Test de Night in the Woods sur Switch : petit bijou indé
- Editeur:Finji
- Developpeur:Infinite Fall
- Supports:Nintendo Switch, PC, Playstation 4
- Genres:aventure, point'n'click
- Nombre de joueurs:1
- Date de sortie:21 février 2017 (PC, PS4) 1er février 2018 (Switch)
Ah qu’elle est douce l’époque où l’on quitte le domicile familial pour la première fois, en quête de nouvelles aventures. Sauf pour Mae, l’héroïne anthropomorphique de Night in the Woods le premier jeu d’Infinite Fall qui a brillamment réussi sa campagne Kickstarter. En route pour Possum Springs.
Toi toi mon chat
Night in the Woods raconte l’histoire d’une chatte de 20 ans, Mae, qui revient dans sa ville natale de Possum Springs quelques mois seulement après être entrée à l’université. Décrétant que ce n’était pas fait pour elle, elle décide de tout lâcher et revient vivre chez ses parents et espère retrouver sa vie d’avant et tout ce qui va avec. Sauf que les gens changent…
Mae revient donc à Possum Springs et, première déception : ses parents ne sont pas venus la chercher à la gare routière de la ville. Vous voilà donc livrée à vous-même, et le jeu commence par une ballade à pieds à travers la forêt dans ce qui fait office de tutoriel. Une fois chez vous, vous apprenez que vos parents pensaient simplement que vous arriviez le lendemain. Merci papa, merci maman.
Avec cette introduction vous avez le ton du jeu, qui restera le même dans tout le jeu. Un brin de mélancolie, de cynisme et d’amertume sur le passé et le présent, avec une bonne grosse dose d’indécision quant au futur. Lorsque Mae va retrouver ses amis, ceux-ci auront avancé bon gré mal gré dans la vie et travaillent dans les petites boutiques du centre-ville. La ville elle-même est en travaux, encore et toujours.
Alors que votre personnage veut retrouver l’état d’esprit de la ville et de ses proches comme elle l’a laissé en partant, elle va vite se rendre compte que les choses ont évolué. Ses amis ont fait face aux affres de la vie, elle n’a pas forcément laissé un bon souvenir dans l’esprit de certains et même ses parents vont lui dire au bout d’un moment qu’elle exagère un peu de se pointer à la maison comme une fleur alors qu’ils avaient placé leurs espoirs en elle et tout sacrifié pour qu’elle réussisse.
La chatte sur un toit brûlant
Vous allez donc vous promener dans Possum Springs et discuter avec les différents protagonistes afin d’en apprendre plus sur votre ville mais aussi sur vous. Le jeu se présente comme un sidescroller où vous dirigez Mae à travers la ville. Il y a une touche pour sauter et une touche pour interagir et c’est tout. Le gameplay se veut minimaliste mais c’est pour mieux servir l’histoire qui repose beaucoup sur ses dialogues.
Le jeu se déroule en quatre chapitres, chacun d’entre eux étant lui-même découpé en plusieurs journées. Vous allez les vivre en passant voir vos amis et en traînant avec eux, en visitant la ville, etc. C’est très calme, très contemplatif et pourtant on s’immerge tout de suite dans le titre. Tout le monde est attachant, tout le monde a sa petite histoire et ses raisons d’en vouloir à la Terre entière. Même nous en tant que joueur on va avoir nos préférences : on se sentira plus à l’aise avec Angus l’ours débonnaire, Bea qui broie du noir ou Gregg le renard un peu bête…
En choisissant de traîner avec l’un ou l’autre de vos amis, vous mettrez fin à une journée. Vous irez ensuite vous coucher pour recommencer le lendemain. Mais ne vous y méprenez pas, sous l’apparence d’une routine, vous en apprendrez beaucoup sur l’histoire du jeu. Surtout qu’au tout début du jeu votre personnage va trouver un bras humain sur le sol, enclenchant une série d’événements liés aux bois autour de la ville qui sont bien mystérieux…
Bref, vous l’aurez compris Night in the Woods a tout du film/jeu indé ou Mae pourrait être incarné par Michael Cera. Paysages automnales, personnages désabusés et cyniques, dialogues hilarants et vannes bien placés… Le titre est un petit bijou d’humour avec un gameplay simple mais un scénario bien solide que l’on se prend à suivre avec intérêt de bout en bout. Alors certes parfois le jeu nous laisse le choix dans certains dialogues, mais cela n’a aucune incidence sur l’histoire sinon déclencher des réponses différentes. La seule chose c’est qu’il faut quand même parler un anglais correct afin de s’y retrouver un minimum.
