Test

World’s End Club : test du visual novel holistique sur Switch


Fiche jeu

Sorti sur Apple Arcade en septembre 2020, World’s End Club débarque le 28 mai sur Nintendo Switch. Ce visual novel s’est dévoilé lors d’un Nintendo Direct en février 2021 était très alléchant sur le papier. En effet, développé par Too Kyo Games et Grounding Inc., il a à son générique des noms prestigieux. On y retrouve notamment Kotaro Uchikoshi, scénariste sur les Zero Escape. Mais aussi Kazutaka Kodaka, scénariste de Danganronpa. Ou encore Takumi Nakazawa qui a travaillé sur Infinity. Autant dire qu’il y a du beau monde. Et nous y avons plongé tête la première.

World’s End Club : Vanilla-ha-ha-ha

Tout commence en 1995. Un bus contenant 11 élèves qui se surnomment Le Club des Battants, est en route pour une sortie de classe. Soudain, quelque chose s’écrase à l’horizon et provoque une explosion énorme. Puis c’est le trou noir. Nos amis se réveillent ensuite dans un aquarium abandonné et constate qu’ils ont tous un bracelet au poignet. Sur celui-ci est inscrit une mission, mais il s’agit de celle d’un autre.

Une créature apparaît et vous explique les règles de ce jeu de survie. Le but est de trouver votre mission et de l’accomplir. Tout en empêchant les autres de découvrir la leur et de la réaliser avant vous. Un grand classique des visual novel japonais, Danganronpa en premier. Tous les coups sont permis pour y arriver. Et en plus le jeu est chronométré. Si dans une heure il ne reste pas un seul vainqueur, tout le monde est condamné.

Un début très classique donc. On retrouve le groupe d’élèves avec ses stéréotypes (parfois trop forcés). Le sportif un peu idiot, le taiseux ténébreux, le petit gros qui ne jure que par la nourriture, le geek, la scientifique, etc. Du côté des méchants, on est aussi en terrain connu. Une mascotte mi-mignonne mi-terrifiante, à l’image de Monokuma dans Danganronpa (encore !). Et c’est quand on pense être à l’aise dans ses chaussons que le jeu nous fait un joli pied de nez !

Les apparences sont trompeuses

Le début du jeu, qui fait également office de démo jouable gratuitement sur l’eshop, est en fait totalement trompeur. Les développeurs se sont amusés à instaurer tous les codes du visual novel de survie pour bien nous piéger. Après un twist dont nous ne vous révélerons pas la teneur ici, vous vous retrouvez à l’extérieur de l’aquarium.

Le monde semble différent, il n’y a quasiment plus âme qui vive. De grands X flottent dans le ciel, mais pas tout le monde est capable de les voir. Et surtout : vous êtes à 1200 km de Tokyo, soit votre point de départ. Pourquoi ? Comment ? Vous n’en savez rien mais vous décidez de rentrer à la maison à pied. Le jeu entame donc sa “vraie” phase de gameplay qui s’apparente à un road trip à travers tout le Japon.

Lors de ce voyage, vous aurez trois phases différentes de jeu. Vous pourrez soit faire une phase d’action. C’est-à-dire diriger un personnage directement. Là, vous verrez que chaque phase d’action se concentre sur un personnage et l’aptitude qu’il développe au fil du temps. Le tout accompagné la plupart du temps d’un combat de boss qui permet de tester vos nouveaux pouvoirs. Il y a ensuite les phases d’histoire. Là il s’agit de faire défiler du texte, des dialogues, afin de faire avancer l’histoire. Enfin, viennent les phases de camping. Vous pourrez parler à tous ou une partie des personnages afin d’en apprendre plus sur eux et les liens qui les unissent.

Un voyage à plusieurs chemins

À plusieurs reprises lors de votre voyage, vous aurez le choix de partir dans telle ou telle direction. À vous de faire selon votre cœur, sachant que vous ne pourrez pas revenir en arrière avant la fin du jeu. Et si vous voulez avoir le fin mot de l’histoire, ce sera obligatoire. En effet, il faudra prendre tous les embranchements scénaristiques afin de débloquer la vraie fin.

Le scénario est suffisamment prenant pour qu’on s’y accroche jusqu’au bout, d’ailleurs le jeu n’est pas franchement très long. Comptez environ cinq heures pour atteindre la première (et “mauvaise” fin). Rajoutez trois heures supplémentaires pour faire les segments qui vous manquent et avoir le tableau dans son ensemble. Enfin, les complétistes pourront se rajouter une ou deux heures de jeu en plus afin de ramasser toutes les cartes à collectionner dispersées dans le jeu.

Nous sommes donc face à une expérience d’une petite dizaine d’heures grand max, ce qui est bien en deçà des classiques du genre qui nous habituent plus à 25/30h de jeu. Mais World’s End Club bénéficie de son format condensé pour raconter une histoire sympathique qui contient son lot de twists, rebondissements et révélations. Et parfois, aussi, quelques frustrations.

