transformer en animal. « Sand Land » raconte la quête d’eau dans un désert dystopique. Toriyama a également marqué le jeu vidéo avec son design de personnages pour « Dragon Quest », « Chrono Trigger », et « Blue Dragon », prouvant sa polyvalence créative et son impact durable sur ces médias.

Akira Toriyama, une légende discrète

Akira Toriyama, malgré son statut de légende dans l’univers du manga, est resté une figure éminemment discrète tout au long de sa carrière. Reclus dans sa ville natale, Nagoya, il a rarement fait des apparitions publiques. Le génie préférait la tranquillité de sa vie privée à la célébrité, ce qui transparait jusqu’à son départ.

Cette discrétion n’a pas empêché son influence de traverser les frontières, marquant profondément la pop culture mondiale. Toriyama a toujours privilégié la simplicité et l’authenticité, se concentrant sur son travail plutôt que sur la notoriété. Son héritage, riche et diversifié, continue de vivre à travers les générations, faisant de lui une figure indélébile de la culture manga.

Article publié le 12/03/2024 à 6h16