Des jeux dans le jeu
Night in the Woods n’est pas seulement généreux qu’avec son histoire, il l’est aussi avec son contenu proposé. En effet, les phases de promenades en ville et de bla bla sont entrecoupées par des petites variétés de gameplay. Ainsi de temps en temps Mae et ses amis se réunissent pour les répèt’ d’un concert qui n’arrivera jamais et c’est l’occasion de jouer à Guitar Hero. Ou plutôt à Bass Hero. Comme vous l’aurez deviné, il s’agit d’appuyer sur les bonnes touches en rythme au fur et à mesure qu’elles apparaissent sur les cordes.
Ce n’est pas tout puisque sur le PC dans la chambre de Mae se trouve un jeu que vous pouvez lancer à tout moment. Il s’agit d’un Zelda-like où vous dirigez un chat armé d’une épée qui va devoir se frayer un chemin dans des donjons jusqu’à affronter le boss de chaque zone. C’est plaisant, il y a quand même dix donjons à explorer donc on peut y passer un sacré bout de temps !
Mis à part ça le jeu est parsemé de petits instants où le gameplay tente de varier afin de nous faire sortir de notre routine. Il y a donc les phases oniriques où il faut retrouver des musiciens éparpillés dans son subconscient. Parfois le jeu vous met un bâton entre les mains et vous pourrez laisser libre cours à vos pulsions destructrices. Une autre fois vous contrôlerez les jets d’eau d’une fontaine pour arroser les passants… Bref le jeu tente de tout faire pour vous retenir un maximum et le pari est réussi.
Sachez qu’en plus le jeu est proposé avec deux chapitres supplémentaires que vous pouvez lancer sur le menu principal : Lost Constellation qui est une histoire de fantôme dans le folklore de Night in the Woods. Et Longest Night, qui est une histoire autour d’un feu de camp développée en seulement une semaine par l’équipe lors d’un événement spécial en 2013.
Ne vous attendez pas à une exploitation des capacités tactiles de la Swtich, le jeu se fait exclusivement avec les joy-cons. Visuellement c’est une réussite, le titre est beau, fluide et les couleurs flattent la rétine. On regrette seulement l’absence de voix doublées, des temps de chargement un peu trop longs et fréquents et du manque de luminosité (même quand celle de la console est poussée à fond) lors des passages oniriques.
Mis à part ça, Night in the Woods est un jeu excellent qui vous fera passer de bonnes heures en sa compagnie et nous ne pouvons que vous le conseiller si vous avez une bonne base d’anglais, si vous aimez les jeux qui parlent, l’humour et le talent.
- L'ambiance mélancolique à souhait
- Le scénario qui se suit avec plaisir
- Les graphismes
- Les mini-jeux
- Trop de temps de chargement
- Les séquences de rêve trop sombres
- Intégralement en anglais
Night in the Woods est un excellent jeu indé qui se parcourt sans ennui. Certes la construction est un peu linéaire mais le scénario est si bien écrit qu’on a envie d’aller au bout. Les personnages, même les plus secondaires, sont immédiatement attachants et on se prend à avoir nos petites préférences quant à qui on veut passer nos journées. Ajoutez à ça des graphismes superbes avec des aplats de couleurs chatoyantes, une bande-son qui se fond parfaitement dans le décor et une durée de vie honnête (7-10h) et on tient là un titre vraiment superbe. En plus l’édition Switch contient des chapitres supplémentaires à parcourir. Attention toutefois, un bon niveau d’anglais est nécessaire pour faire le jeu, celui-ci n’étant pas traduit.