Un gameplay parfois bancal

Lors des phases d’action où vous dirigez votre personnage, vous allez parfois rencontrer des passages franchement frustrant. Notamment lors d’affrontements avec des ennemis. En effet, quand un personnage aura libéré son pouvoir, vous le contrôlerez le temps d’un niveau pour vous amuser avec. Et, la plupart du temps, vous aurez des ennemis à affronter.

Dans les faits l’idée est bonne, mais dans la réalisation c’est assez frustrant. Il y a une petite latence entre le moment où vous appuyez et où l’action se déclenche. La faute à l’animation du personnage qui prend un certain temps. Mais cela suffit à l’ennemi, la plupart du temps, pour s’approcher de vous et vous tuer. Car dans World’s End Club, pas de barre de vie, on meurt du premier coup. Alors le checkpoint nous ramène juste avant, pas de soucis. Mais il faut un petit temps d’apprivoisement pour trouver le bon timing. Et parfois c’est rageant.

Nous avons dit que l’idée est bonne, mais on aurait aimé aussi qu’elle soit peut-être plus exploitée. Avec, par exemple, la possibilité d’alterner avec les personnages à l’écran afin de combiner les pouvoirs. Malheureusement ce n’est jamais le cas. Et vos acolytes se téléporteront automatiquement à côté de vous lorsque vous aurez passé une énigme grâce à vos pouvoirs. Alors que théoriquement ils n’auraient pas pu. On sent que le jeu, malgré ses phases d’action, est plus à l’aise dans le récit.

Un jeu mignon mais classique

World’s End Club bénéficie d’une direction artistique mignonne et convaincante. Les personnages sont jeunes, ils sont en école primaire. On évite donc tous les sous-entendus sexuels auxquels on pourrait être habitué. Sauf lors d’une séquence assez marrante où un personnage invente une télécommande qu’elle appelle le MEMBRE. Et qu’elle fait, sans le savoir, tout un tas de phrases ambigues avec ce mot devant des adultes qui eux sont forcément gênés.

D’ailleurs le jeu est intégralement sous-titré en français, et ça c’est une chose excellente. Le visual novel se démocratisant de plus en plus chez nous, c’est très bien de le rendre accessible au plus grand nombre en le localisant. Nous avons repéré quelques coquilles par-ci par-là, mais rien de bien méchant ou qui vienne entacher la compréhension du jeu. Bon point pour la musique, également, qui nous plonge bien dans l’ambiance. D’ailleurs dans la boîte de votre jeu vous retrouverez un code pour télécharger une version digitale de la bande-son. Là encore une bonne idée.

Pour conclure, World’s End Club est une prise de risque qui, à nos yeux, paye. Certes, le jeu a quelques défauts, quelques longueurs et des soucis de gameplay. Mais rien que pour le contrepied proposé au début du jeu, on salue la performance et la nouveauté. Là où les jeux qui ont inspiré celui-ci s’arrêtent quand les survivants parviennent à s’échapper de leur jeu mortel, celui-ci nous propose de découvrir l’après. C’est rafraîchissant, et cela permet d’explorer un tout nouveau pan de scénario et questionner l’après. Bref, au Mag Jeux High Tech nous avons été séduit par les quelques heures passées en compagnie de Reycho et ses amis. Certes le jeu n’est pas parfait, mais il sait prendre les risques qu’il faut pour progresser du bon côté. Si suite il y a, on l’attend de pied ferme.

Points positifs

  • Le jeu nous prend en contrepied total
  • L'histoire recèle son lot de révélations et rebondissements
  • La DA est très mignonne
  • Les prises de risques
  • Intégralement sous-titré en français

Points négatifs

  • Les phases d'action manquent de pep's
  • On meurt facilement et trop souvent
  • Un peu court

Note

Graphismes 74%
Bande-son 74%
Prise en main 68%
Plaisir de jeu 73%
Durée de vie 49%
Conclusion

World’s End Club nous surprend à plus d’un titre. La communication pré-release nous présentait un énième jeu de survie par les créateurs, entre autres, de Danganronpa. Le joueur rompu à l’exercice s’attendait donc à passer quelques heures en compagnie d’un groupe d’étudiants devant s’entretuer jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un. Ou que le petit groupe de survivants final ne s’échappe. Et si la première heure (qui fait office de démo) semble abonder dans ce sens, le jeu prend un virage inattendu au terme de celle-ci. Commence alors un road trip à travers tout le Japon durant lequel va se dérouler toute la trame scénaristique. Des choix permettent de prendre différents embranchements afin de découvrir les différentes fins disponibles. Et pour avoir la vraie fin, il faudra tous les prendre. Cela assure une certaine rejouabilité au titre qui, sinon, se boucle en 5/6h pour finir le premier arc. Malgré quelques longueurs et un gameplay lors des phases d’action pas toujours au point, on passe un agréable moment avec le Club des Battants, qu’on aimerait bien retrouver bientôt pour de nouvelles aventures.

Note finale 68% Dépaysant

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